Le verdict du procès de l'incendie du foyer des Tattes est tombé ce vendredi après-midi devant le tribunal de Police de Genève. Sur les cinq prévenus, trois ont été condamnés et deux ont été acquittés. L’accusé principal a été condamné à 15 mois de prison avec sursis. Le coordinateur sécurité de l'Hospice général a été acquitté.
Le requérant qui avait fumé et cuisiné dans sa chambre a été condamné pour homicide et incendie par négligence pour la mort d'un Erythréen de 29 ans, asphyxié dans une cage d'escalier, et de lésions corporelles par négligence pour les 15 autres blessés qui avaient sauté par la fenêtre, dans la panique. "Sa faute est très importante", a estimé le Tribunal de police. L'individu a émis des regrets sincères mais ils ont été ternis par sa négation des faits durant l’enquête.
L'autre requérant soupçonné d'avoir omis de porter secours est quant à lui acquitté. Le Tribunal a admis qu'il a frappé à la loge des agents en les avertissant qu'il y avait le feu.
L’agent de sécurité qui a tenté d’éteindre le feu a été lui aussi reconnu coupable par le tribunal d’homicide et de lésions corporelles par négligence. En agissant comme un pompier plutôt que comme un agent de sécurité, il a commis une faute, selon le tribunal qui le condamne à 240 jours-amendes avec sursis. En revanche, il n'a pas omis volontairement de porter secours et il est acquitté de ce chef d'accusation.
Recours envisagé
Quant au deuxième agent de sécurité qui l’a aidé, il est aussi reconnu coupable d'homicide par négligence et de lésions corporelles par négligence mais sa faute est moindre, selon le Tribunal. Il est condamné à 180 jours-amendes avec sursis. Pour son avocat Lorenzo Paruzzolo, cette condamnation est inacceptable.
Il va conseiller à son client de faire recours de cette décision dans les 20 jours, pour que l'affaire puisse être jugée par trois juges et non pas un seul.
Responsable sécurité acquitté
Enfin le dernier prévenu, le responsable sécurité de l’Hospice général a été acquitté, aucun lien de causalité n’a pu être établi par le tribunal entre la mort du requérant et des manquements dans la sécurité. La réaction de son avocat, Maître Pascal Junod.
Pour l’avocate de la famille du requérant décédé dans l’incendie, le responsable de la sécurité aurait dû être condamné. Maitre Magali Buser
Pour Leila Batou, avocate d'autres victimes, cet acquittement est un anachronisme.
Le coordinateur sécurité de l'Hospice était en charge de 45 foyers à Genève.
Plusieurs peines pécuniaires ont aussi été prononcées contre les accusés pour dédommager les requérants blessés dans l'incendie. Les montants vont de CHF 500.- à CHF 35'000.-.
Solidarités Tattes réagit
Pour Solidarité Tattes, la déception est énorme. Il aura fallu huit ans pour rendre l’injustice, déplore Viviane. "Ils n’ont fait que de chercher qui avait mis le feu mais à aucun moment, il n’a été question de la situation chaotique des Tattes. Les mamans mettaient des plaques électriques pour chauffer leurs bébés tellement les locaux étaient vétustes et l’hospice le savait", dénonce la militante.
Elle se dit horrifiée par ce verdict. Le Responsable sécurité de l’Hospice général était aussi responsable des Tattes. Pour l’association, la responsabilité de l’Etat est complète et les trois condamnés ne sont que de "pauvres types", qui n’ont pas les moyens de payer les dommages-intérêts pour tort moral alloués par le tribunal.