Un homme d'affaires vaudois a été condamné vendredi par le Tribunal criminel de Lausanne pour plusieurs escroqueries, dont l'obtention frauduleuse de crédits Covid. Il écope de six ans et demi de prison.
A la tête de plusieurs sociétés en difficultés financières, mais sans lien avec la pandémie, l'entrepreneur avait touché environ trois millions de francs au printemps 2020. Il y était parvenu en transmettant des informations mensongères, notamment en gonflant ses chiffres d'affaires.
Ces crédits Covid ont constitué pour lui "une aubaine" alors qu'il se trouvait "aux abois", tenaillé par ses créanciers, a estimé la Cour. "Il n'a pas hésité une seconde à bafouer le principe de confiance", qui sous-entendait l'octroi de tels crédits. Il s'est ainsi montré "dangereux pour la société", ont affirmé les juges.
Le Ministère public, par la voix du procureur Anton Rüsch, s'est dit "satisfait" d'un jugement "précis et motivé en profondeur", dont la peine prononcée s'avère "très proche" de celle qui avait été requise (7 ans).
"Il y a peu de place pour la clémence à l'endroit de ceux qui abusent du système social financé par le contribuable", a continué Anton Rüsch, précisant que le Ministère public vaudois conduisait encore "de nombreuses autres instructions" en lien avec des fraudes aux crédits Covid.
Pyramide de Ponzi
L'entrepreneur a été condamné vendredi pour plusieurs autres délits. Et notamment pour avoir grugé des dizaines de personnes via une plateforme financière turque, avec laquelle il faisait miroiter des rendements mirobolants. Il utilisait en réalité leur argent pour financer ses entreprises et ses besoins personnels, ainsi que pour rembourser ses dettes.
Les victimes ont surtout été dupées en Turquie, mais aussi en Suisse, où une dizaine de personnes ont été lésées pour environ un million de francs.
Cette pyramide de Ponzi - où les nouveaux investisseurs permettent de rembourser les anciens - a également été appliquée pour un commerce de lingots d'or sur Internet.
Le quadragénaire a encore été reconnu coupable pour le détournement d'actifs lors d'une faillite, la production de documents falsifiés, une fraude aux assurances sociales ou la non-tenue d'une comptabilité.
"Folie des grandeurs"
Pour ces différents faits, il a été condamné, entre autres, pour escroquerie par métier, abus de confiance, faux dans les titres ou encore blanchiment d'argent. Le Tribunal a estimé que le prévenu avait agi "dans sa bulle", frappé d'une "folie des grandeurs".
Ancien patron d'une société de conseil en tous genres, d'entreprises de location de voitures et de carrosseries, mais aussi brièvement président d'un club sportif vaudois, l'homme d'affaires a déjà purgé environ 20 mois en prison. Outre sa peine ferme de six ans et demi, il a été condamné à 90 jours-amende à 30 francs.
Sévérité
Son avocate Patricia Spack Isenrich s'est dite "surprise de la sévérité du Tribunal" et des nombreux éléments retenus à sa charge. Elle doit encore s'entretenir avec son client sur l'éventualité d'un appel.
Pour la Cour, la culpabilité du prévenu est "écrasante", même si les juges lui ont reconnu une certaine collaboration et des regrets sincères. Il n'empêche, "vous avez encore un gros travail à faire sur vous-même, car nous avons des craintes que vous recommenciez", a déclaré le président Alexandre Feser au terme de sa lecture du jugement.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats