Les canaux FM pourront continuer d'exister après 2026. Le Conseil des Etats a soutenu mardi de justesse une motion du National qui demande au Conseil fédéral de renoncer à la désactivation prévue. Les centristes romands ont eu gain de cause.
Le gouvernement a décidé en 2023 de supprimer les canaux FM après le 31 décembre 2026. La désactivation, prévue depuis plus de 10 ans, a déjà été repoussée par deux fois, la dernière sur demande des radios régionales privées, qui craignent des pertes d'audience et de recettes.
La motion du National demande au Conseil fédéral de prolonger les concessions FM actuelles ou de lancer un nouvel appel d'offres pour l'attribution des concessions FM à partir du 1er janvier 2027. Le délai pour la désactivation devrait être repoussé au moins jusqu'à fin 2031 et fixé en concertation avec les radios privées.
Pertes en vue
Prolonger la FM temporairement n'empêche pas la migration progressive vers le DAB+, a rappelé Isabelle Chassot (Centre/FR). La désactivation de la FM par la SSR a par contre engendré des pertes d'audiences massives et inattendues. Le débat était tendu, ce que n'a pas manqué de souligné la présidente de la commission des télécommunications interrogée par Serge Jubin.
Les auditeurs suisses se sont reportés sur les radios FM étrangères, en tout cas dans les zones frontalières, a poursuivi Marianne Maret (Centre/VS), au nom de la commission. Une étude a constaté une augmentation de 13% de parts d'audience en moyenne chez les radios étrangères. C'est un phénomène qui menace la diversité médiatique et les radios régionales.
Pour les radios privées, une chute d'audience, même partielle, se traduirait immédiatement par une perte de recettes. Contrairement à la SSR, elles dépendent fortement de la publicité locale et régionale, a encore plaidé la Valaisanne. Sans compter que plus d'un million de véhicules ne sont pas encore équipés de récepteurs DAB+.
Technologie vieillissante
C'est la branche radio elle-même qui a décidé de passer au numérique, a critiqué Andrea Gmür-Schönenberger (Centre/LU). Les radios ont eu tout le temps pour se préparer. Freiner maintenant est une perte de temps et d'argent.
"On avait des cassettes dans les voitures, elles ont été remplacées par les CDs. Et maintenant ces derniers sont remplacés par les plateformes d'écoute", a abondé Damian Müller (PLR/LU). Il en va de même avec la FM et le DAB+. Ce n'est pas à l'Etat de soutenir une technologie vieillissante.
Le DAB+ est un succès massif, a encore défendu le ministre des télécommunications Albert Rösti. La diversité explose, avec 230 programmes disponibles, contre 40 il y a 10 ans. Et 90% de la population écoute la radio de manière numérique.
La Confédération a déjà investi 84 millions de francs, "l'argent du contribuable", dans le déploiement du DAB+. Il vaudrait mieux investir de l'argent dans le journalisme, et pas dans une structure appelée à être remplacée, a encore dit le conseiller fédéral UDC.
Centristes romands gagnants
En vain. Au vote, la Chambre a pris sa décision par 21 voix contre 18 et 5 abstentions.
Tous les partis étaient très partagés sur la question. Sauf l'UDC et les centristes romands, unanimement en faveur d'une prolongation. A gauche, il y a eu plusieurs abstentions, notamment romandes, qui ont contribué à faire pencher la balance.
Avec Keystone-ATS