Une enquête sur les habitudes de consommation dans le territoire du Grand Genève, publiée jeudi, révèle la montée en puissance des achats effectués en ligne. Ce phénomène, qui concurrence le commerce local, inquiète les autorités des deux côtés de la frontière ainsi que les milieux économiques.
Cette étude menée par le canton, le pôle du métropolitain du Genevois français et la région de Nyon montre que 12% des dépenses annuelles de consommation sont effectuées en ligne, soit trois fois plus qu'en 2018. Dans le domaine non alimentaire, ce taux passe à 22%, soit une hausse de 255% entre 2018 et 2024.
"Ces résultats sont peu satisfaisants", a relevé devant les médias Delphine Bachmann, conseillère d'Etat genevoise à la tête du Département de l'économie et de l'emploi (DEE). Pour soutenir le commerce local face à la concurrence en ligne, elle mise notamment sur des formations au numérique pour les commerçants, ainsi que sur un plan d'aide annuel à définir avec les acteurs de la branche.
Du côté français, le commerce en ligne est également la préoccupation principale. Christian Depessey, président du Pôle métropolitain du Genevois français et maire d'Annemasse, a insisté sur l'importance de l'aménagement du territoire pour favoriser l'accès aux commerces de proximité. Et de citer le vaste chantier de piétonnisation actuellement en cours dans sa ville.
Les élus sont aussi sur la même longueur d'onde au sujet des grands centres commerciaux en zones périphériques: ces infrastructures sont passées de mode. Genevois, Vaudois et Français veulent privilégier les commerces de proximité.
Les élus ont ainsi plusieurs fois fait référence à la ville du quart d'heure, qui met les habitants à moins de quinze minutes de tous les services.
Horaires d'ouverture
La montée en puissance du commerce en ligne inquiète les milieux économiques. "Il faudra s'y adapter", souligne Flore Teysseire, secrétaire générale de Genève Commerces. En parallèle, elle appelle les autorités à proposer des conditions cadres favorables pour les commerçants. L'accessibilité aux commerces ne doit pas être entravée par des travaux ou des manifestations, a-t-elle relevé.
La Chambre de commerce, d'industrie et des services de Genève (CCIG) ainsi que Nouvelle organisation des entrepreneurs (NODE) ont insisté sur l'importance de pouvoir proposer des horaires d'ouverture élargis. Les Genevois s'y sont plusieurs fois opposés dans les urnes, mais cette revendication revient régulièrement sur la table. Une décision du Tribunal fédéral sur ce sujet est attendue.
Statu quo
L'enquête publiée jeudi est la deuxième du genre depuis 2018. Il y a six ans, le tourisme d'achat était au coeur des préoccupations. Les résultats avaient alors cassé certains préjugés en montrant que le volume d'achats effectués en France par des résidents suisses était beaucoup moins élevé qu'imaginé.
En 2024, les chiffres sont similaires: les résidents suisses dépensent 10% de leur potentiel de consommation dans les commerces français. Ils se tournent notamment vers les produits alimentaires, à Ferney-Voltaire, à Divonne-les-Bains ou à Ville-la Grand et dans une moinde mesure vers des produits de bricolage et de jardinage. Les Genevois justifient ces achats par des prix plus attractifs et des horaires plus commodes.
Au total, 9162 résidents du Grand Genève ont participé entre mai et septembre 2024 à cette enquête réalisée sur les réseaux sociaux. Les ménages ont été interrogés sur la dernière fois qu'ils ont acheté un produit, le lieu d'achat et le mode de déplacement utilisé pour 30 produits de consommations courantes. Les services, l'essence et le tabac n'étaient pas inclus.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats