Victime de harcèlement caractérisé dans le cadre de l'affaire de harcèlement sexuel qui secoue le milieu syndical à Genève, Marina* a décidé de témoigner de ce qu'elle a vécu, ressenti et de l'impact de cette affaire sur sa santé.
Il y a trois mois sortait dans la presse le témoignage d’une dizaine de femmes harcelées sexuellement par un syndicaliste genevois. Si l’affaire a secoué le monde syndical à Genève, trois mois plus tard, la situation est au point mort. L’employeur de l’accusé n’a toujours pas pris position et aucune sanction n’a été prise. Les avocates des plaignantes expliquent que leurs clientes sont mécontentes de la procédure mise en place par l'employeur.
Marina*, une des victimes, raconte son harcèlement. Tout commence en 2010. A cette époque, Marina, qui travaille dans le milieu syndical, était en contact avec l'accusé qui travaille lui aussi dans le même milieu. Son harcèlement commence quand il lui demande son numéro et qu'elle refuse. Loin de se décourager, l'accusé l'invite à dîner, ce que Marina refuse. Elle lui propose tout de même de déjeuner ensemble, ce qu'elle fait avec tous ses collègues. Lors de ce repas, il tente de lui prendre la main, Marina se rétracte et les choses en restent là. S'ensuivent quelques échanges de mails à caractères déplacés, l'un d'eux finit par un "Je te veux". Une situation qui atteint son paroxysme le jour où il s’en prend physiquement à elle. Le témoignage de Marina, qui a tenu à rester anonyme et dont la voix a été modifiée.
"On ne m'aurait pas cru"
Passé le choc de cette agression, Marina pense dans un premier temps à se saisir de son syndicat et à porter plainte. Puis, elle décide finalement de se raviser car elle pense que son histoire sera banalisée. "On ne m'aurait pas cru" affirme-t-elle. Les détails de Marina.
Une fois l'affaire sortie, elle s'attendait à avoir un soutien total des différents syndicats, mais Marina déchante. Malgré le fait qu'elle soit pleinement soutenue par son syndicat, elle déplore qu'une certaine frange du milieu syndical continue à défendre l'accusé.
Des conséquences sur la santé
Bien qu'à l'époque elle a préféré se taire et ne pas penser à ce qu'elle avait vécu, c'est aujourd'hui, au vu des proportions que prend l'affaire, que Marina ressent les effets de cette violence sur sa santé. La raison: elle ne digère pas la gestion de l'affaire par l'employeur et la durée de la procédure. Par ailleurs, les avocates des victimes se sont également plaintes du manque d'écoute de l'employeur qui a refusé leurs demandes d'être davantage impliquées dans la procédure.
Aujourd'hui, Marina ne souhaite qu'une chose: que l'accusé soit sanctionné afin de pouvoir définitivement tourner la page.
*Prénom d'emprunt