Plusieurs milliers de Géorgiens pro-UE se sont rassemblés lundi à l'extérieur du Parlement à Tbilissi pour une 12e nuit consécutive de manifestations contre le gouvernement, accusé de renoncer aux ambitions européennes du pays et de dérive autoritaire prorusse.
Cette ex-république soviétique du Caucase est en crise politique depuis les élections législatives du 26 octobre, remportées par le parti au pouvoir du Rêve géorgien mais dénoncées comme truquées par l'opposition pro-occidentale.
La décision, le 28 novembre, du gouvernement de repousser jusqu'en 2028 "la question de l'adhésion à l'Union européenne" a mis le feu aux poudres, provoquant une vague de manifestations à Tbilissi et d'autres villes.
Arborant des drapeaux européens, des manifestants soufflaient lundi soir dans des trompettes et portaient des bannières avec des slogans anti-gouvernementaux, selon des reporters de l'AFP.
Des canons à eau ont été stationnés sur la place de la Liberté, à environ 500 mètres du Parlement.
Luka, un manifestant de 24 ans, juge "inacceptable" qu'un gouvernement qui se maintient au pouvoir "via des élections frauduleuses" suspende le rapprochement vers l'UE.
"Ils n'ont pas le droit de prendre nos libertés, ni de dicter la politique étrangère de la Géorgie", dit cet employé d'une ONG.
Pendant la journée, la municipalité a terminé l'installation d'un sapin de Noël sur le trottoir en face du Parlement, là où se réunissent les protestataires.
Elle a retiré des photos de victimes présumées de violences policières qui avaient été accrochées par des manifestants sur la structure métallique entourant le sapin.
Keso, un étudiant de 18 ans, juge "irrespectueux" une telle installation. "Les gens sont là pour protester, il n'y pas de Noël pour nous", peste-t-il, en estimant que le mouvement allait triompher car il défend "la liberté".
Tabassages et répression
Les rassemblements ont pour la plupart été dispersés par la police à coups de canons à eau et de gaz lacrymogène, tandis que certains manifestants ont tiré des feux d'artifice et jeté des pierres sur les forces de l'ordre.
Selon le ministère de l'Intérieur, plus de 400 manifestants ont été interpellés depuis le 28 novembre, la plupart pour "désobéissance" ou "vandalisme", mais "plus de 30" pour des délits tels qu'incitation à la violence.
De multiples cas de violences policières contre des manifestants et des journalistes ont été documentés par des ONG et l'opposition, une répression dénoncée par les partenaires occidentaux de Tbilissi.
Lundi, le gouvernement britannique a condamné les "scènes choquantes de violence" à l'encontre des manifestants, annonçant suspendre "tout programme de soutien" à Tbilissi.
Malgré ces condamnations, le gouvernement refuse de reculer.
Ces derniers jours, le pouvoir a musclé sa rhétorique envers le mouvement, le Premier ministre Irakli Kobakhidzé promettant "d'anéantir" ses détracteurs, qu'il accuse de "libéralo-fascisme".
Malgré sa décision de report, son gouvernement assure toujours vouloir intégrer l'UE à l'horizon 2030 et accuse l'opposition et les manifestants de viser une révolution et d'être financés depuis l'étranger.
Lundi, Irakli Kobakhidzé a loué l'action de la police, en répétant avoir empêché une tentative de révolution et en affirmant que le mouvement n'était pas significatif.
Le ministère de l'Intérieur a pour sa part annoncé avoir arrêté cinq personnes dans la ville côtière de Batoumi (ouest), en lien avec une manifestation s'y étant tenu le 3 décembre.
Ils sont accusé de violences et risquent deux ans de prison. Parmi eux se trouve un doyen d'université qui faisait partie d'un groupe ayant tenté d'accrocher une banderole soutenant le mouvement sur son établissement.
Auparavant la police avait perquisitionné plusieurs bureaux de partis d'opposition et arrêté au moins trois de leurs meneurs, dont le chef du parti Akhali Nika Gvaramia, battu et condamné à 12 jours de prison.
Au pouvoir depuis 2012, le gouvernement du parti dirigeant, Rêve géorgien, a adopté ces derniers mois des lois ciblant les ONG et les personnes LGBT+, dénoncées comme liberticides par leurs détracteurs.
L'opposition affirme que ces textes sont des copies de législations utilisées en Russie pour écraser la société civile et les voix dissidentes.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp