De cette élection devrait dépendre l'avenir de la coalition d'Angela Merkel. Le parti social-démocrate SPD, allié aux conservateurs de la chancelière va connaître samedi va choisir le tandem homme-femme qui sera porté à sa tête.
Pour la première fois dans l'histoire de cette formation, créée sous ce nom en 1890, c'est un tandem paritaire qui sera élu, sur le modèle que pratiquent les Verts de longue date. Cette élection a été déclenchée par le départ de la précédente dirigeante, Andrea Nahles, après un scrutin européen catastrophique,
Au terme de plusieurs mois de procédure interne et de campagne, le plus vieux parti allemand saura, samedi en fin d'après-midi, quel duo, élu par la base, le dirigera. Le premier, qui part favori après avoir obtenu 22,7% au premier tour, est formé du ministre des Finances Olaf Scholz et de Klara Geywitz; le second par Norbert Walter-Borjans et Saskia Esken (21%).
Vote ouvert aux militants
Cette élection à la présidence du mouvement est particulière à plus d'un titre. Le vote n'était plus réservé au millier de délégués du parti mais ouvert à ses 426'630 militants, qui pouvaient se prononcer jusqu'à vendredi en ligne ou par courrier.
Elle n'a toutefois pas à ce stade généré d'enthousiasme particulier au sein d'un parti qui subit de plein fouet la crise de la social-démocratie en Europe. Seuls 53% des militants ont ainsi voté au premier tour en octobre. Il est distancé dans les sondages par la droite conservatrice et les écologistes, et au coude à coude avec l'AfD (extrême droite).
Merkel: pour le duo Scholz-Geywitz
Une victoire du duo Scholz-Geywitz serait un soulagement pour la chancelière, qui a redit mercredi qu'elle comptait bien aller au terme de son mandat à l'automne 2021. Vice-chancelier et ministre des Finances, le modéré Olaf Scholz, 61 ans, plaide en effet, avec sa colistière, une élue de terrain d'ex-RDA, pour que le SPD reste dans la coalition, formée dans la douleur en 2018.
Quel que soit le résultat, le maintien ou pas dans l'actuelle majorité sera soumis à un vote à part entière du congrès la semaine prochaine. Quelque 57% des sympathisants SPD seraient favorables à un maintien dans l'équipe Merkel, selon un récent sondage Ipsos.
Seul poids lourd en lice dans cette élection, M. Scholz vit, selon les termes du Süddeutsche Zeitung, "la semaine décisive de sa carrière" avec le risque de voir sa position au gouvernement fragilisée en cas de défaite.
Si l'autre tandem l'emporte, la partie s'annoncera beaucoup plus compliquée pour Mme Merkel, au pouvoir depuis 14 ans. Sans se prononcer clairement pour une sortie, Mme Esken et M. Walter-Borjans réclament en effet une renégociation du contrat de coalition, ce qu'excluent les conservateurs.
Quel que soit le vainqueur, les difficultés ne disparaîtraient pas pour autant pour ce parti, en perte de vitesse. "Le SPD ne peut se régénérer que dans l'opposition et avec de nouvelles personnalités", estime auprès de l'AFP Klaus Schröder, politologue à l'Université libre de Berlin. Ce dernier prédit une coalition entre conservateurs et écologistes en 2021.
Source: ATS