Le président de la Confédération Ueli Maurer participait hier à une table ronde en marge du Forum de Davos. Sur le thème de la régulation des nouvelles technologies. Dans le domaine des données personnelles par exemple. Surprise : la Suisse a l’air d’avoir une doctrine dans ce domaine.
Oui, il est beaucoup question de régulation dans l’actualité. Surtout depuis que Facebook et le big data ont été mis en cause à plusieurs reprises. Mais la régulation publique des technologies, ça porte aussi sur le secteur financier. Les services bancaires, les cryptomonnaies genre bitcoin, la blockchain. C’est dire si ça concerne Genève et Lausanne.
Alors oui, figurez-vous que la Suisse a une doctrine en la matière. Et quand elle est expliquée très calmement par le président de la Confédération, on se concentre. Surtout lorsqu’on se rend compte qu’elle va très à contre-courant.
Vous voulez dire qu’Ueli Maurer est contre toute réglementation dans ces domaines ?
Non, pas tout à fait mais presque. Il ne faut pas vouloir réglementer des technologies, dit-il en substance, mais des processus. Et le plus souvent, ces processus ne sont guère différents de ce que les réglementations couvrent déjà.
Lorsque vous vendez quelque chose, et bien il y a un paiement. Voilà. Bockchain ou pas blockchain. Le code des obligations est déjà très bien fourni dans ce domaine. Pourquoi en rajouter ?
Oui, ça tombe sous le sens. Mais vous conviendrez que ça semble quand même un peu court.
J’en conviens. C’est pour cela qu’il faut bien mettre cela dans son contexte. Ueli Maurer est un pionnier du populisme en Europe. Il a tout de même présidé l’UDC pendant toutes les années 90 et au-delà, pour en faire le premier parti de Suisse. Or Davos a lieu cette année sous le signe du populisme. Après avoir accompagné toute l’épopée du néolibéralisme mondialisé pendant cinquante ans.
Que ce soit le populisme climatique ou celui du Brésilien Bolsonaro, première star du forum. Dans le fond, le président Maurer ne dépareille pas tant que cela à Davos.
Et quel rapport avec les technologies ?
Ce à quoi Maurer fait clairement allusion sans la nommer, c’est à la propension technocratique de l’Union Européenne à vouloir tout contrôler. Contrairement aux Etats-Unis par exemple, au hasard. A vouloir anticiper, même. Alors que les effets économiques et sociaux des nouvelles technologies sont notoirement imprévisibles dans la durée.
Alors ces propos doivent être tout fait audibles à Davos.
Oui. En fait, ce que Maurer défend, c’est l’idée qu’un Etat comme la Suisse ne doit pas prendre le risque de brider la révolution numérique chez lui en réglementant trop vite. Mieux vaut prendre le risque de devoir rattraper des dérapages ici ou là. Et si des régulations se mettent en place à l’échelle du monde ? Ou d’une grande puissance ? Eh bien on verra. On verra ce qu’on en fera.
Alors oui, ce genre de bon sens est toujours bon à prendre. Il est surtout libéral et très en phase avec les grands investisseurs dans les technologies. Et il y en a toujours beaucoup à Davos.
https://www.radiolac.ch/podcasts/economie-avec-francois-schaller-24012019-071340/