Le projet de budget 2025 de l'Etat de Genève présenté jeudi par le gouvernement in corpore est à l'équilibre: une première depuis 2015. Il inclut déjà des baisses fiscales, prochainement en votation, tout en renforçant les prestations sociales.
"C'est un budget de consensus derrière lequel on est tous alignés", a relevé la présidente du Conseil d'Etat Nathalie Fontanet.
La grande argentière appelle désormais le parlement à assumer ses responsabilités par rapport à ce projet de budget qui affiche un résultat positif de 4,3 millions de francs.
Les revenus de fonctionnement s'élèvent à 10,891 milliards (+5,5). L'exécutif table sur une hausse des recettes fiscales de 424,4 millions à 9,113 milliards, soit une hausse significative de 4,9% par rapport au budget 2024. L'impact des baisses attendues des impôts des entrepreneurs et des personnes physiques, en votation en septembre et novembre, est chiffré à 351 millions.
Régulièrement critiqué pour une sous-évaluation chronique des recettes fiscales et son "catastrophisme budgétaire", le Conseil d'Etat a procédé pour ce projet 2025 à des ajustements méthodologiques pour un total de 372 millions. Ces correctifs en amont étaient très attendus dans la mesure où les comptes 2023 s'étaient soldés sur un énorme excédent de 1,4 milliard.
Une augmentation des charges de 4,9% (+512,7 millions) à 10,887 milliards est prévue. Les charges contraintes (+238,3 millions) sont en forte hausse en raison notamment de la précarisation d'une partie de la population et du coût de l'asile. Les coûts de la péréquation financière intercantonale (+ 52,6 milllions) sont également importants. Les précisions de Nathalie Fontanet, conseillère d'Etat chargée du département des finances.
Des nouveaux postes
Au niveau des charges de personnel, le Conseil d'Etat veut octroyer l'annuité aux fonctionnaires (+63,8 millions). L'indexation des salaires sera décidée lors du processus d'amendements, a précisé Mme Fontanet. Ces deux points musclent très régulièrement les débats budgétaires en fin d'année. Le PS demande déjà une indexation pleine et entière des salaires ainsi qu'une indexation des rentes.
Autre point de friction: la création de nouveaux postes. Le projet de budget 2025 mise sur 463,9 équivalents temps plein (ETP), soit une hausse de 2,5%. Ces nouveaux postes vont principalement à la formation avec 131,1 ETP pour absorber la hausse des effectifs des élèves, à la transition numérique, à la promotion de la santé et à la sécurité.
A droite, le PLR s'inquiète et appelle à faire des réformes structurelles afin de mettre un terme au "gonflement massif des effectifs de la fonction publique". Le Centre annonce que ces postes supplémentaires seront scrutés de près pendant le travail parlementaire. De son côté, Libertés et justice sociale (LJS) déplore le manque de flexibilité entre les services.
Un budget annexe
A noter que le pouvoir judiciaire n'a pas approuvé le projet de budget qui prévoit une hausse de 20,9 postes destinés à renforcer le tribunal de la protection de l'adulte et de l'enfant ainsi que les juridictions pénales. Estimant ces moyens insuffisants pour fonctionner correctement, il a déposé un projet de budget indépendant sollicitant un total de 36 postes en plus.
Au niveau des investissements (716 millions, soit +3%), le gouvernement reste dans la même ligne: il veut développer les infrastructures pour accompagner la croissance de la région. Parmi les dix projets les plus importants, figurent l'électrification de la flotte des TPG (40 millions), la rénovation énergétique des bâtiments de l'Etat (35 millions), la construction de la Haute école de santé (21 millions).
Si le projet de budget 2025 est à l'équilibre, le Plan financier quadriennal 2025-2028 prévoit des déficits de 2026 à 2028. Ils seront toutefois couverts par la réserve conjoncturelle, a souligné Mme Fontanet, qui précise dans la foulée que des mesures d'économie pourront être prises si nécessaires.
avec Source : ats