A Genève, le PS a déposé son initiative législative "1% pour la culture", demandant que 1% du budget de fonctionnement de l'Etat soit consacré à ce secteur, soit près de 110 millions de francs. Le texte a recueilli 7262 signatures, alors qu'il en faut 4212 valables pour qu'il aboutisse.
Cette initiative s'inscrit dans la continuité de la loi pour la promotion de la culture et la création artistique. L'initiative ad hoc avait été acceptée par 83% des voix en 2019, a rappelé mercredi devant les médias Thomas Wenger, président du PS. "Une loi, c'est bien, mais il faut des moyens. Or ceux-ci ne sont pas à la hauteur des enjeux", a-t-il déclaré aux côtés de représentants d'associations professionnelles.
"A Genève, l'offre culturelle est très diversifiée et de grande qualité. Mais comment la financer? C'est une question de cohésion sociale", a poursuivi la conseillère nationale Estelle Revaz (PS/GE). Les artistes vivent "dans une grande précarité", avec un salaire mensuel moyen de 3333 francs, "des conditions inacceptables".
Et la musicienne de s'interroger: si les moyens manquent déjà dans le canton, que se passera-t-il en cas de baisse des subventions fédérales? Au vu des coupes massives prévues par le Conseil fédéral, Genève pourrait perdre 70% des subventions fédérales pour la culture, en vertu du principe des subventions cumulées, a-t-elle mis en garde.
Exercer son métier
Béatrice Graf, de la Fédération genevoise des musiques de création, constate une disproportion entre les investissements importants pour la formation des musiciens dans les Hautes écoles de musique et les moyens réduits lorsqu'il s'agit de leur permettre d'exercer leur métier. "Tous les domaines sont subventionnés", a-t-elle souligné.
"En termes de fiscalité, de charges sociales, d'emploi local, pas seulement des artistes mais aussi des techniciens et des administrateurs, c'est absurde de ne pas donner de moyens aux acteurs culturels", a dénoncé Fabienne Abramovich, directrice d'Action intermittence. La culture représente 2,3 milliards de francs de valeur ajoutée, soit 4,4% du PIB cantonal, et 5,7% des emplois.
Récolte facile
"L'offre culturelle actuelle dépend du travail gratuit de l'ensemble du milieu. L'initiative demande que ce qui existe puisse être fait dans de bonnes conditions", a résumé Katia Leonelli, de Visarte Genève. Selon elle, la récolte de signatures pour l'initiative a été très facile, car les gens ont immédiatement compris les enjeux.
La balle sera prochainement dans le camp du Grand Conseil. "Nous allons faire qu'il adhère à cette initiative. La culture rassemble", a déclaré la députée Nicole Valiquer Grecuccio. Son collègue de parti Thomas Wenger pense, lui, qu'il sera difficile de convaincre la majorité de droite. L'initiative sera alors en votation.
Avec Keystone-ATS