La semaine dernière je vous parlais des voyages d’un conseiller d’Etat, et cette semaine je vais vous parler des voyages d’un autre conseiller d’Etat, lui aussi libéral-radical.
Hier, le parquet vaudois a ouvert des « investigations préliminaires » sur les séjours en Russie de Pascal Broulis, ministre des finances du canton. Le but est de vérifier si ses voyages aux côtés de Frederik Paulsen, président du groupe pharmaceutique Ferring, ne constituaient pas un conflit d’intérêt.
Ah Pascal, mais qu’est-ce qui t’a pris ? Comme ton ami Pierre Maudet, tu t’es pris les pieds dans le tapis ! Alors toi, ce n’était pas les plages d’Abu Dhabi qui t’attiraient, c’était les plaines de Sibérie ! C’était beau, au moins ?
Franchement je suis déçue. Toi, argentier de génie, qui vantait il y a peu les mérites de l’impôt heureux dans un livre passionnant, en fait tu serais comme les autres ?
C’est vrai que ça m’a étonnée, au départ, cette histoire de voyages. Je me suis dit c’est pas possible, il est juste allé en Russie comme ça, pour son plaisir.
Ce qui m’a fait quand même tiquer, c’est cette histoire de forfait fiscal. Moi tu vois, j’aime bien payer des impôts, parce que ça fait des écoles, des routes et des hôpitaux. Mais quand même, j’échelonne, hein, j’appelle tes services et je demande un peu de temps, parce que c’est pas toujours facile, d’être un contribuable en règle et d’arriver à payer tout le reste.
Et tu vois ce qui me fait mal au ventre, c’est que Paulsen, lui, il a un gros rabais sur sa facture. Sous prétexte qu’il est étranger et qu’il ne bosse pas. Alors ça déjà, il faudrait vérifier, parce que pour un retraité, il a l’air assez actif avec son usine à St Prex.
Et puis même. Quand t’es ministre des Finances, tu pars pas admirer le lever de soleil sur la toundra avec un gros contribuable à qui toi, ou ton département, a fait un cadeau. Tu devrais le savoir, Pascal, en politique y’a pas d’amitié qui tienne, y’a que du business.
Marie, aucune enquête n’est ouverte encore…
Bien sûr, il est possible que ce voyage n’ait rien d’illégal, et que cela ne soit jamais jugé. Il est même possible que partager la vodka avec Paulsen n’ait rien changé à ton travail, ni à son statut fiscal.
Mais si cette vodka, si c’est lui qui te l’a payée, tu avais le devoir de ne pas la boire. Pascal, tu penses que si t’avais pas été ministre des finances, il t’aurait convié à son voyage, ton ami milliardaire ? Si tu avais été chef de gare ou coiffeur, même passionné de Sibérie, tu crois que Paulsen se serait arrangé pour trinquer avec toi ?
Toi qui adore les gros chiffres et les petites lettres, tu te rappelles de l’article 322 du code pénal ? C’est celui qui interdit « l’acceptation d’un avantage indû ». Un petit conseil, tu devrais le relire. Et si cette histoire tourne mal, tu pourras toujours lancer une agence de voyages avec Pierre Maudet. Ou ouvrir un chalet suisse à Krasnoïarsk. Pendant l’hiver, la fondue, ça tient au corps.
Allez, sans rancune.