Il a été condamné à 18 mois de peine privative de liberté avec sursis, assortie de trois ans de délai d'épreuve. Cet homme, qui exerce encore en tant que coach sportif, a été interdit à vie de toute activité impliquant des contacts réguliers avec des mineurs.
Le Tribunal a estimé que les déclarations de la plaignante qui étaient constantes et riches en détails l'emportaient sur celle du prévenu. Ce dernier, aujourd'hui âgé de 55 ans, a contesté tous les faits qui lui étaient reprochés, à part des baisers avec la langue.
L'homme a admis toutefois avoir entretenu une relation amoureuse et sentimentale avec sa joueuse. "En tant qu'adulte, j'aurais dû résister", a-t-il concédé. "Mais j'étais comme un junior idiot, même si j'avais 40 ans". Il a affirmé qu'elle avait 16 ans quand ils ont couché ensemble. Elle dit qu'elle n'en avait que 15.
Les faits qui vont crescendo débutent en été 2008. Lors d'un camp d'entraînement au Tessin, il a embrassé l'adolescente après lui avoir déclaré ses sentiments. Des massages ont ensuite dérapé lors d'un championnat à l'étranger. Des actes d'ordre sexuel ont lieu dans la voiture du coach. Une dizaine de rapports sexuels se déroulent avant les 16 ans de la jeune fille.
Emprise
La procureure My-Linh Pombo-Schifferli, qui avait requis une peine privative de liberté de 20 mois avec sursis, a décrit un "homme qui aime la chair fraîche". Elle a décortiqué le "mode opératoire de ce manipulateur" qui réussit à avoir de l'emprise sur les joueuses en s'immisçant dans leur vie sportive et personnelle.
Ce coach a exploité le jeune âge de sa victime en profitant de son statut de mentor, selon la procureure dont la ligne a été suivie par le Tribunal. "Il n'y a jamais eu de contrainte, mais elle n'avait pas la maturité nécessaire pour consentir", a relevé Laura Santonino, l'avocate de la plaignante.
A 15 ans, cette adolescente trop grande, trop maigre et bourrée d'acné s'est sentie valorisée. Elle pensait être amoureuse, mais cet homme l'a mise dans un carcan, a expliqué son avocate.
De la honte
La basketteuse, qui a aujourd'hui 30 ans, a mis des années pour réaliser que cette relation de deux ans et demi était malsaine. Elle a finalement réussi à livrer son secret à son compagnon en 2019 et a porté plainte en 2021, "pas par vengeance, mais pour éviter qu'une autre fille ne se retrouve dans cette situation".
"J'ai essayé d'enfouir, car il y avait beaucoup de honte, de culpabilité et de gêne. Je ne voulais pas qu'on pense que j'avais été nommée capitaine de l'équipe à cause de cette relation", a-t-elle expliqué jeudi. Sans compter que son père était un ami de ce coach avec lequel il avait monté une académie de basket.
Elle a décrit devant le Tribunal de police les années de dépression latente et de boulimie qui ont suivi. Le travail de reconstruction entamée auprès d'une psychiatre n'est pas encore terminé. Sa première expérience sexuelle est marquée à tout jamais par la honte, le mensonge et le secret.
Des regrets
L'homme a exprimé ses regrets et des excuses considérées comme sincères, mais se défend fermement d'être un prédateur sexuel. Son avocate Evelyne Bouchaara avait plaidé l'acquittement, sauf pour les baisers. Selon l'avocate, cette procédure a servi à la plaignante à révéler cette relation à sa famille, car son secret avait trop débordé.