On parle peu du franc actuellement. Comme s’il était voué à rester à des niveaux tournant autour des 1,10 contre euro. C’est plutôt une bonne chose pour les séjours et les achats en Europe. Mais ce n’est pas très encourageant pour les exportations.
Il est effectivement prévu depuis quelques mois que la valeur extérieure de l’euro augmente cette année, ce qui relâcherait un peu la pression sur le franc. Mais les choses ont assez mal commencé en Europe. Il est question de revoir une nouvelle fois les prévisions de croissance économique vers le bas.
C’est dire si la première hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne depuis la crise de 2008 a peu de chances d’intervenir cet été comme prévu. Mieux vaut ne pas y toucher pour laisser toutes ses chances à l’économie de ne pas trop ralentir. Tout cela va dans le sens d’un nouvel affaiblissement de l’euro. Donc d’un renforcement du franc.
Il se pourrait donc que les exportateurs se remettent à protester contre la Banque nationale.
On les a surtout entendu en 2015 lorsque la BNS a abandonné sa défense d’un taux plancher à 1.20 contre euro. La BNS disait à l’époque que l’industrie était capable d’absorber encore ce choc en réduisant ses coûts. C’est finalement ce qui s’est passé. Et le niveau du franc est relativement stable depuis l’été 2017. Autour des 1,15. Alors ça va.
C’est quand le franc est très recherché et que les taux de change varient beaucoup vers le haut que l’industrie est prise à la gorge. Quelqu’un s’est intéressé à vos produits ? Il se rend compte tout d’un coup qu’ils valent 5, 10, 15, 20% plus cher. Eh bien il renonce et va voir du côté de l’Allemagne. Avant la crise de 2008, l’euro valait près de 1,70 francs. Il a perdu près d’un tiers de sa valeur dans les années 2010. Il ne faudrait pas que ce genre de calvaire se reproduise.
L’industrie suisse avait pourtant l’air en pleine forme ces dernières années.
Oui, sur le plan des ventes et des marges. Et des ventes à partir de filiales en Europe ou en Asie. Mais c’est l’emploi industriel en Suisse qui a subi des pertes. Il y a heureusement de nouveaux emplois qui se créent dans les technologies. Pare que l’objectif numéro un de la politique économique en Suisse, c’est de préserver de l’emploi dans l’industrie. C’est beaucoup plus difficile qu’en Allemagne.
Pourquoi l’Allemagne précisément ?
Parce que l’Allemagne est l’immense concurrente de la Suisse. Dans la chimie-pharmacie et dans l’industrie des métaux et des machines en particulier. Et l’Allemagne a réussi politiquement le coup de génie de bénéficier d’une monnaie continuellement affaiblie par les problèmes internes de l’Europe. C’est comme cela que l’industrie allemande d’exportation est devenue la première du monde. Devant la Chine et le Japon.
Alors il faudrait que la Suisse adopte l’euro !
Et sans adhérer pour autant à l’Union Européenne. Ça semble bien impossible aujourd’hui vu de Bruxelles, mais ce ne le sera peut-être pas éternellement. Et puis il faudrait que les Suisses soient d’accord. Et ça, ça paraît très compliqué.
https://www.radiolac.ch/podcasts/economie-avec-francois-schaller-29012019-071339/