Le Ministère public vaudois a ouvert une procédure pénale contre l'exploitante d'un centre d'esthétique de la région lausannoise qui pratiquait des interventions illégalement avec des produits non conformes achetés sur Internet. Il ne s'agit pas d'un cas isolé. Les autorités appellent à la prudence.
Le 25 janvier, une perquisition a été effectuée pour les besoins d'une procédure pénale dans un centre d'esthétique de la région lausannoise, a communiqué lundi la police cantonale vaudoise. L'exploitante, une Suissesse âgée de 36 ans, était soupçonnée d'utiliser des produits et dispositifs médicaux sans posséder les qualifications professionnelles requises.
Cette opération a été exécutée par quatre inspecteurs de la police de sûreté vaudoise placés sous la direction du procureur en charge de l'enquête, qui est intervenu personnellement sur les lieux en compagnie de la pharmacienne cantonale adjointe. Elle a permis la saisie d'un grand nombre de produits, dispositifs médicaux et appareils laser, achetés pour la plupart sur des sites de vente en ligne, "qui ne répondaient manifestement pas aux exigences légales".
L'exploitante de l'institut de beauté ne remplissait de toute manière pas les conditions lui permettant de pratiquer des soins esthétiques au moyen des produits, dispositifs et appareils saisis, ajoute la police. Elle a été remise en liberté au terme de son audition. Le matériel séquestré a été transmis à l'Office du médecin cantonal pour de plus amples contrôles. Les investigations se poursuivent sous la responsabilité du procureur chargé de l’enquête.
Injections dangereuses
Selon le Département de la santé publique et de l'action sociale (DSAS), qui a communiqué séparément dans la foulée, le cabinet concerné avait fait l'objet de signalements concernant des injections de Botox et d'acide hyaluronique. Ces deux produits sont employés pour raffermir la peau, au niveau du visage principalement. Or ils peuvent être dangereux pour la santé et doivent être administrés par des professionnels habilités, souligne le Canton.
"Selon la loi, l'acide hyaluronique injectable est un dispositif médical et la toxine botulique (Botox) un médicament soumis à autorisation", explique le DSAS. "Son utilisation est donc réservée aux médecins titulaires d'une autorisation de pratiquer, voire à des infirmiers diplômés disposant d'une formation spécifique et opérant sous le contrôle direct d'un médecin. Les cabinets esthétiques ne disposent en aucun cas des autorisations légales."
Des injections mal réalisées d'acide hyaluronique peuvent boucher les petits vaisseaux qui nourrissent la peau et provoquer de graves nécroses, et dans certains cas mener à une hospitalisation, détaille le DSAS. Les mesures d'hygiène nécessaires à ce type d'administration sont également importantes et le risque infectieux n'est pas négligeable si les mesures ne sont pas respectées.
La qualité des produits est également un problème. L'administration "bon marché" d'acide hyaluronique est le plus souvent réalisée avec des produits contrefaits commandés à moindre coût en Asie, selon le DSAS. Les produits injectables à base d'acide hyaluronique destinés aux traitements antirides ne peuvent être mis sur le marché et utilisés en Suisse que s'ils ont été soumis à une procédure d'évaluation de la conformité et qu'ils disposent d'un certificat CE.
Le DSAS ne spécifie pas les risques associés au Botox. Mais il indique que cette substance doit être injectée uniquement par des médecins spécialistes possédant les qualifications appropriées.
Autres signalements
Dans son communiqué, le département écrit que "plusieurs" centres d'esthétique faisant la "promotion" de ces produits ont fait l'objet de signalements récemment. "Deux autres enquêtes ont été ouvertes l'année dernière pour le même genre de pratiques", a précisé à Keystone-ATS Jean-Christophe Sauterel, responsable communication à la police cantonale.
La multiplication de ces affaires et les inquiétudes du milieu médical ont poussé à communiquer et à lancer un appel à la vigilance, ajoute Jean-Christophe Sauterel. L'Office du médecin cantonal invite ainsi celles ou ceux qui souhaitent se faire injecter du Botox ou de l'acide hyaluronique à vérifier que les personnes qui proposent ces interventions sont autorisées à le faire.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats