Le président d’UBS a surpris hier dans une interview en s’en prenant directement à la Banque nationale. Selon lui, le vrai risque pour l’économie suisse actuellement, ce ne sont pas les deux grandes banques (UBS et Credit Suisse). Ce serait la BNS en fait.
Vous l’avez dit, c’est très surprenant. C’est en général l’industrie qui critique la politique monétaire de la Banque nationale. Pas les banques. Parce que les banques dépendent étroitement de la BNS pour toutes sortes d’opérations. Et puis la BNS peut tuer n’importe quelle enseigne bancaire. Il suffit qu’elle y voie un danger systémique non maîtrisable pour la stabilité financière.
Là, UBS a de toute évidence très mal pris une petite phrase dans un rapport de la Banque nationale. Il était dit, ou plutôt rappelé pour la xième fois que les deux grandes banques représentaient toujours un risque systémique important pour la Suisse. Malgré une décennie entière de réglementations bancaires imposées par couches successives. Et bien UBS estime aujourd’hui que le risque a été réduit à près de zéro. Sinon l’on ne voit pas très bien pourquoi tout ce travail aurait été réalisé.
Oui, mais de là à faire passer la Banque nationale pour une institution plus risquée qu’UBS… Dans le genre « ce n’est pas moi, c’est lui », ça semble un peu puéril, non ?
On peut le voir comme cela. Et ça va énerver beaucoup de monde. Mais vous savez, ce que Sergio Ermotti a déclaré hier dans la presse du dimanche, c’est quand même ce que pensent et disent beaucoup d’économistes en privé. Et pas seulement des économistes, d’ailleurs.
La BNS ne pourra pas poursuivre indéfiniment sa politique monétaire protectionniste à l’égard des exportateurs. En créant des francs à tour de bras. En pratiquant en plus l’intérêt négatif pour réduire l’attractivité du franc en dollars et en euros. Pour rendre moins chères les exportations, en définitive. Ce qui est tout à fait louable.
Mais il y a bien un moment où il faudra atterrir. Or personne ne connaît la procédure d’atterrissage en douceur. Dire dans ces conditions que la BNS et son bilan démesuré sont une bombe à retardement ? Eh bien oui, ce n’est pas beaucoup plus fantaisiste que de le dire d’UBS par exemple.
Il me semble d’ailleurs que ce n’est pas la première fois qu’UBS a des états d’âme sur la BNS ces derniers temps…
C’était en septembre. La direction avait fait remarquer que ce n’était nullement le groupe bancaire qui avait sollicité son sauvetage dix ans plus tôt. C’était la BNS qui le lui avait imposé. Alors qu’UBS estimait pouvoir s’en sortir toute seule.
Ce sauvetage avait d’ailleurs rapporté plus de 6 milliards de francs au secteur public. Et l’on ne saura jamais ce qui se serait passé s’il n’y avait pas eu d’intervention. Ce qui est certain en revanche, c’est que l’action UBS n’est jamais remontée depuis lors. Parce que l’on ne sait pas où s’arrêteront les coûts d’une régulation apparemment sans fin. C’est certainement ce problème devenu chronique qui exaspère aujourd’hui la direction.