14 ans et demi et 14 ans de prison. Ce sont les peines requises par le procureur, Dario Nikolic, pour les deux agresseurs de Saint-Jean. Il a estimé que "leur faute était immense, gravissime". Ils se sont rendus coupables d'une double tentative d'assassinat.
Ils sont accusés d'avoir agressé, en compagnie de trois autres mineurs, deux trentenaires, le 7 janvier 2017 sur les voies couvertes de Saint-Jean. Une agression qui a laissé les deux hommes lourdement handicapés.
Le procureur a estimé que le mobile de cette agression était particulièrement égoïste, que les agresseurs ont agi de sang froid, sans scrupules, en ne tenant absolument pas compte de la vie d'autrui. Pour le procureur, ils ont planifié l’attaque. Les deux victimes ont été choisies au hasard et ils ont frappé juste pour se défouler. Leur faute est donc extrêmement lourde. Après les avoir frappé à coups de batte de baseball, de casque de moto et de coups de pied dans la tête, façon pénalty, alors qu'elles étaient à terre et inconscientes, ils ont fui, sans leur porter secours.
14 ans et demi de prison pour celui que le procureur décrit comme le leader du groupe, malgré une responsabilité légèrement restreinte à cause de ses troubles de personnalité. Et une peine de 14 ans de prison pour l’autre accusé brésilien assortie d’une exclusion de 15 ans du territoire suisse. Les lésions infligées aux victimes sont telles qu’elles sont comme mortes.
Revenant sur l’alcool, il a exclu toute réduction de leur responsabilité. Les accusés ont bu pour commettre les actes et ne peuvent évoquer leur ivresse pour se dédouaner. Le procureur a également souligné « leur collaboration lamentable » durant l’instruction, n’hésitant pas à faire porter le chapeau aux autres membres du groupe. Il doute de leur prise de conscience.
Le procureur a requis la prison immédiate pour les deux accusés. Les mesures de substitution n’étant pas adéquates, vu le risque de fuite. Sur ce point, le Tribunal criminel s'est déterminé à huis clos. Il a estimé que le risque de fuite n'était pas si important et a maintenu ces mesures.
Après le procureur ce matin, c’était au tour des avocats des victimes de s’exprimer cet après-midi. Aperçu de l'audience.
Laura Santonino est l’avocate de W. Suite à l’agression, son cerveau a été très endommagé. Aujourd’hui, il ne peut plus vivre sans assistance et il souffre de graves crises d’épilepsie. L’avocate est revenue longuement sur l’acte barbare, brutal et cruel commis par les Brathers. Cette bande de cinq jeunes. La clique des Charmilles dont le but était de se faire craindre par le quartier. Dont le but était de frapper des victimes aux hasard. D’improviser des bagarres ou de les organiser à l’avance. «L’agression de Saint-Jean concerne chaque citoyen dit-elle. Les victimes pourraient être chacun d’entre nous».
Suit la plaidoirie de Simon Ntah, l’avocat de la deuxième victime, si atteinte qu’elle ne peut plus parler, ni marcher, ni même s’alimenter. Il revient sur les références des Brathers : un groupe de rap avec une chanson qui dit : « on boit, on boit jusqu’à la haine et ensuite on tape encore et encore ». Pour lui, l’agression était planifiée. L’après-midi déjà, l’accusé s’est armé de la batte de baseball. Un objet capable d’envoyer une balle à 300 mètres et qui a servi à défoncer la tête de son client.
Dans sa plaidoirie, l’avocate Laura Santonino est revenue sur la fonction devrait avoir un procès. On l'écoute.
L'audience se poursuit vendredi avec les avocats de la défense. Le verdict devrait tomber mardi.