La Finma a validé la semaine dernière la création du fonds Schneider-Ammann. 500 millions de francs pour des start-up en phase d’industrialisation. C’est ambitieux à l’échelle suisse.
Oui, à l’échelle suisse. Parce que la France a débloqué dix milliards d’euros pour l’innovation industrielle il n’y a pas si longtemps. Des fonds publics. Ce n’est pas le cas de ce trésor en voie de constitution entre Berne et Zurich. Il s’agira exclusivement de capitaux privés.
D’ailleurs on ne sait pas très bien comment qualifier ce fonds. Officiellement, c’est le Swiss Entrepreneurs Fund. C’est son nom. Alors est-ce un fonds de la Confédération, ou un fonds fédéral, voire un fonds national ? Oui, vous avez raison, c’est le Fonds Schneider-Ammann. Voilà, ce sera son petit nom.
L’autorisation a été donnée, mais l’argent n’est pas encore là.
Oui, et 500 millions, c’est un seuil. La compagnie d’assurance Mobilière a fait une promesse ferme de 100 millions. Swisscom pourrait souscrire aussi. UBS et Credit Suisse sont associés au projet depuis que l’ancien conseiller fédéral Schneider-Ammann l’a lancé il y a deux ans. Mais là c’est plus compliqué. Ces banques ont des actionnaires avec des exigences de résultat.
Mais il y a suffisamment de bonnes start-up en Suisse pour créer de la valeur.
C’est la vraie question. Celle de la masse critique. Des start-up technologiques surtout. Parce que chaque start-up représente des risques importants. Il y a beaucoup d’argent à perdre. Il faut donc diversifier et décorréler les investissements avec une stratégie et selon toutes sortes de critères possibles. C’est tout un art. Le faire à l’échelle du monde ? Eh bien c’est plus facile et moins risqué au final que de le faire à l’échelle d’un Etat.
UBS et Credit Suisse ont une grande expérience dans ce domaine. Ce sont eux qui se chargeraient de la sélection des entreprises dans lesquelles investir ?
Oui, à ce stade apparemment. Et je vous laisse imaginer les critiques que ça ne manquera pas susciter. Cette activité d’investissement porte un nom anglophone qui n’a pas d’équivalent en français : c’est le private equity. Pratiqué par un fonds dans les limites d’un pays comme la Suisse ? Avec toute la notabilité économique dans le conseil de fondation et le conseil consultatif ? Eh bien chaque échec demandera des explications publiques. On ne va pas s’ennuyer.
Je vous sens un peu sceptique. Le but est quand même d’attirer des investisseurs moins en vue qu’UBS ou Credit Suisse !
Oui, et ça peu fort bien réussir ! Avec des investisseurs privés surtout. Ils ont parfois une propension plus élevée à prendre des risques. Des family offices, pourquoi pas ? S’ils sont d’accord d’augmenter leur visibilité.
Je suis plus sceptique sur l’intérêt des caisses de pension. Toujours très évoqué dans ce genre de circonstance. C’est un vieux débat. Faut-il que l’argent de nos retraites prenne ce genre de risque ? La question est inflammable et ouverte en permanence. Alors je ne crois pas que les caisses de pension aient envie de trancher à ce stade. Sans trop savoir où ça les mènerait.
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