Les cas de coronavirus se sont multipliés en Suisse ce week-end. Quarante-cinq élèves et neuf enseignants dans un lycée technique de Bienne sont mis en quarantaine pendant 15 jours: il s'agit de la première mesure de ce genre prise dans une école.
Tandis que le premier cas de coronavirus était annoncé au Tessin mardi dernier, les annonces se sont multipliées en Suisse depuis jeudi portant à plus d'une vingtaine (23) les cas d'infection au Covid-19 dans près de la moitié des cantons (12) dimanche.
Les Grisons sont en tête avec 6 cas, suivi de Genève (5). En Suisse romande, quatre cantons sur six sont touchés pour l'heure, à l'exception du Jura et de Neuchâtel.
Sans céder à la panique, le gouvernement se prépare à faire face à un large éventail de scénarios. "Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera peut-être plus après-demain", souligne le ministre de la santé Alain Berset dans Le Matin Dimanche. "Il y aura plus de cas, c’est clair", estime-t-il en précisant que le plus important est de contenir l'évolution de l'épidémie.
Dans la SonntagsZeitung, il rappelle qu'il faut suivre les mesures de précaution et d'hygiène, notamment en évitant de se faire la bise. Il faut immédiatement arrêter les poignées de main, selon les nouvelles recommandations que devrait publier la Confédération dans les jours à venir.
Les gens seront invités à diminuer les contacts entre eux, par des mesures de distanciations sociale, précise Daniel Koch, responsable de la division maladies transmissibles de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), à la NZZ am Sonntag. Plusieurs communautés religieuses ont déjà pris des mesures.
Interdiction de manifestation
La mesure annoncée vendredi par le Conseil fédéral d'interdire toutes les manifestations de plus de 1000 personnes a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux pendant le week-end. Cela ne signifie pas que les événements avec 999 personnes ou moins seront autorisés d'office, a relevé samedi Daniel Koch.
Les organisateurs et les cantons sont tenus de peser les risques. Les cantons vont se mettre d'accord sur les critères à appliquer dès lundi.
Ce qui ne sera certainement pas aisé. Le canton de Berne a déjà durci les mesures décidées par le Conseil fédéral. Coire serre aussi la vis: tout rassemblement comprenant plus de 50 individus est interdit, sauf exceptions.
Situation "inquiétante" en Italie
En ce moment, la plupart des cas de coronavirus annoncés en Suisse sont liés à l'Italie, a déclaré Daniel Koch devant la presse samedi à Berne. Mais "il est possible que tous ne le soient pas parmi ceux en cours de validation", a-t-il nuancé. Dimanche, aucune contamination survenue directement en Suisse même n'avait encore été signalée.
Pour le responsable de l'OFSP, la situation en Italie reste "inquiétante", car de nombreux cas n'ont pas été décelés. Une fermeture des frontières n'est pourtant pas à l'ordre du jour, a-t-il insisté tout en soulignant que l'intérieur de la Suisse n'était pas plus protégé contre la maladie que les régions frontalières.
Seniors en première ligne
Il a rappelé que les personnes âgées de plus de 60 ans sont en première ligne avec le Covid-19. Les enfants sont en revanche peu menacés. "C'est la raison pour laquelle nous n'envisageons pas actuellement de fermer les écoles. D'autant plus que si c'était le cas, les grands-parents seraient sollicités pour garder les enfants et c'est ce que nous voulons éviter."
Ce principe ne pourra pas forcément être tenu. Deux classes ont été mises en quarantaine dimanche dans un lycée technique à Bienne: cette mesure concerne 45 élèves et 9 enseignants. Une jeune femme de 21 ans, revenant d’un voyage à Milan il y a une semaine et infectée par le Covid-19, y étudie.
Le haut fonctionnaire a encore demandé à la population de faire preuve de patience et de discernement pour ne pas engorger le système sanitaire qui doit pouvoir se concentrer sur les cas graves. Pour l'instant, il y a assez de tests disponibles.
Pas de pénurie
Pas de signe de pénurie non plus dans les magasins, même si les masques ont disparu depuis longtemps des rayons et qu'il faut parfois se rendre dans plusieurs boutiques avant de dénicher un désinfectant pour les mains. La demande de produits de consommation courante a elle sensiblement augmenté à l'échelle de la Suisse, selon la Migros et la Coop.
Le monde du travail pourrait être impacté. Eric Scheidegger, chef de la direction de la politique économique au secrétariat d'État à l'économie (SECO) a rappelé que des entreprises peuvent faire des demandes d'indemnités pour chômage partiel à la suite de l'épidémie de coronavirus. Plusieurs cantons ont déjà reçu des demandes allant dans ce sens.
Source: ATS