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[Interview] Le film « Jouer avec le feu » nous plonge dans les extrêmes

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© 2024 Felicita - Curiosa Films - France 3 Cinema

Un regard intense, des silences lourds de sens et une tension omniprésente: « Jouer avec le feu », le dernier film mettant en scène Vincent Lindon en père de famille dons les fils sont Benjamin Voisin et Stéfan Crépon, détonne par son approche émotionnelle et sa profondeur quand les liens fraternels s’entrelacent dans un récit extrémiste. Les jeunes acteurs étaient mes invités où rires et plaisanteries ont permis de détendre l’atmosphère tout en abordant des thèmes graves.

« Ce film n’est pas manichéen », souligne Benjamin Voisin. « Il ne dicte pas ce qui est bien ou mal, mais invite le spectateur à réfléchir sur les évolutions de notre société et les fractures qu’elles engendrent. » L’histoire s’attarde sur deux frères, incarnés par Voisin et Crépon, confrontés à la radicalisation de l’un d’eux dans un contexte où la violence et les tensions identitaires prennent le pas sur l’amour familial.

Réflexion sur les choix individuels

Dans le film, les réalisatrices choisissent de ne pas justifier les actes des personnages par des éléments biographiques. « L’absence de la mère, le père ouvrier qui fait de son mieux… rien de tout cela n’explique ou n’excuse ce qui arrive à mon personnage », affirme Voisin. « Cela montre que la radicalisation est avant tout une question de perception du monde. »

Stéfan Crépon, qui joue le frère « réussi », décrit avec émotion les défis de son rôle. « Mon personnage tente de maintenir l’équilibre dans cette famille déchirée, mais il est lui-même envahi par l’absence de sa mère et le poids de deux personnalités fortes autour de lui. » Une position complexe, renforcée par l’écriture ciselée du scénario adapté d’un roman acclamé.

L’équipe du film, menée par un Vincent Lindon au sommet de son art, semble avoir trouvé une véritable alchimie. « On est presque une vraie famille sur le plateau », confie Crépon, « Vincent fixe une barre si haute qu’on ne peut que se dépasser. » Les deux acteurs, amis de longue date, admettent que leur proximité a facilité leur travail. « Jouer des frères était naturel, on l’était presque déjà dans la vie », ajoute Voisin.

S'ouvrir dans un monde fermé

En toile de fond, le film interroge les dérives sociétales modernes, des tensions identitaires aux questions d’appartenance. Pour Voisin, « c’est fascinant de voir comment, dans un monde qui prône l’ouverture, on construit parallèlement des murs invisibles à travers des discours exclusifs. »

Sans jamais sombrer dans la gratuité ou la violence dénuée de sens, « Jouer avec le feu » mise sur les non-dits, les regards et les dilemmes moraux pour captiver son public. Une expérience que Voisin résume ainsi : « Voir ce film en salle, sans pause, c’est se condamner à suivre les personnages dans leur cheminement, jusqu’à l’inévitable. »

« Jouer avec le feu » est en salle le 22 janvier.

Avec IA

 

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Bridget Jones et la différence d'age au cinéma

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Renée Zellweger dans "Bridget Jones: Folle de lui" (Jay Maidment/Universal Pictures via AP)

La star américaine Renee Zellweger est de retour dans la peau de la célèbre anglaise pour "Bridget Jones: folle de lui". La voici quinquagénaire, veuve et prête à craquer pour un jeune Apollon.

 

Elle partage l'affiche de ce quatrième volet de Bridget Jones avec la star montante Leo Woodall ("The White Lotus", "Un jour"), Chiwetel Ejiofor ("Love Actually", "Twelve years a slave") et Hugh Grant.

Le spectateur avait quitté Bridget il y a presque dix ans, dans "Bridget Jones's Baby" (2016). Elle était enceinte, sans savoir qui était le père de l'enfant, après avoir eu des aventures avec un beau milliardaire américain, et son ex Mark Darcy, joué par Colin Firth, qu'elle finissait par épouser. A l'époque, la suite des aventures de Bridget était disponible en livre, mais jamais pas encore été adaptée à l'écran.

