L’annonce était attendue et elle est enfin tombée : on connaît le nom du nouveau président exécutif de Raiffeisen à l’échelle suisse: Heinz Huber. Que peut-on en déduire par rapport à l’avenir de cette grande banque coopérative ?
Par rapport à son passé récent tout d’abord. Un crise de gouvernance qui s’est ouverte avec une sombre affaire pénale contre son ancien président. Cet ancien dirigeant avait dirigé Raiffeisen pendant vingt ans. De manière peut-être autocratique, mais Raiffeisen est devenue une grande banque suisse. La troisième actuellement.
Tous les dirigeants ayant fait carrière dans la banque pendant cette période ont été remplacés ces derniers mois. Le nouveau président du conseil dirigeait auparavant la Banque cantonale de Bâle. Heinz Huber, le nouveau CEO, dirige la Banque cantonale de Thurgovie. C’est donc un tandem profilé banques cantonales qui va prendre en main le destin de Raiffeisen.
Banques cantonales et Raiffeisen, ce n’est pourtant pas la même culture bancaire.
Ce sont quand même des banques de proximité qui peuvent devenir importantes sur leur marché de référence. Raiffeisen était la banque des campagnes, comme l’on disait. Ces vingt dernières années, elle a pris une importance considérable dans les zones urbaines.
Les clients apprécient d’être pris en charge par une coopérative plutôt que par une banque qui rémunère ses actionnaires.
C’est d’ailleurs tout à fait dans l’air du temps.
Surtout depuis la crise de 2008. Raiffeisen s’est modernisé, s’est développé en offrant tous les services bancaires courants. Avec un succès considérable.
Le problème, c’est qu’il y a 250 coopératives régionales Raiffeisen en Suisse. Près de 2 millions de sociétaires qui ont l’impression d’avoir perdu toute influence. D’autres grandes entreprises coopératives ont connu ce genre de questionnement. A commencer par Migros, Coop. Les compagnies assurances Mobilière ou Vaudoise. Avec des tensions internes entre anciens et modernes.
Raiffeisen pourrait redevenir la banque traditionnelle qu’elle a longtemps été ?
La nomination de Heinz Huber ne semble d’ailleurs nullement aller ce sens. Après vingt années de croissance soutenue, Raiffeisen doit simplement consolider. Pas revenir en arrière.
Pour l’anecdote, Heinz Huber a fait ses études à Rochester, dans l’Etat de New York. Et à Harvard. De quoi rassurer d’abord l’autorité de régulation bancaire. Cette chère Finma qui raisonne et travaille en anglais au plus haut niveau.
Parce que c’est surtout la Finma qui met actuellement Raiffeisen sous pression.
Exactement, pour que Raiffeisen devienne une société anonyme. Parce que la régulation bancaire n’est pas faite pour les coopératives. Il va certainement falloir trouver le bon compromis. Comme dans le cas probablement de Mobilière ou de Vaudoise : une société anonyme dont l’actionnaire majoritaire serait la fédération des coopératives Raiffeisen. Ça permettrait aussi de faire en sorte que cette grande mutuelle développe de nouvelles activités pour ses sociétaires. En dehors du secteur bancaire, bien entendu.