La Suisse veut que des "standards" pour protéger les données humanitaires soient décidés cette semaine à Genève. En ouvrant la Conférence de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Ignazio Cassis a appelé lundi à dialoguer et à innover pour faire avancer l'humanitaire.
Les nouvelles technologies permettent "de faire plus et mieux en soutien aux personnes victimes de conflits et de catastrophes", a dit le conseiller fédéral au début de la 33e édition de cette rencontre organisée tous les quatre ans. Mais il admet aussi que les données confiées par les bénéficiaires de l'assistance humanitaire pourraient être utilisées négativement par des acteurs malveillants.
La conférence rassemble le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), la Fédération internationale des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) et ses 192 membres et encore les Etats partie aux Conventions de Genève. Elle offre la possibilité d'"établir les standards" indispensables pour la confiance dans les organisations humanitaires, estime M. Cassis.
Parmi les six projets de résolution discutés jusqu'à jeudi, l'un veut précisément garantir une protection dans le cadre de la restauration des liens familiaux. Il demande aux pays de reconnaître que ces données personnelles ne peuvent être utilisées que pour des objectifs humanitaires et non pour des contrôles aux frontières ou d'autres actes.
Les Etats partie aux Conventions de Genève devraient aussi s'engager à ne pas exiger d'avoir accès à ce contenu. La discussion s'annonce agitée tant elle est controversée pour certains pays comme les Etats-Unis, la Russie, la Chine.
Rapport national prévu par Berne
Après l'échec politique il y a quatre ans de son projet, avec le CICR, de mécanisme formel de surveillance de l'attitude des Etats par rapport au droit international humanitaire (DIH), la Suisse a décidé d'une action plus pragmatique. Le conseiller fédéral a appelé face aux milliers de participants "à chercher le dialogue".
Il s'est félicité du projet de résolution pour une meilleure application nationale des Conventions de Genève, sans format international. La Suisse veut aussi réunir experts et praticiens. Dès 2020 "dans un environnement un peu protégé", a récemment expliqué à Keystone-ATS le chef de la division multilatérale à la Direction du développement et de la coopération (DDC), Philippe Besson.
Elle va aussi rendre, comme la Grande-Bretagne le fait déjà, un rapport annuel volontaire sur son respect des Conventions de Genève. M. Cassis a souhaité que d'autres pays s'inspirent de ce dispositif et soient, plus largement, innovants. Il les appelle à établir des commissions nationales de droit humanitaire.