Alors que la crise sanitaire provoquée par le coronavirus fait rage, les banques cantonales romandes veulent pleinement jouer leur rôle de soutien à l'économie. Les PME en difficultés devraient trouver une oreille attentive auprès de ces institutions contrôlées par les cantons et garantes d'un certain service à la collectivité.
"Le Conseil fédéral s'attend une contribution des banques afin que les PME et de l'économie ne manquent pas de liquidités". Le message délivré lundi par la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga a le mérite d'être clair. Alors que le gouvernement décrétait l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire national, il n'a pas oublié le secteur bancaire, invité poliment à ne pas se recroqueviller pour laisser passer la tempête.
Dans un contexte de quasi-paralysie de l'économie, les PME constituent les maillons de la chaîne pouvant être le plus facilement fragilisés. Au Tessin, Bancastato lance mardi un signal fort à leur adresse, en suspendant jusqu'en septembre l'amortissement des crédits pour toute entreprise de petite et moyenne taille qui en fera la demande.
Dans le premier canton suisse touché par le coronavirus, les mesures dépasseront les simples crédits. Bancastato s'est engagé avec la coopérative PMI Ost-Sud à fournir des cautions aux PME tessinoises, afin de les abreuver en liquidités si besoin. La banque ne fournit aucune précision sur l'effet de ces mesures sur ses résultats.
Côté romand, la Banque cantonale de Neuchâtel (BCN) a prévu un dispositif similaire, notamment en termes de crédits. "Pour l'instant, nous n'envisageons pas de moratoire généralisé mais traitons les demandes au cas par cas", a indiqué à AWP le directeur général Pierre-Alain Leuenberger.
La fondation de cautionnement de la BCN pourra soulager la trésorerie d'entreprises mises à mal par la crise sanitaire, dans un canton où l'industrie d'exportation est très présente. "Nous nous attendons à des aides publiques également", avertit M. Leuenberger.
Résilience des entreprises
La situation actuelle "implique un assouplissement de certains critères" en termes de gestion du risque. Si le risque de contrepartie dans les crédits venait à augmenter fortement, cela affecterait les résultats de la banque.
La Banque cantonale du Valais (BCVs) a dégainé la semaine dernière, lors de sa conférence de presse annuelle. Le directeur Pascal Perruchoud s'est engagé à aider des entreprises en proie à des problèmes de liquidités. Le secteur du tourisme est le premier touché par le coronavirus dans ce canton.
L'engagement de la Banque cantonale vaudoise (BCV) ne faiblira pas, comme lors des crises passées, assure l'établissement. Celui-ci a pris des mesures pour "maintenir ses services de conseil". Ces dernières années, les entreprises vaudoises, très diversifiées, ont montré une forte capacité de résistance et d'adaptation, considère la BCV dans une prise de position écrite.
"Rien n'est encore déterminé" pour la Banque cantonale du Jura (BCJ). Les options seront étudiées au cas par cas, a expliqué une porte-parole. La Banque cantonale de Genève (BCGE) devrait publier ces prochaines heures un message destiné à sa clientèle entreprise.
"Nous appliquons (...) le report d'amortissements contractuels pour notre clientèle entreprise, à savoir la possibilité de suspendre les amortissements pour les échéances contractuelles de mars 2020 et juin 2020", explique Christophe Mettler, porte-parole de la Banque cantonale de Fribourg, évoquant des demandes de plus en plus nombreuses de la clientèle entreprises. La BCF annonce également l'octroi de nouveaux crédits "cautionnés CRC" et permet le dépassement de crédit, mais de manière ciblée.
La banque fribourgeoise planche sur d'éventuelles mesures supplémentaires, empreintes de "bon de sens et de pragmatisme" dans l'appréciation des dossiers. La BCF sera affectée par les retombées du coronavirus, à l'image de l'ensemble des acteurs économiques, considère M. Mettler.