La saison 20-21 du Grand Théâtre de Genève (GTG) est placée sous le signe de la réalité augmentée. Pour sa seconde programmation à la tête de l'institution lyrique, Aviel Cahn propose dix opéras: des grands classiques, des oeuvres moins connues et des pièces baroques.
Pandémie de Covid-19 oblige, la saison 20-21 a été dévoilée jeudi par vidéo. "Espérons qu'elle aura lieu", a déclaré en préambule la présidente du Conseil de fondation du GTG Lorella Bertani. La saison 19-20 a été interrompue à la mi-mars, ce qui empêche le nouveau directeur de tirer un bilan. Aviel Cahn relève toutefois l'ouverture du public pour des oeuvres moins connues, tandis qu'il a été plus difficile de remplir la salle avec de grands titres.
Du côté financier, les pertes sont en train d'être calculées et pourraient atteindre 1,5 à 3 millions de francs sur un budget de 60 millions. Des discussions sont en cours avec la Ville et le canton de Genève ainsi qu'avec l'Office fédéral de la culture concernant des aides. A noter que les discussions sur la participation de l'Etat aux frais de fonctionnement fixes du GTG sont, elles, au point mort.
Dix opéras
Dans l'impossibilité de savoir quel sera l'impact du coronavirus sur les arts vivants, M. Cahn a élaboré une saison 20-21 complète. Elle débutera avec "Turandot", de Puccini, avec - en première suisse - la version finale composée par Luciano Berio. L'Américain Daniel Kramer assurera la mise en scène de cette création, tandis que le collectif japonais teamLab créera la scénographie et la vidéo.
Un autre grand classique viendra clore la saison: "La Traviata", de Verdi, dans une mise en scène de Karin Henkel, figure de proue du théâtre allemand. Il sera monté au Bâtiment des Forces Motrices, afin de permettre les travaux urgents de remplacement de la partie informatique de la machinerie du GTG, financés par un mécène privé.
"La Clémence de Titus", de Mozart, et "Parsifal", de Wagner, figurent aussi à l'affiche. Le premier permettra au Suisse Milo Rau, connu pour son théâtre très politique, de se lancer dans la mise en scène d'opéra. Quant au second, il réunira de grandes voix wagnériennes - Daniel Brenna, Mika Kares et Tanja Ariane Baumgartner - dans une mise en scène épurée de l'Allemand Michael Thalheimer.
Répertoire moins connu
Jonathan Nott, chef attitré de l'Orchestre de la Suisse romande, dirigera sa formation dans "Parsifal". Plus tôt dans la saison, il assurera aussi la direction musicale de "Pelléas et Mélisande", de Debussy. Les chorégraphes belges Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet mettront en scène ce drame lyrique dans un décor imaginé par l'artiste serbe Marina Abramović.
Dans un répertoire moins connu, le GTG programme aussi pour la première fois "L'Affaire Makropoulos", de Janáček. Cette production de l'Opéra des Flandres, que M. Cahn a dirigé pendant dix ans, est mise en scène par le cinéaste hongrois Kornél Mundruczó. Pour les fêtes de fin d'année, la scène de la place Neuve accueillera l'opérette "Candide", de Leonard Bernstein, mise en scène par l'Australien Barrie Kosky, pour la première fois à Genève.
La saison 20-21 propose encore deux oeuvres baroques: pour deux dates seulement, une mise en scène de Robert Wilson du "Messie", dans la version de Mozart, ainsi que "Didon et Enée", de Purcell, avec la cheffe française Emmanuelle Haïm à la direction artistique et la compagnie de danse belge Peeping Tom à la mise en scène. En création mondiale, le GTG présentera "Le Soldat de plomb", d'après Andersen, pour le jeune public.
Succès de La Plage
En danse, le corps de ballet travaillera à nouveau avec les chorégraphes Sidi Larbi Cherkaoui, Andonis Foniadakis et Jeroen Verbruggen, tandis qu'il sera dirigé pour la première fois par le Sud-Africain Fana Tshabalala dans "Better Sun", en création mondiale. Anne Teresa De Keersmaeker et sa compagnie Rosas seront de retour, avec "Drumming" de Steve Reich.
La saison 20-21 propose encore quatre récitals et deux concerts, dont l'oratorio "Paulus", de Mendelssohn, à la Cathédrale St-Pierre. Fort de son succès, le programme de médiation culturelle La Plage se poursuit et s'enrichit de nouvelles propositions. Le GTG va aussi renforcer ses collaborations avec d'autres institutions culturelles de la région.