Une "guerre généralisée" au Liban n'est dans l'intérêt de personne, a plaidé mardi le président américain Joe Biden à la tribune de l'ONU. Israël a annoncé dans la foulée la poursuite de ses attaques sur ce pays, désormais "au bord du gouffre" selon le chef de l'ONU.
"Une guerre généralisée n'est dans l'intérêt de personne. Même s'il y a une escalade de la situation, une solution diplomatique est toujours possible", a insisté le président américain, qui a délivré à New York son dernier discours lors de cette grand-messe annuelle de l'ONU.
L'inquiétude face à cette escalade entre l'armée israélienne et le Hezbollah, allié du Hamas palestinien, a dominé l'ouverture à New-York de l'Assemblée générale des Nations unies.
Il faut "finaliser maintenant" un accord de cessez-le-feu à Gaza, a d'ailleurs insisté Joe Biden. Les Etats-Unis mènent avec le Qatar et l'Egypte des négociations avec Israël et le Hamas pour un accord visant à faire taire les armes et une libération des otages.
Le Hamas palestinien a lui exigé une "action immédiate" de l'ONU pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza. Il a affirmé son refus de nouvelles négociations en vue d'un cessez-le-feu qui donneraient à Israël "une couverture pour poursuivre son agression".
Liban "au bord du gouffre"
"Gaza est un cauchemar permanent qui menace d'emporter toute la région dans le chaos", a lui aussi affirmé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, sous les yeux du président palestinien Mahmoud Abbas. Ce dernier siégeait pour la première fois, par ordre alphabétique au milieu des autres dirigeants, grâce à de nouveaux droits accordés à l'"Etat observateur" de Palestine.
"Le peuple libanais, le peuple israélien et les peuples du monde ne peuvent se permettre que le Liban devienne un autre Gaza", a ajouté M. Guterres. "Nous devrions tous être alarmés par cette escalade. Le Liban est au bord du gouffre".
"Le système de l'ONU meurt à Gaza"
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté accusé Israël "d'entraîner toute la région dans la guerre". "Le système de l'ONU meurt à Gaza, pas seulement les enfants", a-t-il aussi lancé devant les dirigeants du monde entier, qualifiant l'ONU de "structure dysfonctionnelle".
"Les valeurs que l'Occident prétend défendre sont en train de mourir... Je pose la question ouvertement: Hé, organisations de défense des droits humains, ceux qui vivent à Gaza et en Cisjordanie ne sont-ils pas des êtres humains?", a-t-il poursuivi, accusant Israël de perpétrer un génocide.
Nouvelles attaques "massives" sur le Liban
Près d'un an après le début de la guerre dans le petit territoire palestinien, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, le conflit menace de s'étendre au Proche-Orient.
Israël a annoncé mardi une nouvelle vague de frappes "massives" sur des cibles du Hezbollah au Liban, au lendemain de multiples bombardements. Ceux-ci ont fait 558 morts, dont 50 enfants et 94 femmes, et 1835 blessés, selon les autorités libanaises, soit le plus lourd bilan humain en une journée depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).
Des dizaines de milliers de personnes, selon l'ONU, ont fui les zones pilonnées, vers Saïda, la plus grande ville du sud, Beyrouth ou la Syrie.
Le responsable d'un centre de santé à Saksakiyeh, près de Saïda, a décrit des scènes d'horreur. Il y avait "de nombreux morts: des enfants, des femmes, des personnes dont les membres, le nez ou la main avaient été arrachés, la tête cassée", d'autres "éventrés", a déclaré le docteur Moussa Youssef, soulignant que "90% des blessés" arrivés au centre "étaient des enfants".
Commandant "éliminé"
Une source proche du Hezbollah a annoncé le décès d'un de ses commandants, Ibrahim Kobeissi, dans l'attaque israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion de la puissante formation pro-iranienne. Israël a affirmé un peu plus tôt l'avoir "éliminé".
L'attaque a tué six personnes selon le ministère de la Santé, détruisant deux étages d'un immeuble dans une zone densément peuplée, selon un photographe de l'AFP.
Israël n'a "aucun désir" d'envahir au sol le Liban et préfèrerait une solution diplomatique pour mettre fin à son conflit avec le Hezbollah, a assuré l'ambassadeur israélien à l'ONU, Danny Danon, en rappelant que le but de l'opération au Liban était de faire rentrer chez eux des dizaines de milliers d'habitants du nord d'Israël.
Le Hezbollah a de son côté affirmé avoir tiré 90 roquettes visant le siège du commandement nord de l'armée israélienne près de Safed. Il a aussi dit avoir eu recours, pour la première fois depuis le début de la guerre à Gaza, à des roquettes Fadi 2 pour viser des sites militaires proches d'Haïfa, le grand port du nord et de la ville de Kiryat Shmona.
"Inaction incompréhensible"
Le nouveau président iranien Massoud Pezeshkian, dont le pays soutient le Hezbollah et le Hamas, a qualifié d'"insensée et incompréhensible" l'"inaction" des Nations unies envers Israël en référence à Gaza et aux attaques sur le Liban.
"Nous sommes au bord d'une guerre totale" au Liban, a lui aussi averti lundi soir le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, tandis que la France a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité durant cette semaine diplomatique déjà surchargée.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp