MoneyPark vient de communiquer son volume d’affaires en 2018. Ses clients ont contracté pour 2 milliards de francs d’hypothèques dans une centaine d’établissements partenaires. Banques, assurances, caisses de pension. C’est plutôt impressionnant.
Oui, comme vous dites. Parce que l’entreprise n’existe que depuis six ans. Et que fait-elle ? Elle conseille des privés dans toutes les questions de financement ou refinancement hypothécaire.
Concrètement, MoneyPark est une sorte de courtier en hypothèques. Ça existe depuis longtemps, et avec beaucoup de succès dans pas mal d’Etats d’Europe, mais c’est nouveau en Suisse. En tout cas sous cette forme. Focalisée sur les hypothèques. Et à cette échelle. Il y a déjà 25 agences en Suisse, dont Lausanne, Genève, Nyon et Vevey. 180 personnes au total.
Et pourquoi la Suisse ne s’y est pas mise avant ?
Peut-être parce que le système bancaire a longtemps été un peu cartellisé dans certains domaine. Avec des clients plutôt fidèles. Et avec MoneyPark, il n’y a pour l’instant que 5% du marché des hypothèques privées à passer par cet intermédiaire. Ca laisse du potentiel.
C’est en fait une plateforme web assez classique, non ?
Oui et non. La plateforme intègre d’innombrables paramètres. Comme ces sites web qui comparent les frais financiers, les assurances maladies ou toutes sortes de choses. Mais vous n’y avez pas accès directement. Il s’est vite avéré que l’immobilier ne s’y prêtait guère. Le taux hypothécaire n’est qu’un élément dans un environnement fiscal et de prévoyance complexe. Ça peut devenir très dificile de savoir à l’avance combien ça vous coûtera au total. Alors vous prenez rendez-vous.
Et c’est le client qui paie ce travail de comparaison ?
Là on entre dans le cœur du sujet. Non, ce n’est pas le client qui paie. En fait, les clients de MoneyPark ne sont pas les propriétaires ou futurs propriétaires. Ce sont les fournisseurs d’hypothèque. MoneyPark n’est en fait qu’un site web sur lequel on se renseigne et l’on prend rendez-vous. Assez classique, même si vous êtes reçu dans une ambiance plutôt start-up.
Alors ça pose des problèmes d’indépendance.
Complètement, a priori. Même si MoneyPark défend sa neutralité en affirmant que les commissions reçues sont à peu près les mêmes chez tous ses partenaires. C’est le « à peu près » qui soulève des doutes. C’est dommage. Mais les clients peuvent apparemment vivre avec ça.
Sauf que Moneypark est aujourd’hui en mains de la compagnie d’assurances Helvetia. Qui est aussi un partenaire hypothécaire parmi d’autres.
Oui, et ça semble encore plus problématique sur le plan des conflits d’intérêt. Même si les deux entreprises sont opérationnellement séparées. Il ne devrait pas y avoir de favoritisme pour les produits hypothécaires d’Helvetia, bien entendu. Mais on peut toujours en douter. Dans ce cas, mieux vaut arriver en précisant tout de suite que l’on cherche les meilleures offres excepté celles d’Helvetia. Ca donne tout de suite l’impression que l’on sait au moins ce que l’on ne veut pas.