Exploité par la Ville de Lausanne, le nouveau centre social de Saint-Martin accueille depuis neuf mois une population précarisée. Face à la guerre en Ukraine, l'établissement pourrait aussi être amené à faire une place à des réfugiés de ce pays. Reportage au coeur de ce dispositif d'aide d'urgence.
Le réfectoire est bondé un mercredi à midi. Mais aucun mot ukrainien ne semble résonner au milieu des couverts qui s'entrechoquent et des discussions animées. "Nous n'avons pas encore accueilli de personnes venues d'Ukraine, mais nous prévoyons une arrivée prochaine", explique à Keystone-ATS Yan Desarzens, directeur général de la Fondation Mère Sofia, qui gère la Soupe populaire.
A la Soupe, on est actuellement dans une période dite "d'analyse du risque" s'agissant d'un possible accueil de réfugiés du pays de l'Est. Les Ukrainiens qui bénéficieront du permis S ne devraient toutefois pas atterrir dans les locaux situés à proximité du pont Bessières. Ils seront pris en charge par la Confédération et les cantons.
"Ce sont surtout les Ukrainiens en provenance des pays limitrophes qui pourraient arriver chez nous", souligne M. Desarzens. La Fondation Mère Sofia a ainsi entamé des préparatifs pour cette arrivée qu'elle estime à d'ici un mois. "Nous sommes à la recherche d'un employé qui parle ukrainien afin de nous aider", relève-t-il.
Fréquentation importante
A l'intérieur, les places sont presque toutes prises et la queue devant les cuisines semble ne jamais s'arrêter. "On accueille entre 270 et 280 personnes par jour, un total auquel il faut ajouter une cinquantaine de personnes qui ne mange pas", détaille M. Desarzens.
Inauguré il y a neuf mois, ce nouveau complexe, financé par la Fondation pour la construction de logement (FLCL), propose différentes prestations sociales: accueil de jour, Soupe populaire, hébergement d'urgence et logements sociaux.
Retour aux tables du repas de midi avec Tarek, qui fréquente la Soupe populaire depuis huit mois. Il a quitté l'Espagne pour la Suisse en quête d'une vie meilleure. "Saint-Martin est un bon endroit pour se reposer. Il y a une grande mixité et l'équipe est géniale, ils m'apprennent même quelques recettes de cuisine", témoigne-t-il.
Cas de violence
Pourtant en discutant plus longuement avec ce jeune homme , mais aussi avec Francis, Marie-Julie ou encore Julien, tous trois habitués du centre, un bémol apparaît. "Certaines personnes peuvent être violentes et avoir des comportements déplacés. Cela n'arrive pas fréquemment, mais ce n'est jamais très agréable", confient-ils.
De par sa fonction, le dispositif de Saint-Martin est amené à accueillir des personnes souffrant d'alcoolisme ou de toxicomanie. Des addictions qui parfois se traduisent par des gestes agressifs.
Aide personnalisée
Peu après la mi-journée, les bénévoles de la Soupe commencent à ranger la salle et à fermer les portes avant le service du soir. Le temps est alors venu de laisser la place aux équipes du service social de la Ville de Lausanne. Elles apportent, elles aussi, une aide d'urgence aux individus, mais de manière différente que la Soupe populaire. "Ici nous souhaitons offrir une démarche plus individuelle aux personnes", résume Véronique Pochon, cheffe d'unité au service social.
Les gens peuvent venir réserver une chambre l'après-midi pour passer la nuit. "La fin de l'hiver est une période où la demande est très forte. Actuellement, tout est complet", dit Mme Pochon. Les services sociaux proposent sinon aussi des ateliers thématiques qui ont lieu le matin (entretiens personnalisés, élaboration d'un CV, aide administrative, cours de français, etc).
Le lendemain à 8h30, le réfectoire est à nouveau bien rempli et la queue se forme déjà devant le bâtiment de Saint-Martin. L'équipe sociale est déjà au four et au moulin pour assurer le service.
S'adapter en permanence
Juste avant l'ouverture, l'équipe a dû statuer sur la gestion d'un homme ivre et violent la veille. "C'est difficile de trancher, car il ne faut pas exclure brutalement une personne qui est déjà exclue de la société. Mais on doit aussi protéger les autres visiteurs", raconte Mme Pochon. L'homme sera finalement exclu du centre pour une semaine.
Alors que le petit déjeuner bat son plein, une petite table est installée pour permettre aux gens de venir poser leurs questions liées à des tracas administratifs. Les questions s'enchaînent, ce qui réjouit l'équipe en place, mais la fait également grimacer. "On doit parfois se démultiplier et surtout faire preuve de beaucoup d'adaptation", constate Mme Pochon.
Une situation dont est consciente Eliane Belser, responsable du dispositif d'aide sociale d'urgence de la Ville. "Ces deux dernières années ont été très compliquées pour nos équipes avec la crise sanitaire", reconnaît-elle. "Nous avons étoffé l'effectif" pour les renforcer, affirme-t-elle.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats