C’était dans l’air depuis quelques semaines. Cette fois c’est officiel. La filiale de livraison de repas d’Uber s’implante en Suisse. A partir de Genève. Comme les taxis Uber il y a trois ans. La différence, c’est que le groupe californien n’est pas seul cette fois.
Et ce n’est pas une petite différence. Pour un leader sur le plan international, s’en prendre à des opérateurs locaux bien implantés n’est jamais une mince affaire. Dans tous les domaines. La tentative avortée du groupe californien il y a deux ans à Zurich en témoigne.
Dans le cas des taxis Uber en Suisse, il s’agissait d’une innovation majeure. Elle bouleversait toutes sortes de règles et d’habitudes. A la vitesse de l’éclair et à l’échelle du monde. Eh bien ce n’est pas le cas d’Uber Eats. Eats comme « il mange »… Uber mange. Le marché s’étend, mais il est déjà occupé.
Parce que d’autres plateformes existent en Suisse depuis déjà plusieurs années.
Eat.ch et Smood.ch en particulier. Les deux applications ont leur réseau de restaurants. Surtout dans la cuisine italienne et ethno, mais pas seulement. On voit déjà leurs livreurs pédaler dans toutes les zones urbaines de Suisse. Et il y a encore des opérateurs de livraison plus locaux. Sans parler du leader européen, le britannique Deliveroo. Bien que son implantation en Suisse ait apparemment été reportée.
C’est une belle bataille qui s’annonce. Elle devrait bénéficier au consommateur.
Le temps de la bataille en tout cas. Si ça tourne en guerre des prix. Ce qui n’est pas certain en réalité. Surtout en Suisse, un petit marché sur lequel les économies d’échelle sont difficiles à obtenir. Uber Eats proclame dans ses quartiers généraux de San Francisco que son objectif est de devenir le leader mondial de la livraison de repas. Ce qui ne veut pas dire leader dans tous les pays.
Quels seront les tarifs d’Uber Eats en Suisse pour une livraison ?
Le destinataire devrait payer plus ou moins 5 francs. Ce qui correspond en gros à la rémunération du livreur, hors pourboires éventuels. Ce sera du même ordre de grandeur que la concurrence. Et puis les utilisateurs de ce genre de service n’en sont pas à 50 centimes près. Il y a aussi la commission de 30% par repas prélevée côté restaurateur. Ce qui correspond au coût standard d’un service en salle. Il n’y aura pas de confrontation sur ce plan.
Alors quels seront les avantages concurrentiels d’Uber Eats sur le marché suisse ?
La marque en premier lieu. Les abondantes controverses sur Uber ont beaucoup contribué à son immense notoriété. Et à son image d’innovateur. Les nombreux expatriés dans le bassin lémanique sont certainement la première cible. Les synergies ensuite. Les clients actuels d’Uber dans les taxis le seront plus facilement dans la livraison de repas. Et puis la puissance tout simplement. Uber Eats a un partenariat avec McDonalds. Sur 9000 points de vente dans le monde. Le réseau McDo, c’est tout de même une sacrée base pour démarrer en Suisse.