Si certains sont passés par la Place des Nations hier ils ont peut-être été étonnés de voir tout près de l’emblématique chaise brisée une grosse toilette gonflable.
Pourquoi une toilette gonflable sur la Place des Nations ?
Cette toilette, dans un blanc immaculé et devant laquelle on pouvait voir un jeune garçon accroupi en train de faire ses besoins, était installée à cet endroit stratégique pour ni plus ni moins frapper les esprits à l’occasion de la Journée mondiale des toilettes.
Alors, pourquoi une journée mondiale des toilettes le 19 novembre ? Eh bien, croyez-le ou non, il y a toujours dans le monde 4,5 milliards de personnes qui vivent sans toilettes, et 892 millions d’individus qui pratiquent la défécation à l'air libre. Pas besoin de vous faire un dessin pour imaginer les maladies qui peuvent se propager par les eaux et les terres contaminées, comme la diarrhée et le choléra. D’ailleurs 365 000 enfants meurent chaque année des conséquences de la diarrhée. Il y a donc un réel besoin de construire plus de toilettes qui ne nuisent pas aux écosystèmes.
Quels sont les enjeux d’un tel problème ?
Je viens de l’évoquer, l’impact d’une telle exposition aux matières fécales humaines a des effets dévastateurs sur la santé publique. Mais aussi les conditions de vie et de travail, la nutrition, l’éducation et la productivité économique.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, pour chaque dollar investi dans des systèmes d’assainissement, il y a un retour sur investissement allant de 5 $ à 16 $, notamment dans les soins de santé, la productivité au travail et la réduction des morts prématurées.
Et ce sont surtout les filles qui y gagnent. Le fait d’avoir des toilettes à l’école signifie que plus d’entre elles peuvent se soulager en sécurité et gérer leurs règles de façon hygiénique et en toute dignité.
Les avantages sont aussi les mêmes pour les femmes adultes. En améliorant l’accès à des systèmes d’assainissement sûrs, filles et femmes peuvent consacrer davantage de temps à construire un meilleur avenir pour elles-mêmes et leurs familles.
Mais pourquoi une opération à Genève ? Y a-t-il un problème en Suisse ?
Non, heureusement, les Suisses ont accès à des services sanitaires tout à fait décents. Si ONU-Eau, ou UN-Water, a lancé hier cette opération, c’était pour marquer le coup et sensibiliser au fait que l’absence de toilettes dans le monde continue d’être un problème et un enjeu de taille. Il reste encore beaucoup à faire pour garantir l’accès à tous à l’eau et à l’assainissement d’ici l’an 2030.
Ce qui est encourageant c’est que certains pays ont mis sur pied des programmes pour construire plus de toilettes publiques et changer les habitudes. L’Inde a lancé un grand programme de nettoyage en 2014, et le Nigéria aurait annoncé récemment un fond de 300 millions de dollars pour traiter le problème de la défécation à l’air libre. Avec l’Indonésie, le Pakistan, la Chine et l’Ethiopie, le Nigéria et l’Inde comptent parmi les principaux pays où on trouve cette pratique, notamment dans les régions rurales.