Les citoyens suisses ont accepté dimanche un financement supplémentaire annuel de 2 milliards de francs pour l’AVS. Mais tout le monde semblait d’accord que des réformes structurelles seraient quand même nécessaires en vue de l’augmentation massive du nombre de retraités ces prochaines années.
Oui, tout le monde « semblait » d’accord comme vous dites, parce que cette analyse a dominé les débats ces dernières semaines. Mais la gauche n’est en général pas d’accord, en fait. Elle estime qu’il sera toujours temps d’aviser quand l’AVS sera vraiment en déséquilibre financier. On parle depuis des années de ce moment redouté, mais il ne s’agit encore que de projections. Et les Suisses n’accepteront de vraies réformes que dans l’urgence.
Le Parti socialiste a même lancé une initiative populaire pour une treizième rente AVS.
Oui, sur le modèle des treizièmes salaires. La gauche ne veut pas que l’on touche aux ayants-droits de l’AVS ni à leurs rentes. Elle cherche donc améliorer substantiellement ces rentes avant tout débat sur des réformes structurelles qui iraient dans l’autre sens. C’est-à-dire des reports de l’âge de référence de la retraite, comme le veut la droite en général. Voire des réductions de rente, comme l’envisage même l’UDC.
Hier c’est la fédération des employeurs qui a pris position.
Oui, l’Union patronale suisse. Elle a rappelé que le nombre de pensionnés AVS allait augmenter d’un million ces deux prochaines décennies. Elle préconise donc sans surprise la convergence de l’âge de la retraite des femmes avec celui des hommes, de 64 à 65 ans depuis 2025. Et en 2027, une adaptation générale par rapport à l’espérance de vie. On devine qu’il s’agit d’un relèvement progressif à 66 ans, puis à 67 pour tout le monde.
Avec des mesures pour inciter les séniors à travailler le plus tard possible.
Oui, bien que les entreprises ne soient en général pas très bonnes pour garder ou recruter des anciens. Il s’agirait donc d’augmenter le seuil de revenu mensuel à partir duquel les indépendants doivent cotiser à l’AVS. Même lorsqu’ils sont retraités actifs. Aujourd’hui, c’est 1400 francs. La fédération des employeurs demande que cette franchise soit relevée à 2000 francs.
Ce serait probablement plus symbolique qu’incitatif.
Oui, parce qu’il faudra bien que ce genre de réforme passe en vote populaire, et personne n’ignore la grande difficulté de l’exercice politique. Le symbolique a son importance. Ça explique aussi les délais relativement éloignés. 2025, 2027… Le relèvement de l’âge de la retraite a déjà derrière lui des années de procédures et de débats. Il en faudra encore quelques-unes.
Et puis il y a la question de la flexibilité. Tout le monde ne prend pas sa retraite à 64 ou 65 ans.
Et c’est bien la seule question sur laquelle tout le monde semble d’accord ! Oui, un peu plus à droite qu’à gauche peut-être. Aujourd’hui déjà, plus de 40% des gens prennent leur retraite avant l’âge légal. Et près de 10% après. Alors tout le monde semble d’accord sur le fait qu’une réforme acceptable devra surtout tenir compte de cette réalité.