"Cette ouverture est un moment très important pour Genève Aéroport", a expliqué lundi devant la presse le directeur général André Schneider. Ce nouvel édifice revêt une dimension stratégique très forte pour l'exploitant du tarmac de Cointrin, car il vient remplacer l'ancien pavillon dévolu aux gros porteurs, construit à titre provisoire en 1975.
Le bâtiment aura nécessité dix ans de chantier, dont cinq ans de travaux préparatoires. Il s'agit d'un "parallélépipède métallique au design industriel" d'une longueur de 520 mètres, note Genève Aéroport. A capacité maximale, l'Aile Est pourra accueillir 2800 passagers par heure au départ et 3000 aux arrivées.
"Nous ne sommes pas dans une logique de croissance, un facteur que nous ne maîtrisons pas. Ce nouveau bâtiment vise à offrir aux compagnies des conditions au niveau d'un aéroport moderne", a affirmé le patron. Jusqu'ici, les passagers de vols continentaux et intercontinentaux hors-Schengen devaient passer par un tunnel peu accueillant et prendre un bus qui les conduisait vers l'appareil. Désormais, tout se fera avec des passerelles depuis le terminal.
Après une journée inaugurale et un aller-retour entre Genève et New York, l'Aile Est passera à 20 vols quotidiens puis 40 vols par jour pour la période de Noël. "Même si nous sommes encore en pleine crise, nous allons récupérer vers la fin de l'année presque l'absolue majorité des destinations intercontinentales. Il manquera juste la Chine, le Qatar et l'Ile Maurice", a précisé M. Schneider.
Le patron de l'aéroport estime que le trafic passager retrouvera ses niveaux d'avant-crise à Cointrin d'ici 2024 ou 2025.
Les compagnies d'accord de payer plus
Genève Aéroport a consenti à un investissement total de quelque 610 millions de francs pour ce projet. L'amortissement se fera sur 30 ans, à hauteur d'environ 20 millions de francs par an. Le retard causé par la crise sanitaire a entraîné un surcoût de 0,5 million de francs, a expliqué à AWP Philippe Moraga, directeur des infrastructures.
Selon André Schneider, l'amortissement ainsi que les coûts d'exploitation de l'Aile Est ne terniront pas la rentabilité de l'aéroport, puisque les redevances seront adaptées à la hausse. "Les compagnies aériennes ont déjà donné leur accord, même si elles essaient de rogner sur les coûts en raison de la crise", selon le directeur général.
Le projet, porté par le consortium RBI-T et dirigé par l'"architecte-designer" Graham Stirk, a fait la part belle à la dimension énergétique. Le nouveau bâtiment présente ainsi un bilan énergétique positif, le courant excédentaire étant réinjecté dans le réseau de l'aéroport. L'édifice est doté de 3400 panneaux photovoltaïques pour une surface de 7000 mètres carrés et une production annuelle de 1,48 gigawattheures. A terme, la surface sera portée à 45'000 mètres carrés.
A l'avenir, l'Aile Est sera raccordée à Genilac, le réseau thermique fonctionnant grâce à l'eau du Léman, appelé à remplacer les sources d'énergie fossiles.
Cette mise en service en pleine crise ne pose pas de problème particulier, selon André Schneider. La pandémie a cependant contraint l'exploitant du tarmac genevois à reporter la cérémonie officielle d'inauguration, qui sera organisée en 2022, le printemps prochain au plus tôt.