Vous nous parlez aujourd’hui de deux entreprises industrielles familiales dans la région de Morges. Ce sont d’importantes références dans le monde en matière de connectique.
La connectique. On en parle peu également, parce qu’elle est en général discrète. Mais les connecteurs sont omniprésents autour de nous. Il doit y en avoir des centaines ici dans le studio. Des dizaines dans votre cuisine, dans votre voiture. Sans parler de l’informatique, du numérique en général. Des smartphones.
Ces prises, ou ces fiches comme on les appelle communément, relient et transmettent le courant électrique, les signaux optiques, les données, voire des fluides. Elles peuvent être minuscules. La connectique, c’est une industrie importante dans le monde. Ses ventes dépassent 55 milliards de dollars par an. Avec un taux de croissance annuel moyen de plus de 5%.
Ah. Et comment s’appellent ces deux entreprises de la région de Morges ?
LEMO à Ecublens et Fischer Connectors à Saint-Prex. Leurs enseignes sont bien visibles sur des immeubles de verre surplombant des laboratoires et ateliers automatisés. Leur nom est connu dans le monde entier. C’est même devenu des noms communs désignant certains modèles.
LEMO et Fischer ont bien sûr des filiales de production et de vente en Suisse, dans le Jura, en Europe, en Amérique, en Asie. Fischer a 500 collaborateurs. LEMO emploie 2000 personnes en tout. Dont 380 à Ecublens. L’entreprise vend 70 000 sortes de produits différents. Parfois une seule pièce à la fois, d’ailleurs.
Parce que je suppose qu’il s’agit de spécialités plutôt que de production de masse.
Absolument. Ce sont deux entreprises familiales de troisième génération. Elles ont développé des spécialités sophistiquées à certaines époques, pour différents marchés et différents systèmes normatifs. Elles fournissent et travaillent aussi avec des équipes de recherche et développement dans des domaines variés: le médical, l’aérospatial, l’industrie automobile, toute l’informatique, la robotique.
LEMO n’est pas peu fier de ses connecteurs embarqués dans les Formules 1 Mercedes ou McLaren. LEMO et Fischer sont évidemment concurrents. Y compris en matière de ressources humaines, bien entendu. Dans l’ingénierie en particulier.
Comment se fait-il qu’elles se soient développées ici ? Tout près l’une de l’autre en plus ?
Un concours de circonstances. Les entreprises sont souvent issues les unes des autres par leurs ressources humaines. Et puis il y a dans la région un autre secteur très actif dans la connectique. Dont la proximité peut être précieuse. C’est le décolletage. Des dizaines d’entreprises. Dans le Jura en particulier, et dans la vallée de l’Arve.
Le décolletage, c’est la segmentation des tiges métalliques. Un travail automatisé de haute précision. Pour les broches mâles et femelles des connecteurs en particulier. Parfois difficilement visibles à l’œil nu. Ca aussi c’est toute une industrie par ici. Alors avec LEMO et Fischer, on peut dire qu’il y a un véritable cluster de la connectique en Suisse occidentale. Un secteur technologique et industriel bien méconnu.