L’opérateur de téléphonie mobile Salt à Lausanne vient de conclure la vente de ses antennes-relais à un opérateur espagnol. Sunrise avait fait la même chose il y a deux ans. Est-ce que Swisscom va suivre ?
Non, encore que… Il ne faut jamais dire jamais. Mais cette transaction relève clairement de l’opération de bilan. Sunrise et Salt sont des challengers de Swisscom sous pression. Ils ont besoin d’argent pour se désendetter d’un côté et investir de l’autre. Dans la 5G en particulier. Ils cèdent donc des actifs qu’ils ne considèrent plus comme stratégiques. Swisscom a une position de leader parapublic nettement plus confortable financièrement.
Mais les antennes ne sont pas stratégiques dans la téléphonie mobile ?
Si, bien entendu, et l’on se souvient de la compétition entre opérateurs pour une couverture optimale du territoire. Mais ce ne sont que les éléments passifs des antennes qui sont vendues en fait : le site lui-même, que vous avez obtenu et que louez sur un immeuble ou sur un terrain. Le pylône, la maçonnerie sur laquelle il repose. L’alimentation en électricité, qui peut venir de loin. Et pour les grandes intallations, le local technique, la climatisation, les clôtures de protection, la vidéo-survveillance, etc. De la pure logistique en fait.
Alors qu’est-ce qui reste à l’opérateur au juste ?
Eh bien la partie active, la moins visible. L’antenne elle-même, en fait. Toute l’élecronique qu’elle comporte, qui permet à l’opérateur d’exploiter les fréquences qui lui ont été attribuées. Par exemple, on sait que Sunrise a un partenariat avec le groupe chinois Huawei pour équiper son réseau avec de la 5G. Cette partie active n’est pas concernée par la vente au groupe espagnol.
Salt a vendu 2800 mâts d’antennes. Sunrise en avait vendu 2200. Il y a combien d’antennes au total en Suisse ?
Il y a 19 000 emplacements environ, pour 35 000 antennes. Deux fois plus. Ce qui veut dire que des opérateurs peuvent se partager les mêmes pylônes. Mais pas les antennes, puisqu’il s’agit de fréquences différentes.
Il y a donc une antenne pour 230 personnes environ. C’est impressionnant.
Oui, il y a beaucoup d’antennes-relais en Suisse parce que leur puissance est limitée pour des raisons de santé publique. Et c’est assez variable d’un endroit à l’autre. La densité d’antennes est plus élevée de près de 50% à Genève que dans l’agglomération lausannoise. Parce que la topographie est plus horizontale. Et Genève a des activités financières et internationales voraces en communication sans câble.
Dans le fond, quel est l’intérêt d’un groupe comme Cellnex en Espagne de reprendre ce genre d’ infrastructures?
C’est une logique très financière. Les opérateurs de téléphonie vont à l’avenir louer les emplacements qu’ils avaient acquis et les équipements qu’ils avaient eux-mêmes installés. A un prix de location raisonnable pour eux, mais très intéressant pour le groupe espagnol : il agit déjà comme une entreprise spécialisée, sur plus de 50 000 sites d’antennes en Europe. Avec de belles économies d’échelle sur les coûts, forcément.