Trafic ferroviaire perturbé, lycées et écoles fermés: la France a fonctionné au ralenti jeudi. A l'appel de plusieurs syndicats, près d'un demi-million de personnes ont manifesté dans tout le pays pour défendre la fonction publique.
Derrière la banderole "Passagers et cheminots pour le train public, qualité de service, sécurité, fiabilité", un imposant cortège s'est élancé dès 14h30 de la gare de l'Est à Paris en direction de la Bastille pour retrouver les fonctionnaires partis, eux, de Bercy.
Le syndicat CGT a fait état de quelque 482'000 manifestants dans 131 cortèges et a confirmé la participation d'environ 65'000 personnes à Paris. La police a répliqué que près de 180'000 manifestants avaient pris part aux défilés en France, dont 50'000 rien qu'à Paris.
Des manifestations ont eu lieu dans des dizaines de villes avec près de 10'000 personnes à Marseille, Nantes, Lyon ou Toulouse. Partout, les fonctionnaires dont des personnels de la santé, étaient rejoints par des cheminots mais également des retraités et des jeunes, voire aussi des avocats, opposés aux réformes qui les touchent.
Animé par l'usage de fumigènes, tambours et sifflets, le cortège parisien a eu lieu dans une ambiance bon enfant, à l'exception de quelques heurts sporadiques entre des jeunes encagoulés qui ont jeté des projectiles et des policiers qui ont fait usage d'un canon à eau et de gaz lacrymogènes.
SNCF "laissée seule"
"Ce gouvernement n'apporte pas de réponse" à la crise ferroviaire, a harangué Bernard Thibault, l'ancien secrétaire général du syndicat CGT-cheminots. Son successeur, Laurent Brun, a ajouté que "depuis des mois, la colère monte car nos efforts sont gâchés par une politique d'entreprise défaillante" et parce que la SNCF, qui "souffre d'une dette imposée", est "laissée seule".
Les cheminots protestent contre la volonté du gouvernement de réformer la SNCF par ordonnances, en transformant l'entreprise en société anonyme et en abandonnant le statut de cheminots à l'embauche.
Les syndicats appellent par ailleurs à une "grève en pointillés" à la SNCF à partir du 3 avril prochain, à savoir trois jours de travail suivis de deux jours de grève entre début avril et fin juin.
Perturbations diverses
Badge CGT sur la veste, Guy, un ex-aiguilleur à la retraite, s'en est pris vertement au président français. "Emmanuel Macron a réussi à mettre les cheminots en colère", a-t-il déploré, précisant que "même les cadres supérieurs de la SNCF sont aujourd'hui là, car ils ne savent que trop bien ce que l'on veut faire de leur entreprise".
Si les métros fonctionnaient à Paris, le trafic ferroviaire a été largement perturbé avec 35,4% de grévistes, selon la direction.
Quant aux fonctionnaires (hôpitaux, enseignants, contrôleurs aériens...), ils avaient déjà manifesté en masse le 10 octobre dernier contre la suppression annoncée de 120'000 postes, sur un total de 5,64 millions de fonctionnaires en France, et le gel de leur rémunération. La colère s'est intensifiée avec l'annonce d'un projet prévoyant des plans de départs volontaires et un recours accru à des personnels non bénéficiaires du statut de fonctionnaire.
Dans les écoles, un enseignant sur quatre était en grève jeudi, et une poignée de lycées ont été bloqués, dont une dizaine à Paris. D'autres secteurs étaient touchés comme les crèches et les bibliothèques. La grève des contrôleurs aériens a également entraîné des perturbations avec des vols annulés.
Source : ATS
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