On la retrouve à 51 ans, veuve, avec deux enfants. Elle n'est toujours pas à l'abri de nouvelles mésaventures alors qu'elle se débat entre les applis de rencontre, les réseaux sociaux et le Botox.

La créatrice de Bridget Jones, Helen Fielding, a expliqué qu'elle avait supprimé Mark Darcy du film car elle ne voulait pas d'une Bridget "en femme mariée satisfaite d'elle-même". Elle a gardé par contre les personnages de Daniel Cleaver (Hugh Grant), l'ancien patron et petit-ami de Bridget, ainsi qu'Emma Thompson, l'incontournable gynécologue.

Hugh Grant a décrit le nouveau film comme étant "extrêmement drôle, mais très triste".

Le choix de Renee Zellweger, une Américaine du Texas, pour incarner la "so British" Bridget Jones avait fait des vagues au début des années 2000. Mais l'actrice a travaillé dur pour prendre l'accent britannique, et elle a rencontré un immense succès dès la sortie du film "Le journal de Bridget Jones" en 2001.

Ce personnage, qui enchaîne les déboires amoureux, les verres de Chardonnay et les régimes, a fait connaître Renee Zellweger dans le monde entier.

Helen Fielding a créé le personnage de Bridget Jones pour une chronique dans la presse britannique en 1995, avant d'en faire une série de livres à succès. Au point que Bridget est devenue au fil des années une icône de la culture britannique.

"Bridget Jones: folle de lui" est à voir en salle à Genève, au Ciné 17 ou Balexert.

Avec Keystone-ATS

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"Sauve qui peut": Quand les vrais médecins rencontrent de faux patients

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© Droits réservés

Vous êtes-vous déjà demandé comment sont formés les médecins pour annoncer certaines nouvelles ? C’est cette question qui est au cœur du documentaire "Sauve qui peut", une plongée inédite dans la formation médicale où les étudiants s’exercent sur de faux patients. La réalisatrice Alexe Poukine, était mon invitée.

Pour son film, la réalisatrice a posé sa caméra dans plusieurs hôpitaux, notamment au CHUV de Lausanne, où se déroulent des séances de simulation médicale. Ici, pas de simples exercices techniques, mais une mise en situation ultra-réaliste où des comédiens jouent le rôle de patients atteints de pathologies graves. « Ce qu’il faut dire, c’est que ça existe réellement pour que les médecins puissent s’entraîner à annoncer par exemple des mauvaises nouvelles », explique Alexe Poukine. « On fait appel à des comédiens et des comédiennes qui endossent des rôles. »

Et pourtant, malgré la fiction, l’émotion est bien réelle. « La première chose qui m’a choqué dans votre film, c’est que je me suis pris au jeu. J’ai versé des larmichettes », ai-je avoué. Un sentiment que partage la réalisatrice : « Tout le monde sait que c’est faux. Même les étudiants en médecine qui participent à ces simulations savent que c’est faux. Et pourtant, même eux versent des larmichettes. Comme quoi, entre la réalité et la fiction… »

Un hôpital sous tension

Derrière ces exercices se dessine une réalité plus sombre : celle d’un système de santé sous pression. En suivant les étudiants, les soignants et les faux patients, "Sauve qui peut" met en lumière les dilemmes du monde hospitalier. Loin d’un simple reportage médical, le film dévoile les tensions qui pèsent sur les soignants, tiraillés entre l’empathie et la rentabilité.

« Malheureusement, le temps du soin et le temps de la rentabilité ne sont pas du tout les mêmes », constate la documentariste. « On nous demande d’être rentables à l’hôpital, alors que faire de l’argent avec la maladie, la mort et la souffrance, c’est un peu difficile. »

Et si en Suisse, les moyens sont plus importants qu’en France ou en Belgique, la problématique reste la même. « Quand vous avez cinq minutes pour faire la toilette de quelqu’un, vous pouvez avoir pris tous les cours d’empathie que vous voulez, vous êtes forcément maltraitants. »

Un équilibre fragile

Si le film touche, c’est aussi parce qu’il ne se contente pas de dénoncer. Il révèle l’humanité qui résiste malgré tout. Entre moments d’apprentissage maladroits et scènes de grande intensité, "Sauve qui peut" navigue entre le rire et les larmes. « Moi, ce que j’ai trouvé très beau en faisant le film, c’est qu’on comprend à la fois les soignants et les patients », confie Alexe Poukine. « En fait, on se rend compte qu’on est tous dans la même équipe. Et que c’est très difficile d’être un humain, quel que soit le côté où on se trouve. »

Car l’apprentissage ne concerne pas que les jeunes médecins. Tout au long du film, on assiste à des formations où l’on déconstruit les préjugés. « On fait en simulation ce qu'on devrait faire dans tous les milieux », souligne la réalisatrice. « On déconstruit les représentations sexistes, racistes, agistes, homophobes, classistes… On devrait tous essayer de déconstruire nos stéréotypes. »

Une nécessité d’évolution

Au fil des 1h40 de documentaire, une question persiste: comment préserver la vocation des soignants dans un système qui les use? Beaucoup entrent dans la profession avec l’envie d’aider, mais certains finissent par la quitter, exténués. « Il y a énormément de gens qui sont venus me voir après les projections en me disant qu’ils avaient arrêté leur métier de soignant. Quand bien même ils pensaient que c’était le plus beau métier du monde. Juste pour sauver leur peau. » raconte Alexe Poukine.

Mais alors, comment changer les choses? La réalisatrice esquisse une piste : « Il faut juste être ensemble, que ce soit les chefs de services, les aides-soignantes, les médecins, les infirmiers… Se dire qu’est-ce qu’on peut améliorer et le faire ensemble. »

Avec ce documentaire aussi dur que lumineux, Alexe Poukine met en lumière un monde souvent invisible et rappelle que derrière chaque blouse blanche, il y a avant tout un humain qui essaie de bien faire.

Avec IA

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Les frères Zürcher et "Le moineau dans la cheminée", nommé pour 6 quartz

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Archives (© KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT)

C'est une image aussi simple que percutante: un moineau pris au piège dans une cheminée. Une métaphore qui encapsule toute la complexité du dernier film de Ramon Zürcher, "Le Moineau dans la cheminée". Ce huis clos familial, co-produit par son jumeau Silvan Zürcher, déploie un récit où l'identité et les vieux démons s'affrontent dans une atmosphère aussi lumineuse qu'inquiétante. Ils étaient mes invités.

Le film se déroule sur deux jours, le temps d'un anniversaire. Karen vit dans la maison de son enfance, un lieu marqué par des drames que l'on découvre peu à peu. Sa sœur Julie revient pour célébrer l'anniversaire de Markus, et ce qui commence comme une réunion chaleureuse dévoile rapidement des fissures profondes. "C'était l'idée d'opposer ce paradis estival à l'histoire sombre de cette famille", explique Ramon Zürcher. "On voulait que l'ombre et la lumière coexistent, que les tensions se révèlent progressivement".

Le défi de la mise en scène

Difficile de ranger "Le Moineau dans la cheminée" dans une catégorie unique. Drame familial, thriller psychologique, film quasi-expérimental, les frères Zürcher aiment jouer avec les genres. "Quand j'ai vu Mulholland Drive de David Lynch, j'ai été fasciné par sa capacité à changer les règles du jeu", confie le réalisateur. "J'aime cette idée qu'on croit maîtriser l'univers d'un film, puis soudain tout bascule". Une approche qui demande une précision millimétrée, tant dans l'écriture que dans la mise en scène.

Filmer une maison pleine d'invités n'est pas une mince affaire. "C'est une véritable chorégraphie", souligne Silvan, le producteur, "On passe d'une pièce à l'autre, il faut tout anticiper". Pas de répétitions avant le tournage, mais un casting minutieux, qui permet de tester la dynamique des acteurs. "Pour les scènes avec les enfants, il faut aussi faire attention à leur psychologie", précise le réalisateur. "Ils doivent comprendre la différence entre l'illusion du film et la réalité du tournage".

La surprise des nominations

Nommé six fois aux Quartz, les prix du cinéma suisse, "Le Moineau dans la cheminée" a su marquer les esprits. Meilleur film de fiction, meilleur scénario, meilleure musique de film, meilleur montage, meilleur son et meilleur second rôle, le film récolte une pluie de nominations. "On ne s'y attendait pas", avoue Ramon Zürcher. "C'est un film qui prend des risques, qui ne laisse pas indifférent". Silvan, lui, se souvient du moment où ils ont appris la nouvelle : "Il y avait une salle pleine de monde, et les nominations apparaissaient sur un écran. Quand on a vu notre nom, c'était iréel".

Entre tensions latentes et beauté trouble, "Le Moineau dans la cheminée" est un film à découvrir en salle, au cœur d'un huis clos où chaque détail compte.

Avec IA

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César 2025: "Monte-Cristo", "L'Amour ouf" et "Emilia Perez" au sommet

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Archives (© KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT)

Deux grands succès populaires et une comédie musicale hors norme à l'aura internationale : "Le comte de Monte-Cristo", "L'Amour ouf" puis "Emilia Perez" sont en tête des nominations aux César, annoncées mercredi à Paris.

Avec 14 nominations, "Le comte de Monte-Cristo" fait la course en pole position à un mois de la 50e cérémonie des César, après avoir ravi 9,4 millions de spectateurs en salles en France (soit le deuxième plus gros succès de l'année).

Pierre Niney, qui reprend ce grand rôle écrit par Alexandre Dumas et qui a déjà été couronné d'un César en 2015 pour "Yves Saint Laurent", fait figure de candidat très sérieux dans la catégorie du meilleur acteur.

Il sera en concurrence avec François Civil, nommé pour "L'Amour ouf" de Gilles Lellouche, qui a fait un carton auprès du public adolescent et récolte 13 nominations. Sa partenaire de jeu Adèle Exarchopoulos est également nommée comme meilleure actrice, onze ans après "La vie d'Adèle".

Dans un mouchoir de poche, "Emilia Perez", de Jacques Audiard, récolte 12 nominations. Feu d'artifice visuel et auditif, cette comédie musicale en espagnol sur la transition de genre d'un narcotrafiquant mexicain poursuit son parcours hors du commun.

Le film a battu aux Etats-Unis le record, pour une oeuvre non anglophone, de 13 nominations aux Oscars. Il avait reçu à Cannes le prix du jury et un prix d'interprétation collectif pour ses actrices, Selena Gomez, Zoe Saldaña, Adriana Paz et surtout la principale, Karla Sofia Gascon.

Un César pour cette dernière, nommée comme Zoe Saldaña dans la catégorie meilleure actrice, serait un symbole pour celle qui a essuyé des campagnes de haine liées à sa transidentité.

Un an après le sacre de Justine Triet pour "Anatomie d'une chute", aucune cinéaste n'est en lice pour le trophée de la meilleure réalisation. Jacques Audiard, 72 ans et déjà dix César à son actif ("Un prophète", "De battre mon coeur s'est arrêté"...), est l'un des favoris pour lui succéder.

Une seule nomination pour Artus

Les nominations de "L'Amour ouf" (4,9 millions de spectateurs en France, troisième succès de l'année) et de "Monte-Cristo" devraient tordre le cou à la réputation de l'Académie d'être parfois déconnectée du public. Même si le plus gros carton de 2024 en France avec 10,8 millions de spectateurs, "Un p'tit truc en plus" d'Artus et sa troupe d'acteurs porteurs de handicap, ne récolte qu'une nomination, celle du meilleur premier film.

Derrière les trois favoris, deux autres longs-métrages sortent leur épingle du jeu, en lice pour le César du meilleur film et sept autres prix chacun : "Miséricorde", un film d'auteur à l'audience plus confidentielle d'Alain Guiraudie, et "L'Histoire de Souleymane", de Boris Lojkine, sur l'odyssée parisienne d'un livreur sans-papiers.

Un prix pour ce film lancerait un message, à l'heure où le gouvernement français entend réduire l'immigration. Tout comme une statuette de la révélation masculine pour son acteur guinéen Abou Sangaré, qui vient d'obtenir un titre de séjour après son tout premier rôle à l'écran.

Les 4.951 membres de l'Académie, qui s'approche désormais de la parité (45% de femmes), ont un mois pour élire leurs favoris, avant la remise des prix sur la scène de l'Olympia, à Paris, le 28 février.

"Sauvages" nommé

Côté suisse, Claude Barras est quant à lui nommé pour le César du meilleur film d'animation pour sa fable écologique "Sauvages". Le réalisateur valaisan avait déjà remporté deux statuettes en 2017 pour "Ma vie de Courgette".

La réalisatrice française Louise Courvoisier, née à Genève, récolte pour sa part quatre nominations pour son premier long-métrage "Vingt Dieux", un film sur l'industrie laitière tourné dans le Jura français.

Les quelque 5000 membres de l'Académie, qui s'approche désormais de la parité (45% de femmes), ont un mois pour élire leurs favoris, avant la remise des prix le 28 février. Avec une saveur particulière: les César soufflent leur 50e bougie et ont offert la présidence à la reine des actrices tricolores, Catherine Deneuve.

Seules deux personnalités savent déjà qu'elles se verront décerner une statuette: la star américaine Julia Roberts et le réalisateur Costa-Gavras, qui doivent recevoir un César d'honneur.

Deneuve à la présidence

Avec une saveur particulière: les César soufflent leur 50e bougie et ont offert la présidence à la reine des actrices tricolores, Catherine Deneuve.

La soirée sera animée par Jean-Pascal Zadi, meilleur espoir masculin 2021 pour "Tout simplement noir", qui sera accompagné sur scène notamment d'Emmanuelle Béart, de Cécile de France, Pio Marmaï, Raphaël Quenard ou Justine Triet.

Seules deux personnalités savent déjà qu'elles se verront décerner une statuette: la star américaine Julia Roberts et le réalisateur Costa-Gavras, qui doivent recevoir un César d'honneur.

Profondément renouvelée après des années où elle a été accusée d'entre-soi et de fermer les yeux sur les violences sexistes et sexuelles, l'Académie des César a annoncé renforcer encore ses règles en la matière. Tout membre de l'Académie mis en cause par la justice pour une affaire de ce type sera désormais suspendu.

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Oscars: "Emilia Perez" en tête avec 13 nominations

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"Emilia Perez" devient le film non anglophone le plus nommé de tous les temps (archives). (© KEYSTONE/EPA/SASHENKA GUTIERREZ)

"Emilia Perez" de Jacques Audiard a récolté jeudi 13 nominations aux Oscars, dominant largement un cérémonial assombri par les incendies meurtriers de Los Angeles.

Cette odyssée musicale sur la transition de genre d'un narcotrafiquant mexicain devance "The Brutalist", vaste fresque sur la vie d'un immigré juif, et la comédie musicale "Wicked", qui ont chacun obtenu dix nominations.

"Je suis extraordinairement heureux", a déclaré le réalisateur français Jacques Audiard à l'AFP après avoir fait voler jeudi en éclats le record de nominations pour un film non-anglophone aux Oscars, "Emilia Perez".

Le biopic sur Bob Dylan, "Un parfait inconnu", et le thriller papal "Conclave" obtiennent eux huit nominations.

Habituellement obnubilé par la course aux statuettes, Hollywood a été tristement rappelé à la réalité ce mois-ci: face aux incendies qui ont tué près d'une trentaine de personnes et forcé des milliers à fuir, la clôture du vote pour les nominations a dû être repoussée.

Au milieu de la catastrophe, l'annonce s'est faite en ligne, en comité restreint.

Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur film international... "Emilia Perez" a été nominé dans la plupart des catégories majeures, et dans de nombreuses catégories techniques pour sa bande originale et sa musique.

Karla Sofía Gascón, qui interprète le rôle titre, est devenue la première comédienne ouvertement transgenre nominée pour l'Oscar de la meilleure actrice.

Autre pilier du film, Zoe Saldaña a été nommée pour le meilleur second rôle féminin.

Avec 13 nominations, ce long-métrage primé à Cannes et distribué par Netflix devient le film non anglophone le plus nommé de tous les temps. Un record précédemment détenu par "Tigres et Dragons" (2000), du réalisateur taïwanais Ang Lee, et "Roma" (2018), du Mexicain Alfonso Cuaron, avec dix nominations chacun.

"J'ai connu les Oscars il y a longtemps, au moment de 'Un Prophète'", nommé il y a 15 ans à l'Oscar du meilleur film étranger, a rappelé Jacques Audiard. "Mais c'était pas la même pression", a-t-il ajouté. Là, avec la double nomination comme meilleur réalisateur et comme meilleur film, "c'est une campagne très solide qu'il faut mener".

Cinéma français à l'honneur

Un autre film français, "The Substance", a également été largement honoré avec cinq nominations. Cette fable horrifique de la Française Coralie Fargeat, où Demi Moore incarne une ancienne gloire d'Hollywood accro à un sérum de jouvence, concourra notamment dans les catégories meilleur film, meilleur réalisateur et meilleure actrice.

Chez les actrices, Demi Moore et Karla Sofía Gascón affronteront Mikey Madison ("Anora"), Cynthia Erivo ("Wicked") et la Brésilienne Fernanda Torres ("Je suis toujours là").

Côté acteurs, le grand favori Adrien Brody ("The Brutalist") a été nommé aux côtés de Ralph Fiennes ("Conclave"), Timothée Chalamet ("Un parfait inconnu") et Colman Domingo ("Sing Sing").

Un quatuor complété par Sebastian Stan, nommé pour son portrait troublant des années de jeunesse de Donald Trump, dans "The Apprentice".

Le film a fait l'objet de menaces de poursuites de la part des avocats de Donald Trump, notamment en raison d'une scène où l'on voit le nouveau président des États-Unis violer sa femme.

L'Académie adresse ainsi un message engagé, quelques jours après l'investiture du 47e président américain.

Les votants "pourraient envoyer un message politique", pronostiquait avant les nominations le chroniqueur Pete Hammond du site Deadline.

Cela s'est confirmé, avec la nomination de Jeremy Strong, qui incarne dans le film Roy Cohn, avocat sans foi ni loi et mentor de Donald Trump.

Incendies

En forçant des milliers de personnes à fuir Los Angeles, les incendies ont pu influer sur les nominations, en réduisant la participation.

"Nous savons que beaucoup de membres ont perdu leur maison. (...) Certains n'auront tout simplement pas voté", soulignait M. Hammond avant l'annonce.

De quoi accroître l'influence des votants non américains, qui résident loin d'Hollywood et préfèrent souvent des films d'auteur.

Le reste des nominations a d'ailleurs fait la part belle aux films internationaux. Outre "Emilia Perez" et "The Substance", le film brésilien "Je suis toujours là" a obtenu trois nominations, dont une dans la catégorie meilleur film.

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