Dans le flux des informations économiques au jour le jour, celles qui concernent le secteur primaire en Suisse ne manquent jamais. Et le secteur primaire en Suisse, eh bien c’est l’agriculture.
J’en ai retenu une aujourd’hui. Elle concerne les apprentis. Figurez-vous qu’ils sont en hausse régulière depuis des années dans l’agriculture. 3580 personnes acquièrent actuellement une formation pratique de base dans les métiers de la terre. Les CFC d’agriculteur (certificats fédéraux de capacité) ont augmenté de près de 10% depuis cinq ans.
Mais il n’y a pas que les agriculteurs proprement dit dans les métiers de la terre.
Non, bien entendu. Il y a des viticulteurs, des arboriculteurs, des maraîchers ou encore des aviculteurs (la volaille). Il n’y a pas de certificat fédéral d’apiculture en revanche (les abeilles). Ça c’est du ressort des cantons. Avec des cours qui se donnent en général le soir.
En fait, cette attirance pour l’agriculture est assez paradoxale. Parce qu’à peu près tous les indicateurs du secteur son en baisse depuis le siècle dernier. Il ne reste que 50.000 exploitations agricoles en Suisse. Il y en avait encore 80 000 il y a deux décennies. Et l’emploi ne cesse de diminuer. 160 000 actifs aujourd’hui. Eh bien, euh… c’est à peine 40 000 de plus que le nombre de chômeurs en Suisse, si vous me permettez cette comparaison. La Suisse ayant l’un des taux de chômage le plus bas d’Europe…
Alors comment se fait-il que ces métiers sur la défensive attirent davantage d’apprentis ?
Les mauvaises langues vous diront que les apprentis, c’est de la main d’œuvre bon marché. Mais c’est très court comme explication. L’agriculture suisse a depuis longtemps des filières de formation cantonales et fédérales diversifiées. Elles commencent par l’apprentissage et vont jusqu’aux plus hauts niveaux universitaires. En passant par les écoles cantonales et les hautes écoles spécialisées. Avec toutes les passerelles imaginables. Sans parler des formations continues.
C’est vraiment l’intérêt des jeunes qui est en augmentation. Venant aussi des zones urbaines. Mais il n’y a rien de très étonnant dans le fond. L’appel de la nature, l’environnement tout simplement. Le vrai, pas l’idéalisé ni le fantasmé. Le grand air, une certaine indépendance, des hiérarchies assez plates. Les études de motivation sont tout à fait claires à ce sujet.
Il peut aussi y avoir l’attirance des machines et des process d’ailleurs. Ils sont devenus très sophistiqués. On parle aussi d’agriculture 4.0, vous savez. Avec la numérisation, l’internet des objets…
Et puis ces formations agricoles n’ont en général guère de problèmes de débouchés. Vous savez qu’il devient de plus en plus rare en Suisse que l’on termine sa vie professionnelle dans le même métier que celui dans lequel on a commencé. Voire le même secteur. Les gens qui ont une vraie expérience de terrain, de la terre en l’occurrence, auront toujours un plus à faire valoir. C’est de plus en plus recherché. Dans les nombreuses activités de l’environnement et de l’alimentaire en premier lieu, mais pas seulement.