Confrontés à des propositions jugées inacceptables de la part du patronat, des travailleurs de la construction à Genève ont voté massivement pour une grève. Ils entendent défendre leurs acquis sociaux dans le cadre des négociations sur la convention nationale du secteur.
Les 3 et 4 novembre prochains, les chantiers genevois risquent de tourner au ralenti, voire de s’arrêter complètement. À l’issue d’un vote, 94 % des maçons ayant participé à la consultation ont validé un appel à la grève.
Le mouvement s’inscrit dans le cadre tendu du renouvellement de la convention nationale du secteur principal de la construction. En Suisse, elle définit les conditions de travail d’environ 80'000 ouvriers du bâtiment.
Des revendications jugées « inacceptables »
Selon les syndicats SIT et Unia, la Société suisse des entrepreneurs serait arrivée à la table des négociations avec la volonté de « démanteler » les acquis sociaux du secteur, en proposant:
- une flexibilisation accrue du temps de travail, avec des semaines pouvant dépasser les 50 heures sans majoration d’heures supplémentaires ;
l’extension du travail au samedi, sans compensation ;
- un affaiblissement des protections en cas de maladie ou de licenciement ;
- l’instauration d’un système de salaires au mérite, que les syndicats jugent inéquitable, notamment pour les travailleurs temporaires.
Pour les ouvriers, ces demandes sont perçues comme une attaque frontale contre des droits obtenus de haute lutte. Ils dénoncent également un manque de reconnaissance de la pénibilité croissante de leur métier, dans un contexte de réchauffement climatique qui rend le travail sur les chantiers encore plus éprouvant.
Une mobilisation forte?
Tout au long du mois de septembre, les syndicats ont mené une consultation approfondie sur les chantiers genevois, afin de permettre aux travailleurs de se prononcer sur les actions à mener. Le taux massif de votes en faveur de la grève témoigne d’une détermination forte et largement partagée.
Lors d’une conférence de presse, les représentants de SIT et Unia ont souligné le caractère exemplaire de cette mobilisation. À travers une action symbolique mettant en scène un loup menaçant les conditions de travail, les syndicats ont voulu illustrer la pression exercée par le patronat, mais aussi la volonté des travailleurs de « montrer les dents » face à ce qu’ils considèrent comme une tentative de démantèlement social.
Si les journées de grève des 3 et 4 novembre constituent la première réponse organisée, la mobilisation pourrait se poursuivre si les négociations n’évoluent pas dans un sens jugé acceptable par les travailleurs. Pour l’heure, aucun accord n’a été trouvé, et les positions semblent largement divergentes.
En attendant, les syndicats appellent la population à soutenir les maçons: « Par tous les temps, dans toutes les conditions, ce sont eux qui participent à la construction et à la richesse de ce pays », ont-ils rappelé en conclusion de leur prise de parole.
Avec IA