Migros vient de communiquer ses résultats annuels, et vous allez saisir cette occasion pour nous parler de Manor. A propos de Globus d’ailleurs. C’est un peu tordu, non ?
Oui et non. En fait, les résultats du groupe Migros sont comme ceux du groupe Coop. Bien difficiles à interpréter. Parce qu’il s’agit de véritables conglomérats très diversifiés à plus ou moins 30 milliards de francs de ventes annuelles. Y compris les exportations alimentaires du groupe Migros par exemple. Ou le fait que ces deux géants sont aussi les leaders confortables du commerce en ligne en Suisse.
Mais Migros insiste beaucoup cette année sur la réorganisation de sa filiale Globus. Et Globus, ce sont des grands magasins. Or il n’y a pas 36 000 enseignes de grands magasins en Suisse. Et le leader, c’est clairement Manor. 60 grands magasins dans les villes du pays. 60% de parts de marché environ.
Alors pourquoi vous ne nous parlez pas directement de Manor ?
Parce qu’on ne sait pas grand-chose de Manor, en fait. C’est une entreprise familiale très discrète sur la marche de ses affaires. Et c’est bien son droit. Le groupe est en concurrence frontale avec des enseignes internationales genre H&M dans le textile. Qui ne communiquent pas du tout sur leurs affaires en Suisse. On constate juste que les somptueuses campagnes d’affichage de H&M ont pas mal baissé pavillon ces dernières années.
Parce que tout le monde est sur la défensive par rapport aux achats transfrontaliers des Suisses.
Oui, dans leurs déplacements de plus en plus fréquents à l’étranger. Et sur le web bien entendu. Les grands magasins sont en quelque sorte des multispécialistes dans le non-alimentaire. Ils sont particulièrement malmenés dans pas mal de leurs spécialités. La mode, l’habitat, le life style. Ce sont eux qui souffrent le plus dans le commerce de détail. Et le non-alimentaire, c’est 70% des ventes de Manor.
Qui sont les autres grands magasins, à part Manor et Globus ?
Euh… Coop City. Et ça s’arrête là à l’échelle nationale. Le holding familial de Manor est basé à Genève, dans les locaux de la rue de Cornavin. Mais l’opérationnel est à Bâle. La ville des importateurs, avec son port et sa grande gare de marchandises. C’est 800 personnes à la direction et dans le back office de Manor là-bas. L’effectif a baissé de 200 personnes récemment.
Sur combien d’employés dans le groupe ?
Un peu moins de 10 000. Un niveau assez stable en fait. Les effectifs des points de vente ne sont guère réductibles dans le non-alimentaire. Il faut des vendeuses et des vendeurs.
Et que font les grands magasins pour résister ou remonter la pente ?
Ils investissent à fond. Dans l’organisation, le numérique, ce que le client ne voit pas forcément. Et dans l’élargissement de l’offre. Voire des surfaces, comme à Lausanne. C’est ce que le groupe Migros claironne en ce moment avec Globus. Et Coop avec Coop City. Mais Manor avait clairement pris les devants. Et là, le leader des grands magasins avait donné un chiffre. Il y a trois ans. Un demi-milliard d’investissements d’ici 2020. On y sera bientôt.
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