Ils dénoncent un manque de ressources, un personnel insuffisant, de l'épuisement et le sous-encadrement des jeunes. La mauvaise gestion du foyer par l'Hospice général, la Fondation de la jeunesse et les autorités cantonales est pointée du doigt. Une situation intenable avec en toile de fond le non-transfert du foyer de l'Etoile à la Fondation de la jeunesse.
À Genève, les éducateurs du foyer de l'Etoile tirent la sonnette d'alarme. Ils déplorent un manque de ressources, un personnel insuffisant, l'épuisement chronique des équipes et le sous-encadrement des requérants d’asile mineurs non accompagnés (RMNA) et des jeunes majeurs. Le personnel, constitué d'une vingtaine de personnes, est composé de neuf éducateurs qui doivent s'occuper de 41 RMNA. Au foyer vivent également 66 jeunes majeurs. Le soir à partir de 20h et les week-ends les éducateurs doivent également s'occuper de ces jeunes majeurs et le plus souvent, il n'y a qu'un ou deux éducateurs pour 107 personnes. Une situation invivable. Ecoutez une représentante du personnel du foyer de l'Etoile.
Pour Dario Lopreno, membre du syndicat des services publics à Genève, il s'agit même de maltraitance vis-à-vis de ces jeunes.
Depuis fin 2019, l'Hospice général annonce au personnel du foyer de l'Etoile, sous la responsabilité de l'Hospice général donc, que les requérants mineurs non accompagnés (RMNA) vont être transférés à la Fondation de la jeunesse. Un transfert sans cesse réaffirmé et à chaque fois repoussé, officiellement en raison d'un manque de lieux et à cause du Covid. En tout et pour tout, la date de transfert aura changé sept fois. Aujourd'hui, il serait prévu pour l'automne 2022. En outre, de nombreuses réunions ont été sollicitées ainsi qu'un protocole d'accord qui n'ont jamais obtenus de réponse.
"Le foyer c'est une prison"
Depuis plusieurs années, des manquements dans l’encadrement et l’accompagnement de cette population doublement vulnérable sont pointés du doigt. En 2018, déjà, un rapport de la Cour des comptes pointait du doigt les conditions d’hébergement des RMNA, qu'elle jugeait "rudimentaires" et relevait des problématiques de bruit, d’insécurité et de promiscuité au sein du centre. Des conditions de vie qui mèneront, en mars 2019, au suicide du jeune Ali alors âgé de 18 ans. Une situation déjà dénoncée à l'époque par ces jeunes et qui l'est toujours aujourd'hui. Ecoutez une représente du personnel du foyer de l'Etoile.
Par ailleurs, de nombreux reproches sont adressés aux autorités cantonales. Ecoutez Dario Lopreno.
Les syndicats ont d'ailleurs présenté des revendications. Ils demandent à ce que Le Conseil d'Etat contraignent l'Hospice général et la Fondation pour la jeunesse (FoJ) à ouvrir des négociations tripartites ainsi qu'une date de transfert fixe et la confirmation de la prise en charge par la FoJ de tous les jeunes en dessous de 18 ans. Ils réclament également que tout le personnel de l'Etoile soit transféré à l'Hospice général à des postes aussi compatibles que possibles ou qu'ils soient repris par la FoJ dans les foyers pour RMNA. Une information claire et rassurante fournie aux mineurs et aux jeunes majeurs afin de désamorcer leurs craintes sur ce transfert a également été demandée. Les syndicats réclament également que les structures mises en place pour les mineurs ou jeunes majeurs soient à taille humaine, pour une dizaine de jeunes maximum et avec un suivi psycho-social, sanitaire et scolaire.
Un courrier sera adressé aux autorités du canton mercredi. Si les syndicats n'obtiennent pas une vraie avancée, ils organiseront une journée porte ouverte à la mi-janvier afin de sensibiliser l'opinion publique et faire comprendre à la population les conditions de vie des requérants. Des mesures de lutte plus fortes sont également envisagées si cela ne suffit pas.