On vient d’apprendre que l’entreprise de technologies des mesures de pression Rüeger à Lausanne-Crissier a été vendue à un groupe japonais. Et cette nouvelle paraît un peu étrange.
Oui, parce qu’elle est tombée hier, c’est-à-dire un dimanche. Sur le site du quotidien Le Temps. En fait, c’est le repreneur qui l’a annoncé : Ashcroft aux Etats-Unis. Dans le Connecticut, entre New York et Boston. Mais Ashcroft a elle-même été acquise il y a quinze ans par le Japonais Nagano à Tokyo. Rüeger devient donc une filiale indirecte de Nagano.
Et l’annonce remonte en fait à vendredi.
Oui, sur le site d’Ashcroft. Ce qui est aussi étrange, c’est que le communiqué précise que l’opération ne sera finalisée que ces prochains jours. Alors que les frères Rüeger précisaient hier que le changement de direction aurait déjà lieu le 1er mai. C’est-à-dire après-demain. Ça va vite.
A part ces problèmes de communication, est-ce une bonne nouvelle pour la région lémanique ?
Plutôt non. C’est clairement une autonomie qui disparaît. Un centre de décision qui s’éloigne. Et l’on parle d’une centaine d’emplois dans le développement et la production à Crissier. Avec des sous-traitants de proximité.
Rüeger emploie aussi une centaine de personnes à l’étranger. Ce qui n’est pas bon signe en l’occurrence.
Oui, en Allemagne, en Chine, en Malaisie. Ashcroft est dans le même genre de technologies. Et très présent commercialement en Amérique du Nord et du Sud. Mais en Europe aussi. Son propriétaire japonais Nagano est aussi directement actif en Allemagne sur le plan industriel. Tous développent des systèmes permettant de mesurer et de maîtriser très précisément la pression dans des domaines spécifiques. L’industrie pétrolière, gazière, chimique, alimentaire, médicale, automobile, aéronautique, etc.
Vous voulez dire que la productivité du site de Crissier sera davantage mise en balance.
Oui, et par rapport à la proximité de la clientèle aussi. C’est-à-dire de la grande industrie.
Mais il y a ici un environnement technologique exceptionnel.
Certainement, avec un historique dans les technologies des capteurs à l’Ecole polytechnique de Lausanne. Qui fait de la recherche et forme de futurs spécialistes. Parce que c’est dans ce domaine que ça se passe. Rüeger a une spécialité de mesure de la pression à des températures de plus de mille degrés par exemple. Mais l’EPFL est elle-même en concurrence avec de nombreux centre d’excellence dans le monde.
On aurait pu imaginer que Rüeger reste indépendant ? Ou que l’entreprise soit reprise par des investisseurs suisses ?
Oui, et c’est un peu décevant. Par une entreprise suisse par exemple ?… Mais dans le même genre d’activité, on ne voit guère qu’Inficon à Bad Ragaz. Cotée sur le marché des actions. Encore aurait-il fallu qu’elle soit intéressée, et au prix demandé. Ou alors un fonds d’investissement en vue d’une cotation… Mais Rüeger n’avait probablement pas une taille suffisante. Et ces alternatives, comme d’autres d’ailleurs, n’auraient pas non plus été sans risque pour l’avenir du site de Crissier.
https://www.radiolac.ch/podcasts/economie-avec-francois-schaller-29042019-074440/