L'un va quitter le Grand Conseil vaudois après y avoir siégé pendant 25 ans, l'une se lance dans la course au Parlement cantonal pour la première fois. L'UDC lausannois Jean-Luc Chollet, agriculteur à la retraite de 72 ans, et la PS du Gros-de-Vaud Eloïse Eperon, étudiante de 25 ans, livrent un regard croisé sur le "métier" de député à la veille des élections cantonales du 20 mars.
"Il n'y a aucune formation professionnelle qui prépare à cette fonction. Ça s'apprend au contact des autres", confie d'emblée à Keystone-ATS Jean-Luc Chollet, entré en 1998 au Grand Conseil et qui ne se représente pas après cinq législatures. Il estime consacrer environ 20 heures de travail par semaine en moyenne pour ce job de milicien qui consiste surtout à "bien savoir lire, écrire et parler".
"C'est un handicap si on ne maîtrise pas les trois. On gagne du temps si on repère vite ce qui est important en première lecture des dossiers et si on sait rédiger d'un premier jet un rapport de commission. Et il est évidemment primordial de bien savoir s'exprimer dans l'hémicycle pour défendre ses idées", dit-il.
Le niveau idéal pour agir
Cet engagement ne fait pas peur à Eloïse Eperon, de Villars-le-Terroir, cinquième sur une liste de huit candidats de la section Gros-de-Vaud du Parti socialiste. "Je suis consciente de la charge de travail que cela peut représenter, l'aspect très chronophage de lire tous les documents en entier", affirme-t-elle, non sans souligner que ses "chances d'être élue sont assez minces".
Membre du PS depuis plusieurs années, cette étudiante en dernière année de master en politique et management publics à l'Univesité de Lausanne reconnaît volontiers que son engagement plus actif est récent. "Ma section cherchait des candidatures jeunes et féminines pour dynamiser la campagne électorale dans ma région rurale et j'ai donc saisi cette opportunité", raconte-t-elle.
Si elle a hésité à se présenter d'abord à une élection communale, elle se dit absolument convaincue que le niveau cantonal "est celui qui l'intéresse le plus, celui où l'on peut agir et faire beaucoup de choses". Le "terrain idéal" pour elle afin d'"implémenter des politiques visant à une société plus juste, plus inclusive, plus ouverte et plus respectueuse de son environnement".
Convictions, respect et humilité
M. Chollet cite encore trois autres qualités qui font, selon lui, un bon député: avoir des convictions et être au clair idéologiquement, être respectueux des autres élus et savoir rester humble. "Il faut cela dit aussi être capable de soutenir un bon projet même s'il vient d'un autre parti", estime-t-il.
"Il ne faut également jamais oublier que l'on sert la collectivité et l'intérêt public en premier. L'intérêt du parti devrait arriver en second. Vous n'irez pas loin si vous cherchez à satisfaire votre égo ou si vous essayez de vous faire un nom sur le dos de votre parti", conseille-t-il. Au sein du groupe UDC, le Lausannois loue d'ailleurs la très grande liberté de parole et d'opinion.
Mme Eperon espère aussi pouvoir compter sur "une liberté individuelle lorsque tout le monde n'est pas à 100% d'accord", même si elle "croit savoir qu'on discute et décide beaucoup ensemble au sein du PS". La jeune étudiante table aussi sur la solidarité entre députés d'un même district voire d'une même région.
"Une grande classe d'école"
Le vétéran UDC aime en outre rappeler que le Grand Conseil est comme une "grande classe d'école, c'est un corps vivant avec des gros coups de coeur et sales coups de gueule". "Toutes ces visions différentes sont éminemment respectables", dit-il.
Cette arène où l'on développe des idées, où l'on débat de toutes les thématiques possibles, où l'on examine des lois et où l'on questionne le gouvernement, plaît à la jeune PS, "totalement intéressée et passionnée par les politiques publiques".
"Je serai certainement impressionnée et timide au début", dit-elle. Face à cette "institution sérieuse", elle imagine bien qu'il faudra "lever la main pour s'exprimer" mais "sans élever la voix trop vite".
"En faire une belle chose"
De son côté, M. Chollet affirme avoir beaucoup aimé présider des commissions et diriger les débats en leur sein, dont il estime que leurs conclusions sont suivies à 80% du temps. "Il y a une grande liberté de parole dans les commissions", note le retraité. Il avoue en revanche sans détour "ramer un peu" face au "juridisme" de certains dossiers.
Autre aveu: il n'a pas pris le virage de l'informatique lorsque le papier a été abandonné, principal changement pour lui en 30 ans de députation. Il ne travaille pas sur ordinateur et n'utilise pas de courriel. "Mon bagage, c'est mon stylo et ma tête. Je travaille sans filet".
A l'inverse, Eloïse Eperon est complètement connectée. "Les réseaux sociaux permettent par exemple de mener une campagne électorale pas chère et très efficace", sans pour autant remplacer la présence sur les marchés et la rencontre avec la population, selon elle.
Pour conclure, elle voit le "métier" de députée comme "un moyen de débattre les règles du mieux vivre-ensemble". Pour Jean-Luc Cholet, à l'heure du bilan, ce fut "une expérience enthousiasmante". "La politique est ce que l'on en fait et il faut en faire une belle chose, complète-t-il sagement.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats