Partisans et adversaires des initiatives agricoles ont profité de la Journée mondiale de l'abeille, jeudi, pour faire campagne. Alors que les apiculteurs soulignent la situation alarmante de ces insectes, les paysans affirment en être les protecteurs.
Les pesticides issus de l'agriculture intensive tuent les abeilles, les pollinisateurs sauvages et d'autres insectes. La moitié des insectes en Suisse sont déjà menacés, a fait valoir un comité d'une cinquantaine d'apiculteurs sur la Place fédérale à Berne.
Les abeilles domestiques ne sont pas les seules menacées, les plus de 600 espèces d'abeilles sauvages de Suisse le sont également: 75% de la biomasse des insectes a été décimée au cours de ces derniers trente ans.
Les néonicotinoïdes en particulier sont très nocifs, car ils attaquent le système nerveux non seulement des insectes, mais aussi des vertébrés, y compris les humains. S'y ajoutent les fongicides et les herbicides, qui se retrouvent également dans l'eau potable.
L’importance de l'apiculture dans l'agriculture n'est pas négligeable, rappelle le comité. Elle apporte à l'agriculture par ses services de pollinisation une contribution annuelle estimée à près d'un demi-milliard de francs. Pour ces raisons, les apiculteurs plaident pour un double oui le 13 juin aux initiatives sur une eau propre et contre les pesticides.
Prestations remises en cause
Opposée à ces deux objets, l'Union suisse des paysans (USP) souligne elle que l'initiative sur l'eau potable remet en cause les prestations des agriculteurs en faveur des abeilles et de la biodiversité. Les abeilles et tous les insectes pollinisateurs dépendent d'un monde végétal riche en espèces.
Chaque exploitation doit réserver actuellement au moins 7% de ses terres à la promotion de la biodiversité afin de bénéficier de paiements directs dans le cadre des prestations écologiques. De nombreux agriculteurs en font plus, de sorte que la moyenne nationale pour ces surfaces est de 19%, argumente l'USP.
L'initiative sur l'eau potable chamboule les avancées réalisées jusqu'ici. De nombreuses exploitations seraient contraintes de sortir du système des paiements directs et, partant, pourraient renoncer à fournir les prestations écologiques requises. Elles ne seraient donc plus tenues de consacrer des surfaces à la promotion de la biodiversité.
Une vie difficile
Selon les données de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), outre les abeilles mellifères, 16'000 espèces d'abeilles sauvages sont recensées dans le monde, dont 615 en Suisse. Elles ne produisent pas de miel mai sont irremplaçables parce qu'elles assurent la pollinisation de nombreuses plantes sauvages et cultivées.
Plus d’un tiers des espèces d’abeilles sauvages de Suisse sont étroitement liées à des plantes spécifiques. Elles ne récoltent le pollen que d’une seule espèce végétale. Elles ne peuvent par conséquent se développer que là où de telles fleurs sont disponibles en abondance.
Or le mitage progressif du territoire et l'agriculture intensive leur rendent la vie difficile. Elles trouvent trop peu de sites de nidification et de nourriture.
De plus, l'utilisation d'insecticides et la modification des habitats ont entraîné une forte diminution de leur nombre depuis 1960. En 1994 déjà, la liste rouge indiquait que 45% des espèces d'abeilles suisses étaient menacées. Depuis, la situation s'est encore détériorée.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats