Le mois de décembre, c’est le dernier moment pour faire des prévisions de croissance économique sur l’année suivante. Et elles ont été de plus en plus négatives depuis l’été dernier.
Et il y avait de quoi s’étonner hier d’un communiqué de la Commission Conjoncture vaudoise assez optimiste au contraire. Les entreprises ne ressentent pas vraiment un ralentissement. Ni une dégradation du climat des affaires à trois semaines de la nouvelle année. Il y a trois jours, une recherche d’UBS était sensiblement moins positive sur l’ensemble du pays. Comme d’autres avant elle.
Alors comment interpréter ces différences ?
C’est difficile. La Commission Conjoncture vaudoise elle-même ne s’y risque pas. L’économie vaudoise est peut-être moins industrielle que la moyenne suisse. Plus tertiarisée. Or c’est surtout du côté de l’industrie d’exportation que l’on est sur la réserve. Les machines typiquement.
La guéguerre économique sino-américaine a déstabilisé la confiance. Et puis bien avant cela, on ne cessait parler de ralentissement de l’économie mondiale. Il peut aussi y avoir certains biais d’une enquête à l’autre auprès des entreprises.
Mais les prévisions de croissance pour 2019 en Suisse tournent autour de 1,5%. Ce n’est pas si mal, non ?
C’est assez respectable. Le problème, c’est que la croissance a été exceptionnelle cette année. Près de 3%. Alors 1,5%, c’est la moitié seulement.
Et quel genre de différence ça fait en chiffres absolus ?
Question très incongrue… Parce que la croissance du produit intérieur, du PIB, c’est un peu une usine à gaz méthodologique. Globalisée, académique au possible, technocratique surtout. Et controversée en plus. Et puis il y a la croissance nominale, la croissance réelle. Alors on vous dira qu’il est préférable de s’en tenir aux pourcentages standards à l’échelle du monde. Et de se contenter de les comparer, pour éviter les malentendus.
Mais à quoi ça sert si on ne peut pas se faire une idée de ce que ça représente en francs.
Vous avez raison. On peut quand même schématiser et donner des ordres de grandeur. Il s’agit en fait de croissance de la valeur ajoutée. Parce que le PIB, c’est en quelque sorte la valeur du travail. L’an dernier, elle était en gros de 670 milliards de francs (un peu plus du quart de celle de la France).
3% de croissance cette année, ça représente 20 milliards de francs en plus. Ils vont être réinvestis, consommés, épargnés, ponctionnés par l’Etat. 1,5% de croissance l’an prochain au lieu de 3% cette année, et bien ce sera 10 milliards de francs en moins. Ce sont des choses qui se sentent dans l’économie. Dans la confiance, dans la propension à prendre des risques.
Mais c’est mieux que rien comme information ! Et les prévisions de croissance sont fiables ?
Non. Elles donnent une orientation générale, qui en général se vérifie. L’ampleur, c’est autre chose. L’an dernier, les prévisions de croissance pour cette année tournaient déjà autour de 1,5%. Et c’était déjà Trump qui faisait peur. Eh bien c’est le double qui s’est réalisé. Alors attendons de voir ce cher 2019. Sans découragement ni euphorie.