Une frappe israélienne sur un centre de secours du Hezbollah au coeur de Beyrouth a fait sept morts jeudi avant l'aube, au lendemain de combats au sol dans le sud du Liban entre le mouvement libanais et les soldats israéliens dont huit ont péri.
L'escalade militaire entre Israël d'une part, l'Iran et le Hezbollah de l'autre, fait craindre une situation incontrôlable au Moyen-Orient, un an après l'attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le Hamas palestinien sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre à Gaza.
Outre ses offensives dévastatrices et meurtrières contre le Hamas et le Hezbollah, des alliés de l'Iran, son ennemi juré, Israël menace de riposter aux tirs de près de 200 missiles iraniens mardi contre son territoire.
Sur le front nord, au Liban, Israël a intensifié depuis la mi-septembre ses frappes contre le Hezbollah qui avait lancé les hostilités contre lui en soutien au Hamas le 8 octobre. Il a lancé une opération terrestre lundi dans le sud du Liban.
Une frappe israélienne a touché le coeur de Beyrouth avant l'aube, atteignant le "centre de protection civile" du Hezbollah à Bachoura, un quartier densément peuplé à majorité chiite, situé juste à côté du centre commercial de Beyrouth et non loin du siège du gouvernement, selon le mouvement. Sept personnes ont été tuées selon les services de secours du mouvement.
Le deuxième étage d'un immeuble a été dévasté et des débris, des papiers et un clavier d'ordinateur jonchent la rue, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Nous sommes des civils. Vous voyez des combattants dans les environs? Pourquoi veulent-ils détruire le toit au-dessus de nos têtes?", s'est exclamé Hassan Ammar, 82 ans, qui habitait dans l'immeuble touché après avoir fui sa maison dans le sud du Liban.
Les immeubles ont tremblé
Selon Jamal Assaf, un habitant du quartier, l'immeuble abritait de nombreux civils. "Nous étions à la maison quand soudain nous avons entendu une énorme explosion. Ils ont touché le centre de secours, qui soignait les blessés et aidait les gens."
Les violents raids nocturnes qui ont aussi visé la banlieue sud de Beyrouth, dévastée et désertée par ses habitants, ont fait trembler les murs des immeubles, selon plusieurs habitants.
Des colonnes de fumée s'élevaient dans le ciel au-dessus de la capitale jeudi matin.
Dans un communiqué, l'armée israélienne n'a pas mentionné la frappe à Beyrouth mais a fait état de raids contre quelque "200 cibles" du Hezbollah au Liban en affirmant avoir tué 15 combattants du Hezbollah dans le sud du pays.
Elle a auparavant appelé les habitants de secteurs du sud de la capitale et de ceux de villages dans le sud du Liban à les évacuer.
Israël dit vouloir faire cesser les tirs du Hezbollah vers le nord de son territoire pour permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants poussés à la fuite en raison de ces tirs.
Nouvelle division au sud
Malgré la campagne de frappes dans laquelle Israël a affirmé avoir tué "la plupart" des chefs du Hezbollah, dont son dirigeant Hassan Nasrallah, le mouvement continue de tirer des roquettes en direction d'Israël.
Jeudi, il a affirmé que ses combattants avaient repoussé une tentative d'avancée israélienne à la frontière dans le sud du Liban.
Huit soldats israéliens ont été tués depuis le début lundi des opérations terrestres, qualifiées de "limitées", dans le sud du Liban, a indiqué l'armée qui a diffusé des images montrant des militaires se déplaçant à pied dans des villages et des zones montagneuses.
Elle a annoncé avoir déployé une deuxième division pour appuyer les troupes sur place.
Mercredi encore, Israël a tué dans une frappe à Damas Hassan al-Qassir, le gendre de Hassan Nasrallah tué le 27 septembre dans la banlieue sud de Beyrouth. Selon une source proche du Hezbollah, il était le frère de Jaafar al-Qassir, responsable du transfert d'armes de l'Iran vers le Liban, tué lui aussi par Israël.
"Pas bien se terminer"
Selon des chiffres officiels, plus de 1928 personnes ont été tuées au Liban depuis octobre 2023, dont plus de 1000 depuis les explosions des appareils de transmission du Hezbollah les 17 et 18 septembre, attribuées à Israël, et le début des bombardements aériens massifs le 23 septembre contre le sud et l'est du pays ainsi que la banlieue sud de Beyrouth.
Le gouvernement estime à environ 1,2 million le nombre de personnes déplacées par les bombardements.
Dans ce cadre, l'Union européenne a annoncé jeudi verser une nouvelle aide humanitaire de 30 millions d'euros au Liban, portant son soutien à plus de 100 millions d'euros en 2024. Il s'agit de financer une aide alimentaire d'urgence, des médicaments et des abris de fortune, a précisé la Commission.
Le Hamas et le Hezbollah sont membres d'une alliance que l'Iran qualifie d'"axe de la résistance", face à Israël.
Mardi, l'Iran a lancé sa deuxième attaque directe contre Israël, en riposte à l'assassinat de Nasrallah et d'Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas tué le 31 juillet dans une attaque à Téhéran imputée à Israël.
"L'Iran a commis une grave erreur et en paiera le prix", a averti le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a promis "une réponse plus forte" en cas de représailles.
Allié d'Israël, le président américain Joe Biden a reconnu le droit d'Israël à se défendre mais s'est dit opposé à des frappes israéliennes contre des installations nucléaires iraniennes.
"Cela ne va pas bien se terminer", la "retenue n'est pas le point fort" de M. Netanyahu, a commenté l'analyste politique Jordan Barkin.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp