A Luleå, une agglomération suédoise de 80'000 âmes située à 150 km au sud du cercle polaire, une campagne municipale incite les habitants réputés introvertis à se saluer les uns les autres. Un sujet qui a inspiré Noémie, notre stagiaire.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, des résidents de Luleå aux visages fermés prennent soudainement un air radieux lorsqu'ils croisent un passant qui les salue. Une légende l'accompagne: "Dire bonjour à ses voisins est peu de chose mais contribue au lien social".
Cette campagne est diffusée depuis le 31 octobre dans les bus et des bâtiments de la ville, et ce pendant quatre semaines, explique à l'AFP Åsa Koski, à l'origine de cette initiative dans la commune de Luleå.
"On n'est pas en Espagne où les gens s'assoient sur les bancs pour discuter et où il est beaucoup plus commun de vivre en collectivité en extérieur", relève-t-elle.
"Les Suédois ont parfois tendance à être plus tournés sur eux-mêmes (...) Il faut trouver des moyens d'interagir".
Les jeunes sujets à la solitude
Les lycées de l'agglomération organisent aussi des projections de cette vidéo. "Les dernières études montrent que la classe d'âge 16-29 ans est particulièrement sujette à la solitude" souligne Mme Koski. "On pense que les gens vont se dire de plus en plus bonjour et voir l'effet positif" de cette initiative municipale, veut-elle croire.
Dans une région où le temps d'ensoleillement est de trois heures au creux de l'hiver et où la température moyenne oscille autour de -10° en décembre, les habitants ont peu l'occasion de se croiser au quotidien.
Mais Åsa Koski blâme aussi le mode de vie urbain dans la perte des codes de courtoisie: "Plus la ville est grande, plus on se sent seul. À l'époque où l'on vivait encore dans des villages, on arrivait mieux à se dire ces choses simples".
Avec "Trois Amies", Emmanuel Mouret plonge dans une exploration subtile des relations humaines, en tissant des liens entre amitié, amour et questionnements intérieurs. Le réalisateur partage sa vision nuancée et profonde sur ces thèmes universels, évitant les stéréotypes souvent associés aux romances cinématographiques. Il était mon invité.
"Qu’est-ce que l’amour ?" Cette question, apparemment simple, prend une tournure complexe dans "Trois Amies". Le film suit les vies de trois femmes incarnées par Camille Cottin, Sara Forestier et India Hair, chacune explorant des facettes différentes de l’attachement et du désir. Pour l’une, être avec quelqu’un ne signifie pas forcément être amoureuse alors que pour une autre, l’amour est un fardeau dont elle préfère se passer, trouvant refuge dans une relation stable mais dénuée de passion. "Les personnages sont pris dans ce conflit: est-ce que je respecte mes engagements ou est-ce que je respecte ce que je ressens ?" explique le réalisateur.
La force de "Trois Amies" réside dans son approche sobre et intimiste de l'amour et de l’amitié. Les personnages ne sont ni idéalisés ni condamnés. Ils apparaissent avec leurs doutes, leurs contradictions, et ce tiraillement constant entre raison et émotion. "Mes personnages sont des gens qui essayent d’être bien, de respecter les règles", décrit Mouret, "mais en même temps, ils sont guidés par leurs sentiments et désirs, ce qui crée un conflit intérieur." Il ajoute que la structure du film emprunte à celle d’un thriller, où les personnages se retrouvent, comme des truands, déchirés entre loyauté et émotions.
Un aspect remarquable de ce film est son humour subtil, notamment grâce à Grégoire Ludig du Palmashow, dont le rôle apporte une touche légère sans sombrer dans la caricature. "J’avais envie de travailler avec des acteurs qui provoquent de l’empathie", confie Mouret. Ce mélange de gravité et de légèreté permet d’aborder les relations de manière réaliste, sans tomber dans les clichés du drame romantique ou des larmes sous la pluie.
Emmanuel Mouret, qui a coécrit ce film avec Carmen Leroy, explique également son choix de se concentrer sur des personnages féminins, ce qui lui permet, selon lui, "d’éviter une certaine pudeur" et de se rapprocher de l’essence des relations intimes. "Trois Amies" devient ainsi un miroir des doutes et questionnements qui habitent chacun de nous, hommes ou femmes.
Le film s’inscrit dans cette tradition d'oeuvres qui, comme le souligne Mouret, invitent le spectateur à se poser des questions sans imposer de réponses, loin des jugements véhiculés par d’autres médias. "Le cinéma, c’est là où on vient pour douter ensemble", conclut-il, évoquant l’expérience collective de la salle obscure, un lieu où chacun peut-y trouver sa propre définition de l’amour.
Quincy Jones présente le concert de Stevie Wonder sur la scène de l'Auditorium Stravinski durant le 48e Montreux Jazz Festival, le 16 juillet 2014. (KEYSTONE/Valentin Flauraud)
Artisan de tubes planétaires de Frank Sinatra à Michael Jackson, le producteur américain et trompettiste de jazz Quincy Jones, dont la mort à 91 ans a été annoncée lundi, a marqué son époque en s'imposant comme un compositeur hors pair, à la carrière multirécompensée.
Dans un milieu où les producteurs travaillent le plus souvent dans l'ombre, le musicien, compositeur, arrangeur et producteur est l'un des rares à avoir pris la lumière, s'illustrant comme une référence de la musique américaine, période seconde moitié du XX2e siècle.
Il "s'est éteint paisiblement" à son domicile de Los Angeles en présence "de ses enfants, de ses frères et soeurs et de sa famille proche", a annoncé son attaché de presse Arnold Robinson dans un communiqué lundi.
"Bien qu'il s'agisse d'une perte incroyable pour notre famille, nous célébrons la grande vie qu'il a vécue et savons qu'il n'y en aura jamais aucun autre comme lui", a déclaré sa famille. "Grâce à sa musique et à son amour sans limite, le coeur de Quincy Jones battra pour l'éternité", a-t-elle ajouté.
La vie du compositeur flirte avec les belles histoires de l'Oncle Sam: né en 1933 dans une ville de Chicago frappée par la Grande Dépression, d'une mère atteinte de schizophrénie et d'un père charpentier, Quincy Delight Jones Jr., de son vrai nom, croise à 11 ans un piano. C'est une révélation, la première note de sa vie d'artiste.
Dans ses mémoires, il qualifie sa rencontre avec Ray Charles de "bénédiction", tant cet aîné, avec lequel il fraya adolescent dans les clubs locaux, le guida dans l'apprentissage de la musique.
Peu à peu les collaborations s'enchaînent, le rythme devient effréné: Quincy Jones composent pour des chanteurs d'univers différents, travaille régulièrement avec Frank Sinatra.
28 Grammy Awards
Son CV est déjà bien fourni quand il connaît le tournant définitif de sa carrière, en 1978, grâce à la rencontre avec Michael Jackson, qui cherche à explorer de nouvelles sonorités.
L'alchimie qui opère entre Jackson, Jones et l'ingénieur du son Bruce Swedien fait plus que des étincelles. Elle engendre les trois meilleurs albums du "King of pop": "Off the wall" (1979), "Bad" (1987) et surtout "Thriller" (1982), l'album le plus vendu de toute l'histoire, à plus de 100 millions d'exemplaires.
Travailleur éclectique et acharné, Quincy Jones a mis sa patte à plus de 400 disques et a été récompensé de 28 Grammy Awards, accédant au statut de légende vivante.
Il fut par ailleurs en 1961 le premier Afro-américain à accéder à un poste de direction dans l'industrie du disque, en prenant la vice-présidence du label Mercury Records.
A Montreux comme à la maison
"Quincy Jones est venu pour la première fois au MJF en 1990. Il en a été le coproducteur entre 1991 et 1993. C'était le début d'une grande amitié avec Claude Nobs qui l'appelait son 'frère d'une autre mère' ", s'est remémoré Mathieu Jaton.
En 1991, le duo organise un coup de maître, le concert de légende de Miles Davis qui décédera quelques semaines plus tard. Depuis, Quincy Jones est revenu chaque année, mettant sur pied de grandes soirées sur mesure avec des musiciens de tous les continents et générations: de Phil Collins à Petula Clark en passant par Al Jarreau, Herbie Hancock, Simply Red, ou encore Jon Batiste.
"Depuis la mort de Claude Nobs en 2013, Quincy a redoublé de présence et de disponibilité", raconte Mathieu Jaton. "En 2019, le concert de son 85e anniversaire avait réuni toute une jeune génération d'artistes, pour un moment très symbolique. Depuis le Covid, il n'est pas revenu, pour des raisons de santé".
"Tout comme Claude Nobs, Quincy avait une vision de la musique élargie et s'intéressait à tous les styles. C'était la qualité qui comptait. Il est le premier à avoir amené le hip hop à Montreux au début des années 90. Il a également donné une énorme crédibilité au festival", souligne le patron du MJF.
Quand Quincy Jones arrivait à Montreux, il déclarait "I'm back home". "Infatigable, il avait toujours des projets incroyables. Il allait aux jam sessions, aimait à découvrir les jeunes musiciens. Il a rencontré à Montreux des nouveaux talents, tels que Jacob Collier ou Alfredo Rodriguez, qu’il a pris sous son aile en tant que producteur et mentor. Il était toujours disponible", relève Mathieu Jaton.
TV et cinéma
Prolifique en musique comme en famille - il eut sept enfants - "Mr. Q" comme était surnommé ce touche-à-tout, s'était également tourné vers la production de films ("La couleur pourpre" de Steven Spielberg, 1985) et de séries comme "Le prince de Bel-Air", qui révéla Will Smith.
Engagé, le producteur réussit à rassembler une panel de stars, de Bob Dylan à Bruce Springsteen en passant par Cyndi Lauper, pour la chanson caritative à succès "We are the world" (1985) enregistrée par le "supergroupe" "USA for Africa" et dédiée à la lutte contre la famine en Ethiopie.
Robert Smith de "The Cure" en concert le 10 décembre 2023. (EPA/MAURICIO DUENAS CASTANEDA)
Le groupe britannique mythique The Cure, emmené par son chanteur charismatique Robert Smith, a sorti son premier album depuis 2008, "Songs of a lost world". Ce nouvel opus a déjà reçu des critiques élogieuses.
Il s'agit du 14e album studio du groupe qui a marqué les années 1980 et 1990 avec des tubes comme "Boys Don't Cry", "Close To Me" ou "Friday I'm In Love". "Songs of a lost world" sort en vinyl, CD, cassette et en streaming.
Les premières critiques sont extrêmement positives, comme celle du Guardian, qui juge que "Songs of a lost world" est le meilleur album du groupe depuis "Disintegration" en 1989. "Le groupe est à son apogée artistique: mélancolique et émouvant, avec un son percutant à la hauteur de l'impact émotionnel des paroles", écrit le quotidien.
Dans "Songs of a lost world", Robert Smith chante la mélancolie, parle de la mort et du deuil.
Afin de découvrir ce nouvel album, le groupe propose un show de présentation le 1er novembre à 21h, à retrouver ici.
"4.3 Dream" en 2008
"La mort est malheureusement de plus en plus présente chaque jour. Lorsqu'on est plus jeune, on la romance. Puis cela commence à arriver à votre famille proche et à vos amis. C'est alors une autre histoire", a-t-il dit à la BBC en amont de la sortie de l'album.
L'album est "séquencé de telle manière qu'il vous emmène quelque part", a-t-il dit dans une interview publiée sur la page YouTube du groupe. "Il dure environ 50 minutes et vous aboutissez à un endroit différent de celui où vous avez commencé. J'espère que les gens réagiront", a ajouté Robert Smith. Pour vous mettre en appétit, découvrez le premier single, "All I Ever Am".
The Cure n'avait plus sorti de disque depuis "4.3 Dream" en 2008. Mais le groupe, formé en 1976 à Crawley dans le Sussex et qui a vendu plus de 30 millions d'albums dans le monde, continue de remplir les salles et les stades partout où il se produit. En juillet 2018, The Cure avait fêté ses quarante ans de carrière lors d'un grand concert sur la pelouse d'Hyde Park, à Londres devant 65'000 personnes.
Le 13 novembre, le Théâtre du Léman vibrera au rythme des aiguilles et de l'innovation lors du Grand Prix d'Horlogerie de Genève (GPHG). Bien plus qu'une simple remise de prix, cet évennement célèbre et promeut l'horlogerie mondiale, rappelant l'importance d'une industrie qui fait la fierté de Genève et de toute la Suisse. Cette année, la cérémonie, également diffusée en direct sur Carac 2, s'apprête à accueillir quelque 1500 participants. Raymond Loretan, président de la Fondation du Grand Prix de l'Horlogerie de Genève était mon invité.
"Ce Grand Prix n'est pas uniquement un concours des plus belles montres, il représente tout un secteur et tous les métiers qui se cachent derrière chaque montre", souligne Raymond Loretan. Et de fait, l'horlogerie genevoise ne se contente plus d'être une affaire locale: des écoles horlogères voient le jour jusqu'à Dubaï et en Inde.
Entre tradition et innovation
Le GPHG met en avant la pluralité des montres à travers 15 catégories de prix, allant des modèles les plus classiques aux montres d’avant-garde. "Nous avons cette année une nouvelle catégorie appelée Time Only, qui revient aux racines avec des montres sans complications", décrit Loretan, ajoutant que la montre reste, malgré tout, un objet d’art qui allie tradition, innovation et savoir-faire. Pour attirer de nouvelles générations vers l’horlogerie, le GPHG s’efforce aussi de sensibiliser le public, notamment les jeunes, à la beauté de ce métier ancestral.
Face aux enjeux actuels, le GPHG a intégré la durabilité au cœur de ses préoccupations. Cette année, une nouvelle récompense, le prix de l’éco-innovation, honorera les modèles les plus respectueux de l'environnement. "La durabilité n’est pas nouvelle dans notre secteur, mais elle est aujourd’hui mise en avant avec plus de rigueur", explique Raymond Loretan. Ce prix s’inscrit dans une volonté de transparence et de traçabilité de l’ensemble de la filière horlogère.
La quête du douzième art
Plus qu'un objet utilitaire, la montre représente des valeurs profondément suisses : précision, créativité, et un lien unique avec le temps. Loreton défend d’ailleurs l'idée d’élever l’horlogerie au rang de "douzième art", à l'image du septième art pour le cinéma. "Une montre aujourd'hui, qu'elle soit chère ou non, est un objet d'art", résume-t-il, expliquant que ce retour à la matérialité est aussi une réponse à l’hyper-connectivité moderne.
Le GPHG incarne donc la préservation d'une tradition tout en s’adaptant aux nouvelles attentes de la société. À l'heure où l'horlogerie suisse cherche de nouveaux élans, le Grand Prix de l'Horlogerie de Genève demeure un pilier, rappelant que chaque minute est une œuvre d'art.
De nouveaux billets vont bientôt prendre leur envol. (Archives - KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)
La Banque nationale suisse (BNS) s'attelle à la conception de la dixième série de billets de banque évoquant la montagne et lance un concours de graphisme. La coupure la plus récente, de 100 francs, avait pris sa place dans les portefeuilles en 2019.
La nouvelle série de billets aura pour thème "La Suisse, tout en relief" et "reflétera la topographie unique du territoire, depuis le Jura jusqu'aux Alpes, en passant par le Plateau", selon le communiqué paru mercredi. "Elle montrera notre pays, des vallées les plus profondes aux sommets les plus hauts, et dépeindra la diversité de la vie telle qu'elle se manifeste selon les différents étages altitudinaux."
Les graphistes exerçant leur activité en Suisse peuvent déposer leur candidature via ce lien. Douze d'entre eux seront sélectionnées pour participer au concours, qui débutera en février 2025. Il est prévu de publier les maquettes des différents billets à l'automne 2025.
Face à l'essor des paiements dématérialisés, la gardienne du franc souligne qu'un tiers environ des paiements effectués en Suisse le sont en espèces. Elle se dit "convaincue que le numéraire continuera de jouer un rôle important à l'avenir en tant que moyen de paiement et comme réserve de valeur".
La BNS a commencé à introduire en 2016 les billets de la neuvième série. La dernière coupure, celle de 100 francs, a été mise en circulation en 2019.