IBM annonce que le groupe Carrefour rejoint sa plateforme de traçabilité alimentaire. Avec son modèle incluant la blockchain. Tous les ingrédients d’un bon marketing à première vue. Vous François, vous pensez que c’est un jalon vers ce qui nous attend dans les supermarchés.
La blockchain, c’est un peu comme la physique quantique, voyez-vous. Il n’est pas nécessaire de tout comprendre pour se rendre compte du potentiel. Alors imaginez que vous passiez d’un rayon à l’autre dans un supermarché. Avec votre smartphone. Une application vous permet d’identifier chaque produit avec tout son historique de production, de fabrication de conditionnement, de livraison.
Regardez ces belles pommes de terre rissolées. Elles ont été cultivées en bio dans trois exploitations agricoles de Roumanie (adresses exactes, entre telles et telles dates précises, etc). Elles ont été acheminées en train et triées dans un centre d’Allemagne orientale. Importées en camion à motorisation hybride à Kreuzlingen (Thurgovie). Coupées et conditionnées dans telle unité de production des grands groupes suisses de distribution. Congelées à telle date, livrées à telle heure dans votre supermarché, etc. Avec nom et photo de tous les intervenants. Oui, tout est transparent. Et surtout authentique et infalsifiable, grâce à la blockchain.
Vu d’ici, ça semble surtout illisible et très fastidieux.
C’est probablement l’application de votre smartphone qui fera alors de la mise en forme. Avec des degrés de précision et d’abstraction à choisir sur un menu. Un résumé, de petites étoiles d’évaluation, des comparaisons, des classements sur demande… Et une pincée de réalité augmentée probablement.
Et ce sera généralisé dans combien de temps ?
Disons dans dix ans, peut-être moins. C’est-à-dire demain. En fait, c’est un vaste et lourd processus qui se déroule en plusieurs étapes. Le maître d’œuvre de cette évolution n’est pas non plus une start-up exaltée et improbable. C’est en fait IBM. La grande pionnière de l’informatique, devenue vénérable institution. A la recherche de nouvelles vocations. Celle-là semble lui convenir particulièrement bien.
IBM a mis sur pied une première plateforme intitulée IBM Food Trust. Accessible sur le web. Elle l’a testée pendant dix-huit mois avec des grands noms comme Walmart aux Etats-Unis, Unilever au Royaume-Uni et Pays-Bas. Et Nestlé en Suisse. IBM a annoncé hier que la phase opérationnelle avait commencé. Le groupe français Carrefour est entré à son tour en jeu.
C’est la phase de traçabilité entre professionnels. D’autres entreprises utilisatrices et d’autres développeurs devraient assez vite porter l’affaire dans sa phase grand public. C’est là que l’on verra dans quelle mesure les gens veulent vraiment tout savoir sur ce qu’ils mangent.