Les comptes cantonaux 2023 bouclent sur un bénéfice global de plus de 2,2 milliards de francs. Genève empoche plus de la moitié grâce à un résultat exceptionnel. Mais bon nombre de cantons sont juste à l'équilibre, voire légèrement dans le rouge comme Vaud.
A ce jour, 25 cantons ont présenté leurs comptes pour l'année 2023. Treize ont enregistré un déficit. Dix-huit ont terminé au-dessus des prévisions. Genève figure comme exception notable dans le tableau: au lieu d'un déficit de 476 millions de francs budgétisé, le canton a engrangé un bénéfice de près de 1,4 milliard de francs.
Le deuxième plus haut résultat est celui de Zoug avec 461 millions. Côté romand, la performance est plus modeste à l'exception de Genève. Vaud, qui avait anticipé une perte de 230 millions, clôt son exercice sur une perte de 39 millions, premier déficit depuis 2004. Fribourg boucle juste à l'équilibre avec un bonus de peu plus de 200'000 francs.
Gros écarts par rapport aux budgets
Les comptes 2023 du canton du Jura, publiés jeudi, accusent un déficit de 11,8 millions de francs. Le Valais termine sur un plus de 34 millions, en recul toutefois de 22 millions par rapport à 2022. Les résultats de Neuchâtel manquent encore (ils seront publiés le 29 avril). Et Berne, qui prévoyait un excédent de 100'000 francs, clôture l'exercice sur un léger déficit de 13 millions.
Comme à leur habitude, les grands argentiers se sont montrés presque partout assez prudents dans leurs prévisions. Reste que de grandes différences apparaissent entre budgets et résultats. Zurich, qui avait budgétisé un trou de 353 millions, a réduit la perte à 2 millions. Bâle-Ville qui avait tablé sur un gain de 13 millions, termine avec +434 millions.
Des recettes fiscales à la baisse
Au bilan, les 25 cantons ont engrangé pour 2023 des bénéfices cumulés de l'ordre de 2,3 milliards. Une année auparavant, ils se montaient à 3,5 milliards. En 2023, la Banque nationale suisse (BNS) n'a rien versé aux cantons contrairement à 2022 (4 milliards).
"Les chiffres montrent des résultats 2023 en retrait par rapport à ce qui a prévalu depuis 2017. Les cantons n'affichent plus quasi systématiquement des bénéfices substantiels", indique à Keystone-ATS Nils Soguel, professeur de finances publiques à l'Institut des hautes études en administration publique (IDHEAP).
Cette situation est liée en partie à des recettes fiscales qui ont perdu de leur dynamisme sous l'effet d'un tassement de la croissance économique, poursuit-il. "Mais elle est surtout liée à une hausse des dépenses que les cantons peinent de plus en plus à maîtriser."
Une observation partagée par le grand argentier zurichois Ernst Stocker (UDC), président de la Conférence des directeurs cantonaux des finances (CDF). Aujourd'hui, les exigences augmentent et les coûts en matière de santé vont croître en raison du vieillissement de la population, un domaine essentiellement à la charge des cantons.
Genève, un cas à part
Concernant la situation en Suisse romande, Nils Soguel note que l'Etat de Genève se distingue par une volatilité des recettes beaucoup plus grande que dans les autres cantons. "Le tissu économique genevois est sensiblement plus exposé aux fluctuations internationales, pour le meilleur - ce qui fut le cas en 2023 - comme pour le pire", relève-t-il.
Dans les autres cantons, la dynamique est davantage portée par la consommation intérieure et l'investissement. Or cette dynamique s'est essoufflée en 2023, ajoute le directeur de l'IDHEAP.
A noter toutefois que certains cantons, comme Vaud, Fribourg ou même le Valais, sont parvenus ces dernières années à réduire leur niveau d'endettement beaucoup plus substantiellement que Genève, Jura ou Neuchâtel, rappelle M. Soguel. Ces trois derniers disposent en conséquence d'une marge de man½uvre réduite pour faire face aux enjeux futurs.
2024 s'annonce difficile. La majorité des cantons s'attend à un déficit malgré une reprise économique dynamique. Plusieurs ont d'ores et déjà annoncé des mesures d'économie.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats