Les fonctionnaires genevois ont défilé dans une partie de la ville pour dénoncer notamment le blocage des mécanismes salariaux dans le projet de budget 2022, avec la suspension des annuités, du 13e salaire progressif et de la prime d'ancienneté.
Ces mesures représentent des économies de 6 millions de francs "sur le dos du personnel" selon les syndicats qui dénoncent pêle-mêle le blocage des dossiers urgents, l'absence de volonté de négocier du Conseil administratif et les "nombreuses tentatives" de raboter les conditions de travail.
Plusieurs piquets de grève étaient organisés dès ce matin, à la voirie, à la bibliothèque de la cité, devant le Grand théâtre ou encore devant le Muséum d’histoire naturelle. A midi, rendez-vous était donné aux Bastions pour un pique-nique, puis un cortège à travers la ville dès 14 heures. Quelque 600 employés municipaux l’ont suivi sur les 4000 que compte la Ville de Genève. A 15 heures, les grévistes réunis en Assemblée générale à la pointe de la Jonction ont voté un préavis de grève pour le 11 novembre si le Conseil administratif ne retire pas son projet. Le mouvement pourrait être reconduite le 12.
Piquets de grève et défilé
Dans le cortège, Thierry* travaille au Grand théâtre. Si le gel des mécanismes est adopté, il craint de perdre beaucoup. On l’écoute.
Carole*, travaille dans un musée. Elle craint pour son avenir.
A la bibliothèque de la cité, il y a Françoise*: Elle est bibliothécaire et bientôt à la retraite. Mais elle se soucie des plus jeunes.
Préavis de grève le 11 novembre
Les grévistes, réunis en Assemblée générale à la pointe de la Jonction, ont voté un préavis de grève pour le 11 novembre si le Conseil administratif ne retire pas son projet. Qui pourrait être reconduite le 12. Notez que Grand théâtre a maintenu sa représentation. Mais sans le personnel de la ville.
RFFA pointée du doigt
Dans le collimateur des grévistes, la réforme de la fiscalité des entreprises, RFFA, qui provoque un manque à gagner de 50 à 60 millions de francs pour la Ville de Genève. D’où le gel des mécanismes salariaux. Les précisions de Valérie Buchs, secrétaire syndicale au SIT.
Le budget de 2022 présente un déficit de près de 41 millions. Ce que vise le Conseil administratif : un budget équilibré en 2027. Des négociations sont prévues d’ici la fin du mois. La grève sera reconduite si le Conseil administratif maintient son projet de budget.
Employés de la voirie fâchés
Pour le personnel de la voirie, c’est un fort sentiment d’injustice qui les anime. Ils relèvent la pénibilité de leur travail. Dès 4 heures du matin, ils sont dans les rues pour les nettoyer, les balayer, à Genève-plage, devant l’Usine, où parfois les fêtards les haranguent. De la colère aussi parce que durant la pandémie, ils étaient là, fidèles au poste, même sans masques. Ils ont pris des risques. Les employés de la voirie sont souvent d’origine étrangère «parce que les Suisses, depuis les années 70, ne veulent plus faire ce travail », comme l’a dit l’un d’eux. Ils ne comprennent pas pourquoi on veut leur enlever leur prime d’ancienneté et leurs annuités. Tout ça à cause de «cadeaux faits aux entreprises». Dans le collimateur, la réforme de la fiscalité RFFA. Les grévistes ne veulent pas servir de variable d’ajustement pour un budget déficitaire.
*prénoms d'emprunt