Les médecins de famille et de l'enfance vaudois (mfev) sont consternés par la décision unilatérale du Département de la santé (DSAS) de baisser la valeur du point TarMed au 1er janvier 2022. Ils s'opposent avec vigueur à cette "mesure injustifiée et contre-productive". Le DSAS s'étonne de cette position.
En guise de cadeau de Noël, les mfev (médecins généralistes et internistes, praticiens, pédiatres) ont pris connaissance le 24 décembre dernier de la décision de la conseillère d'Etat Rebecca Ruiz de refuser d'entériner les conventions établies entre partenaires (médecins et assureurs) pour 2022 et 2023 et et de baisser la valeur du point TarMed avec effet au 1er janvier 2022, écrivent-ils mercredi dans un communiqué.
Cette décision unilatérale, qui fait suite à divers signes de manque de reconnaissance de la médecine de premier recours dans le canton, va impacter très négativement la qualité des soins ambulatoires vaudois. Elle fait fi du respect des partenaires impliqués, estiment les mfev.
Efforts conformes
Représentant 40% des médecins indépendants vaudois, ces derniers dénoncent une perte de confiance envers le Département de la santé. Les traitements qu'ils facturent sont déjà inférieurs à la moyenne suisse, malgré une valeur de point plus haute que dans d'autres cantons, ce en raison d'un volume de prestations inférieur.
Les mfev se conforment très largement aux exigences de la Confédération pour une neutralité des coûts (moins de 3% d'augmentation des coûts annuels): depuis 2015, le coût par assuré des mfev n'a augmenté que de 0,5% par an.
Efficience diminuée
Diminuer la valeur du point de 95 à 92 ct à terme est une solution de facilité dont les conséquences négatives seront prépondérantes. Elle atteindra prioritairement les médecins de famille et de l'enfance et ne traitera pas le problème de l'augmentation des coûts de la santé là où il le faudrait, a expliqué Claude Bertoncini, président du Groupement des pédiatres vaudois à Keystone-ATS.
Les conséquences seront une diminution de la capacité de rémunération des assistantes médicales, un report de consultations sur les centres ambulatoires ou les services d'urgence. Ces derniers ont des coûts de facturation plus élevés, souligne M. Bertoncini.
D'autre part, cela accentuera la baisse d'attractivité du métier de médecin de premier recours, qui fait déjà face à une relève très problématique.
Etude demandée
Les mfev déplorent qu'une vraie étude de l'impact sur l'efficience des soins pour le secteur ambulatoire indépendant n'ait pas été faite en regard d'une baisse globale de la valeur de point TarMed. Ils exigent que la proposition du Département de la santé soit immédiatement retirée en l'absence d'une telle étude.
Les médecins de famille demandent que la valeur actuelle du point négociée avec les assureurs maladie soit conservée. Ils souhaitent également présenter aux autorités leurs solutions pour faire baisser les primes, a relevé M. Bertoncini. Un courrier dans ce sens a déjà été envoyé à tous les membres du Conseil d'Etat et du Parlement.
Intention connue
Cette intention du Conseil d’Etat est publique et connue depuis de nombreux mois, relève le DSAS. Il s’étonne de la position des mfve, dès lors que la Société vaudoise de médecine (SVM) a accepté une baisse de la valeur du point tarifaire (VPT) de 1 centime pour deux des trois groupes d’assureurs.
Par cohérence avec ces deux accords et par responsabilité de l’Etat vis-à-vis des payeurs de primes, le DSAS a indiqué vouloir refuser l’approbation de la troisième convention: elle prévoit une VPT plus élevée que les deux autres négociées entre médecins et assureurs pour 2022.
Aussi, s'agissant de la différence de revenus entre médecins généralistes et spécialistes, ces différences résultent de la structure tarifaire du TarMed, pour laquelle les cantons n’ont aucune compétence, explique le DSAS.
Echange proposé
Le DSAS soutient par ailleurs de nombreuses mesures en faveur de la médecine de premier recours, en particulier la médecine de famille, à hauteur d’environ 16 millions annuels, rappelle-t-il. Suite aux inquiétudes exprimées par ces derniers et les pédiatres, la cheffe du Département Rebecca Ruiz les a invités à un échange pour examiner quels renforcements supplémentaires pourraient être envisagés.
Le canton rappelle encore qu'il connaît une des VPT les plus élevées au niveau suisse (95 centimes en 2021, contre 87 ct en moyenne suisse en 2020). Cette VPT ne repose sur aucune donnée objective, ni aucun chiffre validé, qui justifie une telle différence avec les VPT d’autres cantons, souligne le Département.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats