La population montreusienne a décidé dimanche que le site des Grand-Prés à Montreux-Chailly (VD) devait être protégé de toute construction. Elle a très clairement accepté par 71% de voix l'initiative populaire communale "Sauver les Grands-Prés", soit 4954 oui contre 1916 non, a indiqué la Municipalité dans un communiqué.
La Municipalité, le Grand Conseil et un groupe interpartis avaient recommandé le non, alors que l'association citoyenne à l'origine du texte avait activement milité pour le oui.
En acceptant l'initiative, les électeurs se sont prononcés contre tout projet de construction futur et pour la création d'une aire de loisirs sur ce terrain communal. "Ce vote met ainsi un terme à plusieurs années de travail et d'investissements dans un projet de construction écoresponsable qui prévoyait de nombreux logements et services", regrette l'Exécutif.
Toutefois, la Municipalité "prend acte de cette décision" et, même si elle avait recommandé le refus de l'initiative, "s'engage à mettre en ½uvre le processus découlant de cette décision".
Terrain d'environ 24'000 m2
Concrètement, le Conseil communal de Montreux a l'obligation de prendre dans les quinze mois qui suivent la votation les décisions utiles à sa mise en ½uvre. Il s'agit d'abord de prendre les mesures empêchant toute construction sur l'ensemble de la parcelle communale concernée, d'environ 24'000 m2, et sur les hauts de la commune.
Puis, ainsi que le prévoit le texte de l'initiative, la parcelle des "Grand-Près" devra être "immédiatement et durablement placée en zone verdure (non constructible) destinée à la promotion de la biodiversité et à une aire de loisirs pour le public", rappelle la Municipalité.
C'est donc tout un projet communal comprenant la création de 232 appartements et surfaces d'activités au sein d'un écoquartier qui tombe à l'eau. Le terrain, propriété de la commune et plus grande zone de verdure de la ville, est mis à disposition sous forme de droits distincts permanents (DDP), pour une durée de 99 ans.
La Société Coopérative Immobilière de Montreux (SOCIM) et Retraites Populaires avaient été retenues dans le cadre de l'appel d'offres lancé en 2017. En novembre de la même année, le Conseil communal s'était prononcé en faveur du Plan partiel d'affectation (PPA) permettant cette réalisation.
Châtaigneraie préservée
Le Conseil communal et la Municipalité avaient recommandé à la population de rejeter l'initiative car, selon eux, le secteur des Grands-Prés ne faisait pas partie d'un "parc naturel régional" et n'abritait aucun biotope reconnu". L'aire forestière de 700 m2 environ, située au nord-ouest de la parcelle, aurait été intégralement préservée, y compris sa châtaigneraie, selon eux.
Un comité interpartis "Des logements pour Montreux" avait été mis sur pied. Regroupant le PS, le PLR, les Vert'libéraux et une partie des Verts, il combattait aussi fermement cette initiative. "Elle priverait notre ville de logements accessibles, dont elle manque cruellement", avait-il argumenté. Sur les 232 logements, plus de la moitié aurait eu des loyers modérés ou abordables, selon lui, défendant un projet "équitable, respectueux, intelligent et fiable".
Avec ce résultat, "la crise du logement qui frappe Montreux n'a aucune solution crédible en vue", se désole le comité du non.
ONG écolos mobilisées
A l'origine de l'initiative populaire, l'association pour la Sauvegarde des Grands-Prés (ASGP) a été créée en mars 2022. Elle a récolté 3364 signatures valables, alors que 2529 étaient requises, à l'issue du délai légal en décembre dernier. Elle s'était engagée depuis activement sur le terrain. Avec succès donc.
Son comité pour le "oui" était composé de la Fondation Franz Weber, de Pro Natura Vaud, de l'Association pour la protection des sites montreusiens et d'Helvetia Nostra. Ensemble, ils ont plaidé pour le maintien à l'état naturel de la parcelle des Grands-Prés afin de "protéger et sauvegarder l'un des rares espaces verts" de la ville.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats