Erwin Sperisen a été libéré de la prison de Witzwil (BE) vendredi. Il purgeait une peine de 15 ans de prison pour complicité d'assassinat. L'annulation par le TF de sa condamnation lui a permis d'être libéré avant l'heure. Il devra être rejugé une quatrième fois.
Erwin Sperisen est sorti de l'établissement pénitentiaire du Seeland peu après 14h30. Interrogé par un journaliste, il a confié être "sous le choc". Accompagné de l'un de ses avocats, Giorgio Campa, il a clamé son innocence et qualifié "d'injustice" le traitement qui lui a été réservé par la justice genevoise ces dernières années.
Erwin Sperisen va maintenant être jugé une quatrième fois à Genève. A l'issue des deux premiers procès, l'ex-chef de la police nationale du Guatemala avait été reconnu coupable d'assassinats et avait écopé de la prison à vie. A son troisième passage devant les tribunaux, en 2018, seule la complicité d'assassinat avait été retenue contre lui.
Acquittement et indemnisation
Erwin Sperisen espère bien ressortir blanchi de sa quatrième confrontation avec les juges genevois. "Aujourd'hui, c'est la dernière personne à vouloir quitter la Suisse, car il veut être acquitté et intégralement indemnisé pour le dommage inconcevable qu'il a subi", a déclaré son conseil Giorgio Campa.
Aux yeux de l'avocat, le Tribunal fédéral (TF) a déjà donné des indications "très claires" pour ce quatrième procès. Il a dit que la condamnation en tant que complice d'un acquitté "est illicite". Giorgio Campa parlait de l'acquittement, en Autriche, pour les mêmes faits, de Javier Figueroa, l'ancien bras droit d'Erwin Sperisen.
L'ancien chef de la police guatémaltèque est accusé par le Ministère public genevois d'avoir participé, au Guatemala, à l'élimination physique de sept détenus, en 2006, lors de la reprise en main par les forces de sécurité guatémaltèques d'un pénitencier qui était tombé sous l'emprise de prisonniers influents.
Dans un arrêt, vendredi, le TF a admis partiellement la demande de révision déposées par l'ancien chef de la police du Guatemala. Le double national suisse et guatémaltèque s'appuyait, dans son recours, sur la décision rendue par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), en juin 2023.
Apparence de partialité
La CEDH estimait que la présidente de la Cour de justice genevoise avait donné une apparence de partialité avant le procès d'avril 2018. La cause a donc été renvoyée à la justice genevoise afin qu'elle reprenne l'instruction au stade où se trouvait la procédure, au début du mois d'octobre 2017.
Dans ses considérants, la 1ère Cour de droit pénal rejette les critiques du Ministère public à l'endroit de la décision de la CEDH. Le Parquet estimait en effet qu'aucune suite ne devait y être donnée car les juges de Strasbourg se seraient basés sur un état des faits erroné.
De son côté, le Tribunal fédéral rappelle que cette décision est définitive. "En adhérant à la Convention européenne des droits de l'homme, la Suisse s'est engagée à adhérer à de telles décisions." Il n'appartient donc pas aux juges de Mon Repos de discuter les motifs ou les conclusions de leurs pairs européens.
Le Parquet genevois a réagi en rappelant que l'arrêt rendu par la CEDH en juin dernier et celui rendu par le TF vendredi "portent exclusivement sur la question de l'apparence de partialité d'une juge et nullement sur les motifs ayant conduit à la condamnation d'Erwin Sperisen".