Depuis une semaine, les huit pompes de cette station Total d'Annemasse (Haute-Savoie), à une quinzaine de minutes de route de la frontière, sont prises d'assaut du matin au soir. La fréquentation y a plus que doublé, atteignant désormais 1700 personnes par jour, dont une importante clientèle helvétique, attirée par la perspective d'un plein soldé.
Les stations services ne désemplissent pas de l'autre côté de la frontière genevoise. Avec la nouvelle ristourne accordée depuis le 1er septembre par le gouvernement français, elles sont prises d'assaut, du matin au soir.
A la station Total d’Annemasse, la fréquentation a même doublé avec désormais 1700 clients par jour...
Il faut dire que le prix de l’essence affiche de 50 à 70 centimes d'écart par litre, par rapport à la Suisse. Alors la perspective d’un plein soldé en attire plus d’un...
Ce week-end à Gaillard, une voiture sur deux dans la file d'attente était immatriculée en Suisse.
Avec l'entrée en vigueur des dernières remises de l'Etat et de Total sur le carburant, tous les clients du géant pétrolier français bénéficient d'une réduction de 38 centimes d'euros par litre jusqu'au 1er octobre.
Des économies bienvenues pour les automobilistes suisses, dont le gouvernement n'a pour l'heure pas jugé nécessaire de mettre en place des mesures de soutien au pouvoir d'achat, dans un pays relativement épargné par l'inflation, limitée à 3,4% sur un an en juillet, contre 6,1% en France.
Ils profitent également d'un taux de change historiquement bas: après la parité atteinte au cours de l'été, la monnaie européenne s'est durablement installée sous le franc suisse, un euro s'échangeant désormais contre 0,97 franc.
"Tempête dans un bidon d'essence"
Cette double ristourne représente "50 à 70 centimes (par litre) par rapport à la Suisse" calcule Michel Santos, Genevois de 41 ans, soit une "belle différence, entre 30 et 40 francs (entre 30,9 et 41,2EUR) pour un plein.
Car si le litre de sans plomb ne coûte qu'1,38 EUR dans cette station, il atteint effectivement 2,17 EUR quelques kilomètres plus loin, de l'autre côté de la douane.
De quoi raviver les tensions frontalières, récurrentes dans une région qui compte de nombreux travailleurs frontaliers français.
"Il faut pas qu'on aide les riches, il faut pas qu'on aide nos amis Suisses. Il faut absolument qu'on aide les Français qui en ont le plus besoin", déclarait début août le sénateur UDI de Haute-Savoie Loïc Hervé.
Une "tempête dans un bidon d'essence", lui avait répondu quelques jours plus tard Mauro Poggia, conseiller d'Etat (exécutif) du canton de Genève.
"Pendant des décennies (...) tous les travailleurs frontaliers venaient faire leur plein en Suisse et pas en France parce c'était moins cher", rappelait-il, le carburant étant moins taxé chez les Helvètes.
Face à cet afflux de clients, la station-service haut-savoyarde se ravitaille désormais tous les jours, contre un jour sur deux auparavant, et prépare des aménagements.
"On est en recherche de personnel pour avoir quelqu'un qui va nous faire du service en piste" et qui "servira le gasoil ou l'essence", explique Shana Drut.
"Avec la fréquentation et de temps en temps les vols", complète-t-elle, "on ne peut pas tout gérer."
Une situation qui ne va pas s'arranger: la station se prépare à sa plus forte affluence de l'année à l'occasion du pont du Jeûne genevois ce week-end.